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L'État prélève 300 millions Fcfp dans la caisse de l'UPF


PAPEETE, le 26 avril 2015. Le ministère de l'Éducation métropolitain a décidé de récupérer 12 milliards Fcfp dans les fonds de roulement des universités qui en ont trop accumulé. Celle de la Polynésie française devra rendre 280 millions Fcfp à son ministère de tutelle… Mais la décision ne devrait pas impacter les futurs investissements de l'établissement assure le président de l'université.


L'Université de la Polynésie française avait un fonds de roulement équivalent à plus de 130 jours d'activité, soit tout de même 1,3 milliard Fcfp, pour un budget qui dépasse les 3,3 milliards Fcfp annuels.

Mais ce trésor de guerre va être amputé de 284 millions de francs. Le ministère de l'Éducation en métropole a en effet trouvé une solution originale pour économiser quelque 12 milliards Fcfp sur son budget 2015 : obliger les universités et grandes écoles qui ont de trop grosses réserves (plus de 30 jours d'activité), à les utiliser en diminuant d'autant leurs dotations pour cette année. 47 établissements sont concernés dans toute la France, et l'UPF, qui est pourtant une des plus petites, est en huitième place de celles qui devront mettre le plus la main à la poche.

Mauvaises notes pour bons élèves

En métropole, les chefs de plusieurs écoles d'ingénieur critiquent la mesure dans une lettre ouverte publiée sur le site d'Arts et Métiers ParisTech, considérant que c'est une prime à la mauvaise gestion. Le ministère assure de son côté qu'il s'agit d'une mesure de solidarité.

En Polynésie, le professeur Eric Conte, président de l'UPF, est plus modéré : "on pénalise un peu ceux qui sont les bons élèves… Mais bon, de manière plus objective, c'est de l'argent public, et il est évident que le ministère a des besoins…"

Selon lui, le fonds de réserve de l'UPF est important car l'université est encore jeune, et le temps d'arriver à pleine puissance les enveloppes ont été plus élevées que les dépenses pendant plusieurs années. Le nombre d'étudiants a ainsi doublé en 10 ans, et atteint aujourd'hui 3500 jeunes ou professionnels en formation continue.

L'établissement a ainsi économisé "jusqu'à 400 millions Fcfp l'année du passage aux compétences élargies, et depuis, au fil du temps, nous avons géré correctement la maison". Aujourd'hui, l'Université ne dégage plus que 100 millions Fcfp par an pour ses réserves, en préparation de ses gros investissements. "Mais ces excédents pourraient être utilisés assez vite. Quelques opérations, et c'est passé. Nous avons des masses salariales très importantes, et on fait des contrats sur nos fonds propres à certaines personnes, pour monter des choses, et ça ponctionne beaucoup d'argent". D'autant que l'UPF a beaucoup de projets en cours, entre l' École supérieure du professorat et de l'éducation, les cours par Internet…

"On n'a pas saigné l'université"

Malgré tout, l'universitaire reconnaît que "l'on n'a pas complètement saigné l'université, puisqu'il nous reste environ un milliard Fcfp de réserves". Mais "après avoir été ponctionné cette année, j'espère que ça n'arrivera pas tous les ans. Là, on sécurise notre fonds de réserve en indiquant ce qu'on va en faire."

En particulier, le conseil d'administration attendait la finalisation du nouveau contrat de projets pour arrêter ses projets d'investissement jusqu'à 2019. Ils ont été votés cette semaine et ils sont conséquents : 870 millions Fcfp d'investissements d'ici 2019 sur les fonds propres, et 743 supplémentaires apportés par l'État et le Pays.

Ils incluent la construction de deux nouveaux bâtiments pour la recherche (670 millions Fcfp, financés avec le contrat de projets, plus 100 millions d'équipement sur le budget de l'UPF), la restauration du bâtiment D (100 millions Fcfp en ressources propres), presque 300 millions Fcfp pour l'extension de la bibliothèque universitaire et la création du Centre de culture scientifique, technique et industrielle, des travaux pour réduire les émissions de CO2 (220 millions Fcfp)… En plus des éventuels imprévus.




743 millions Fcfp pour les investissements viendront du contrat de projets

Alors que d'une main le ministère de l'Education enlève près de 300 millions Fcfp aux réserves de l'Université, c'est la même administration qui va apporter une partie des 743 millions Fcfp prévus pour les investissements de l'Université via le contrat de projets. Cet argent va en particulier financer la construction des deux nouveaux bâtiments de recherche, qui regrouperont toutes les équipes de recherche, les laboratoires et une partie pour les sciences humaines. Cette migration permettra de libérer le bâtiment D, qui sera rénové et transformé en salles de cours. Ces travaux vont commencer en 2015.

Un peu plus tard, et toujours dans le cadre du contrat de projets, une nouvelle résidence étudiante ayant 160 places va être construite. Pour ses étudiants, l'Université va aussi rénover 72 chambres sur fonds propres.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Dimanche 26 Avril 2015 à 16:40 | Lu 1316 fois