Tahiti Infos

L'agriculture biologique, une préoccupation communale


Gilles Tehau Parzy
Gilles Tehau Parzy
ARUE et FAA'A, le 8/09/2015- Que ça soit les jardins partagés d'Arue ou les formations dispensées à Faa'a, les initiatives autour de l'agriculture biologique sont de plus en plus nombreuses. Une façon de cultiver autrement qui intéressent une bonne partie de la population.

Au départ, c'est la volonté d'aider les familles sans ressources qui motivent les communes à mettre en place des formations autour de l'agriculture. Alors que beaucoup de questions se posent sur l'usage des pesticides à Tahiti, les communes d'Arue et de Faa'a ont décidé de former leur habitants à l'agriculture biologique.

Dans les hauteurs des jardins partagés d'Arue, Gilles Tehau Parzy de l'Entreprise bio stratégies et certificateur bio (sous l'enseigne bioagricert pacific ) distille ses conseils depuis le mois de mars aux 8 familles qui cultivent leurs lopins de terre. "Le principe essentiel, c'est le paillage", explique-t-il. En effet, celui-ci permet de maintenir une humidité, d'apporter une part de fertilisation, d'éviter l'échauffement des sols et l'érosion. Les jardins partagés d'Erima à Arue ont été créés en 2012. Ils sont destinés en priorité aux familles sans revenus ou aux revenus modestes. En cultivant des fruits et légumes, la mairie d'Arue espèrent que ces familles s'autoalimenteront et vendront leur surplus.
Mamie Linda est fière de montrer son Fa'apu. Elle est une des plus anciennes des jardins partagés. Depuis qu'elle suit les méthodes de Gilles Tehau Parzy, ses choux et ses salades, par exemple, ne sont plus ravagés par les limaces grâce à des planches de bois. En effet, les planchettes au sol installées dans les allées ou dans les lignes de légumes, servent à piéger les limaces car elles se réfugient systématiquement dessous et sont récoltées le matin, tuées et mises au compost.
Pourpier, fafa, gynura, katuk, concombre machich ... Les espèces cultivées dans les jardins partagés sont variées. "Nous cultivons des plantes réellement adaptées aux conditions climatiques et nous voulons également apporter plus de goût et de richesse nutritionnelle dans l'assiette", continue Gilles Tehau Parzy.

Mamie Linda dans son fa'apu
Mamie Linda dans son fa'apu

Emile Buillard dispense des formations sur l'agriculture biologique à Faa'a
Emile Buillard dispense des formations sur l'agriculture biologique à Faa'a
Du côté de Fa'a, c'est Emile Buillard, ingénieur agronome à la retraite ayant vécu dans plusieurs pays, qui démarre une formation de six mois pour apprendre les techniques de l'agriculture biologique. Deux groupes de 15 personnes sont constitués pour suivre ses enseignements théoriques et pratiques. " Nous allons apprendre toutes les techniques du bio qui correspondent au climat tropical, nous allons aussi discuter d'alimentation et cultiver des plantes médicinales", explique Emile Buillard aux personnes présentes à la réunion de présentation, le 3 septembre. " C'est une formation pour les personnes sans ressources, le surplus de légumes permet de vendre aux proches", commente la responsable de l'emploi à la mairie de Faa'a, Ella Tokoragi.
Une formation sur l'apiculture, dispensée par l'apiculteur Stéphane Brouttier, est également mise en place par la commune. "Demain vous aurez votre fa'apu et vos ruches à la maison", lance enthousiaste Ella Tokoragi. Tout est gratuit, il suffit de s'inscrire. Mais attention " l'agriculture c'est quelque chose de très difficile, on lutte contre les éléments, soyez patients", met en garde Emile Buillard.

Du côté du ministère de l'Agriculture, " le bio est en train de se faire, s'il y a autant de gens qui font du bio, tant mieux", avait indiqué le ministre Frederic Riveta lors d'une interview à Tahiti Infos en juillet dernier. " Nous préférons le terme d'agriculture raisonnée. Nous allons former les agriculteurs à quels stades de la plantation il faut traiter, à quel stade de la contamination, il faut traiter, etc. C'est vraiment raisonné", avait-il ajouté.

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Mercredi 9 Septembre 2015 à 15:36 | Lu 1984 fois