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L'amiante au cœur des débats au CGF


L'amiante est, au départ, une roche qu'on va extraire et qu'on va travailler pour récupérer les fibres. "Comme ces fibres sont élastiques, elles sont utilisées dans n'importe quels types de matériaux et ça assure une souplesse, un isolant etc.", assure Joseph Maillot
L'amiante est, au départ, une roche qu'on va extraire et qu'on va travailler pour récupérer les fibres. "Comme ces fibres sont élastiques, elles sont utilisées dans n'importe quels types de matériaux et ça assure une souplesse, un isolant etc.", assure Joseph Maillot
PAPEETE, le 08/09/2015 - Le Centre de Gestion et de Formation organise tous les mois, diverses formations à destination des employés communaux. Cette semaine, l'amiante et ses risques est au centre du débat. Un formateur spécialisé dans la sécurité des conditions de travail au Centre National de la Fonction Publique Territoriale a fait le déplacement, depuis Paris. Son objectif est de sensibiliser les collectivités face à ce fléau.

Qu'est-ce que l'amiante ? Quels sont ses risques ? Depuis vendredi dernier, Joseph Maillot, un spécialiste dans la sécurité des conditions de travail, au Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) forme des cadres communaux sur cette matière qui fait tant de dégâts sur le plan sanitaire. Cette formation est gérée par le Centre de Gestion et de Formation (CGF) et le but est d'assurer la sécurité des agents qui travaillent dans les locaux infectés.

Selon Joseph Maillot, avant 1997, il y avait beaucoup de matériaux utilisés dans le bâtiment qui étaient à base d'amiante. "C'est un minéral que l'on insère dans différents types de matériaux, ça peut être des cloisons, des tuyaux, etc."

En Polynésie, plusieurs bâtiments sont concernés. Dernièrement, l'ancien hôpital de Mamao faisait la Une des journaux à ce sujet. D'autres bâtiments ont également été cités.

Dernièrement, à Faaa, des diagnostics d'amiante ont été réalisés dans les onze écoles de la commune, mais aussi à la mairie de Faaa et la brigade des pompiers. "Ce sont des entreprises spécialisées qui viennent prélever des échantillons au niveau des sols, des murs, des plafonds, des tuyauteries, etc. On attend toujours les résultats. Mais déjà sur certaines écoles, on a recensé de l'amiante, souvent dans les sols. Elle se situe dans la colle du carrelage et sur une autre école, il y en a dans la céramique, dans le carrelage mural. Tant qu'on n'y touche pas, il n'y a pas de danger mais comme c'est du revêtement de sol, on va devoir le changer. Donc quand on décidera de le faire et qu'on aura le budget, il faudra prendre toutes les précautions de sécurité nécessaires pour pouvoir sortir ces matériaux qui sont contaminés par l'amiante", explique Mareva, chargée d'études à la mairie de Faaa.

Mareva et sa collègue de travail, Herenui, suivent de près cette formation. "On apprend également les obligations de l'employeur, c'est un point qu'on ne connaissait pas trop et aujourd'hui, ça met un peu l'accent sur nos obligations", souligne Herenui.

Auguste, lui, travaille pour la mairie de Pirae. Sa mission principale consiste à la rénovation des écoles et être présent à cette formation est bénéfique pour sa carrière. "Cette formation nous prévient des risques de l'amiante et des gestes à avoir pour éviter l'intoxication".

Aujourd'hui, en métropole, on compte 2 000 à 3 000 morts par an. "D'ici 2025, on prévoit à peu près 100 000 morts, ce qui est énorme", prévient Joseph Maillot.

QU'EST-CE QUE L'AMIANTE ?

L'amiante est une roche que l'on extrait et que l'on va travailler pour récupérer les fibres. "Comme ces fibres sont élastiques donc on va pouvoir l'insérer dans n'importe quel type de matériel et ça assure une souplesse, un isolant etc. Si on prend un exemple, le bitume était composé avant 1977, d'amiante parce que c'est souple, ça résiste à la chaleur. Des fois dans des cuisines, auparavant, il y avait des couvertures anti-feu qui étaient faites à base d'amiante parce que ça résistaient à la chaleur", détaille Joseph Maillot.

Les personnes infectées peuvent contracter des maladies graves, "on se retrouve avec des problèmes au niveau des poumons, de respiration, les alvéoles qui peuvent être touchées et ça peut aboutir sur des cancers".

D'où l'utilité, pour le CGF de mettre en place cette formation et de prévenir les communes face à ce fléau. "Il faut déjà qu'au niveau de la collectivité, qu'on mette en place les modes opératoires, qu'on prévoit du matériel pour protéger les employés, lors des travaux. À partir de ce moment-là, on fait respecter toute la procédure", rappelle Joseph Maillot. "Depuis 1997, on trouve des produits de substitution, mais les bâtiments existants sont toujours là et par contre, on les modifie, on travaille dessus, on les perce, on refait les peintures, on gratte, on refait les sols et donc les agents qui sont exposés à cela ont de fortes chances d'être contaminés. Donc, il faut prendre des précautions pour eux".

L'amiante peut être présente dans d'autres produits comme les plaquettes de frein. D'ailleurs, en Polynésie, le premier malade était un mécanicien. Pour l'heure, aucune autre précision sur le chiffre des malades contaminés par l'amiante, sur le fenua.

Mais en septembre 2011, un arrêté a été pris par le conseil des ministres de l'époque, pour la protection des travailleurs contre les risques liés à l'inhalation des poussières d'amiante.

Joseph Maillot formait trois employés communaux au CGF, ce mardi matin. La formation liée à l'amiante se terminera ce vendredi.
Joseph Maillot formait trois employés communaux au CGF, ce mardi matin. La formation liée à l'amiante se terminera ce vendredi.

le Mardi 8 Septembre 2015 à 15:10 | Lu 1397 fois