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L'école Tiama'o va devoir fermer ses portes


L'école de Tiama'o est un site magnifique, un écrin de verdure sur près de deux hectares, mais elle est construite sur un  terrain privé, loué depuis 37 ans par la mairie.
L'école de Tiama'o est un site magnifique, un écrin de verdure sur près de deux hectares, mais elle est construite sur un terrain privé, loué depuis 37 ans par la mairie.
PAPARA, le 17 juin 2015. La semaine dernière, une visite de la commission de sécurité a émis un avis défavorable pour cause de normes électriques non respectées concernant l'école Tiama'o de Papara, par ailleurs édifiée sur un terrain privé. Les 236 enfants devront être scolarisés ailleurs dès la rentrée prochaine, mais les solutions de repli ne sont pas encore trouvées.

C'est une décision difficile que va devoir annoncer dès ce jeudi après-midi la tavana de Papara, Christelle Lehartel : d'abord aux enseignants vers 15 heures puis aux parents à 16 heures. Mais, c'est une décision qu'elle ne peut pas reporter. Jeudi dernier, la commission de sécurité venue dans les locaux de cette école a émis un avis défavorable. En cause, les normes électriques qui ne sont pas respectées, mais aussi la toiture qui serait à refaire et même le positionnement de l'école maternelle, placée trop directement sous la menace de la montagne. Dans un courrier adressé à la fois par l'Education nationale et par l'administrateur des îles du Vent, il est rappelé qu'il convient de "mettre les élèves en sécurité". Or, ce n'est pas la première fois que cette école Tiama'o reçoit un avis défavorable de la commission de sécurité : c'était le cas déjà en 2010 pour les mêmes raisons, mais le maire de l'époque avait passé outre.

Au cours des six années écoulées, les travaux effectués dans ces locaux scolaires n'ont pas permis de régler les problèmes de sécurité. Et pour cause : si les bâtiments ont été construits avec des fonds publics, le terrain sur lequel l'école est édifiée depuis 37 ans, est privé. A l'époque la commune de Papara avait signé un bail avec le propriétaire moyennant le paiement d'un loyer (dérisoire au regard de la superficie, près de deux hectares côté montagne).

En 2008, ce bail est renégocié, le loyer est augmenté, mais depuis lors la commune a continué de payer le montant du loyer initial ! D'où une action en justice toujours pendante. "La situation est effectivement bizarre. La municipalité n'a jamais engagé de gros travaux pour l'école dont elle n'est pas vraiment propriétaire. D'autant que je dois jongler avec les finances délicates de Papara. Je ne peux pas injecter des millions sans savoir où l'on va" précise la tavana Christelle Lehartel. Celle-ci reconnaît un défaut d'entretien de l'école, ce qui n'est pas un cas isolé à Papara en raison des difficultés financières de la commune (un déficit estimé à 228 millions de Fcfp).


La fermeture : l'unique solution… dans l'immédiat


En ce mois de juin, à quelques jours des grandes vacances, la probabilité d'une fermeture de l'école Tiama'o s'est propagée avec la rapidité de la rumeur. Les parents, forcément s'en inquiètent. Certains pourraient rapidement manifester leur mécontentement. Même si l'annonce n'est pas encore officielle, même si les solutions pour la rentrée 2015 ne sont pas encore trouvées. "Mon souhait avant tout, c'est qu'en août prochain les enfants soient placés en sécurité, on verra après pour les solutions plus durables. A Papara, tous les travaux d'entretien ont été retardés au cours des années en raison des soucis financiers, du coup tout est prioritaire " poursuit Christelle Lehartel. Aussi, cette école de quartier, située dans un magnifique écrin de verdure, est nécessairement vouée à la fermeture, au moins provisoirement, le temps de trouver une solution durable.

En décembre 2014, lors d'une visite gouvernementale, le président Edouard Fritch alerté sur la situation de l'école avait émis la possibilité que le Pays fasse l'acquisition de la parcelle pour la mettre, ensuite, à la disposition de la commune. Mais la procédure de déclaration d'utilité publique (DUP), pour que le Pays devienne le propriétaire de ces deux hectares (évalués à près de 300 millions de Fcfp) n'en serait actuellement qu'aux balbutiements. "Une DUP est une procédure très longue. Quelle que soit la solution envisagée et quand bien même le terrain serait acheté, cela ne règle pas le problème de sécurité de l'école. Il faudrait la reconstruire et accueillir ailleurs les enfants le temps des travaux" argumente encore le maire de Papara. Ce qui fait grimper la note à plus de 500 millions de Fcfp sans régler dans l'immédiat les soucis de sécurité. Les ayants-droits de la propriété ne semblent pas opposés à la vente de la parcelle, il faut néanmoins s'accorder sur la valeur du bien. "Moi, le maire je veux fermer l'école car c'est de ma responsabilité" répète encore Christelle Lehartel. Au pénal, en cas d'accident impliquant un enfant ou un enseignant, ce serait effectivement au maire d'en assumer les conséquences.

Où reloger les 236 élèves ?

Avant de fermer l'école, ce sont les solutions de repli, pour accueillir les élèves, que la municipalité de Papara doit chercher pour la prochaine rentrée scolaire. Or, pour l'instant, elles ne sont pas trouvées. Une ventilation des élèves vers les autres écoles de la commune est envisagée, d'autant que certaines écoles ne sont pas au maximum de leurs capacités. Par exemple, les dix classes de l'école Apatea ne compte chacune qu'une vingtaine d'élèves. Le problème, c'est que cette école Apatea est elle-même fermée depuis août 2013, pour là aussi des raisons de normes de sécurité non respectées. Depuis cette date, les 220 écoliers d'Apatea sont scolarisés dans des salles de la paroisse Saint-Michel. Or, les travaux pour la nouvelle école n'ont même pas encore démarré ! Au mieux les premiers coups de pioche seront effectués dans les prochains mois et le groupe scolaire de 14 classes serait prêt pour 2017-2018.


Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 17 Juin 2015 à 15:44 | Lu 1547 fois