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L'adjudant-chef du RIMaP-P menace de mort et scalpe le petit copain de sa fille


Les états de service "exemplaires " du prévenu, qui n'avait jamais eu maille à partir avec la justice, lui ont valu la clémence du tribunal. Le coup de folie du militaire semble digéré et la situation familiale s'est apaisée.
Les états de service "exemplaires " du prévenu, qui n'avait jamais eu maille à partir avec la justice, lui ont valu la clémence du tribunal. Le coup de folie du militaire semble digéré et la situation familiale s'est apaisée.
PAPEETE, le 22 octobre 2015 - Un père de famille, militaire au régiment d'infanterie de marine du Pacifique-Polynésie, a écopé de 4 mois de prison avec sursis, hier en comparution immédiate, pour avoir menacé de mort et humilié le petit ami de sa fille, le 17 septembre dernier à Hitia'a o Te Ra. La victime était un lointain cousin. A cheval sur les principes, le militaire jugeait la relation incestueuse.


"Fais ta prière, je vais te découper, tu es mort". La menace a de quoi impressionner. Surtout quand elle émane de la bouche du père de sa petite amie, un homme de 42 ans taillé comme un rameur, adjudant-chef au RIMaP-P, et passablement énervé un sabre d'abattis à la main.
La mésaventure vécue le 17 septembre dernier à Hitia'a O Te Ra par ce jeune homme d'une vingtaine d'années, à qui le militaire, aveuglé par sa colère, n'avait pas hésité à couper les cheveux avec son coupe-coupe en guise de représailles, a trouvé son épilogue hier après-midi au palais de justice de Papeete.

Jugé en comparution immédiate pour violences et menaces de mort avec arme, le père très en colère a finalement écopé de 4 mois de prison sursis pour son "pétage de plomb". Il devra aussi débourser 150 000 francs de dommages et intérêts à verser au petit copain de sa fille, en réparation de son préjudice.

Les cheveux coupés accrochés au rétroviseur de sa voiture

Jamais condamné, le militaire de 42 ans, aux états de service irréprochables, n'avait pas supporté que sa fille, pourtant majeure, lui révèle son idylle naissante avec la victime, un gamin proche de la famille que l'adjudant considérait comme un cousin : "J'ai grandi avec son père, c'est comme si mon cousin sortait avec ma fille, j'ai considéré cela comme de l'inceste" reconnaît le papa à la barre qui, s'il ne s'excuse pas directement, admet qu'il est allé trop loin : "On en a discuté depuis avec des amis, l'entourage, j'ai eu une réaction excessive". Le papa avait été laissé libre sous contrôle judiciaire après son interpellation en attendant le procès.

Excessive, "paroxysmique" même, pour reprendre l'expression du président du tribunal, "halluciné" à la lecture des faits : "Il est entré dans un état de fureur dès que sa fille lui a annoncé la nouvelle. Il s'est emparé d'un coupe-coupe, a rattrapé son petit copain sur le chemin de l'église, l'a mis à terre, lui a placé le sabre derrière l'oreille et lui a coupé les cheveux qu'il avait longs". Cheveux qu'il a accrochera ensuite… au rétroviseur de sa voiture. "C'est le scalpe ? Un trophée ? Comme les indiens ?" s'interroge le président, stupéfait.

Loin de se calmer, le prévenu reviendra à la charge un peu plus tard dans la journée, menaçant cette fois sa propre fille et le frère aîné de son petit ami. Heureusement sans leur faire de mal.
Décrit comme psychorigide par son entourage et intransigeant sur les questions d'éducation par sa fille, cette dernière a néanmoins préféré calmer le jeu à l'audience : "Au-delà de ça, c'est un bon papa, sévère, mais pas méchant".

Le parquet avait requis 6 mois de prison avec sursis contre la sortie de route du père de famille, son avocat avait prié le tribunal de ne pas laisser ce coup de sang sans précédent "obérer la carrière militaire par ailleurs exemplaire" d'un homme aux qualités certaines.

Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 22 Octobre 2015 à 16:51 | Lu 8837 fois