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Judo – Championnats d’Océanie : Gaston Lafon, isolé et blessé, remporte l’or

Gaston Lafon, ceinture noire de judo de 26 ans, a participé aux championnats d’Océanie qui se sont déroulés du 11 au 12 novembre 2017 au Vanuatu. Seul participant polynésien, en sortie de blessure à la clavicule de surcroit, il obtient une belle troisième place dans sa catégorie des – de 73 kg et arrache la médaille d’or en open. Interview exclusive.


Gaston Lafon était le seul représentant polynésien présent aux championnats d'Océanie
Gaston Lafon était le seul représentant polynésien présent aux championnats d'Océanie
Ces championnats d’Océanie devaient se dérouler à Auckland avant d’être délocalisés au Vanuatu. Par faute de moyens, la fédération polynésienne de judo - présidée par Bernard Di Rollo - n’avait donc pas prévu d’y amener de délégation. Gaston Lafon a tout de même décidé d’y participer seul en bénéficiant du soutien de la fédération et de son club Tefana Judo.
 
Alors que le judo polynésien est quelque peu en manque de candidats sénior, comparativement au jiu jitsu brésilien en plein essor, Gaston Lafon vit sa passion pour le judo à 200%. Malgré le peu de concurrence locale, il a réussi à se hisser au plus haut niveau océanien lors de ces championnats. Multiple champion de Polynésie, Gaston Lafon s’est également imposé lors de l’open international d’Auckland ainsi que lors du USJA/USJF Summer Nationals en Floride aux USA en juillet dernier.
 
Gaston Lafon est originaire des Tuamotu par sa mère et de métropole par son père, il est commercial à Tahiti dans une entreprise spécialisée en électroménager. Interview exclusive avec le champion. SB

3e dans sa catégorie, 1er en open, beau parcours pour Gaston Lafon
3e dans sa catégorie, 1er en open, beau parcours pour Gaston Lafon
Parole à Gaston Lafon :
 
Tes débuts dans ce sport ?
 
« Je pratique le judo depuis que j'ai 6 ans, c'est mon père qui m'y a inscrit et j'ai bien accroché. J'apprécie également les valeurs de respect, de contrôle de soi…J’ai obtenu ma ceinture noire en faisant des compétitions, pour avoir les points nécessaires, et aussi en passant l’évaluation des katas lors de l’examen de passage obligatoire. »
 
Ton état d’esprit avant la compétition ?
 
« Je me suis blessé à la clavicule il y a deux mois pendant un entraînement. J’ai fait un mois de kiné et de renforcement, j’ai remis le kimono seulement deux fois la semaine avant le départ. Je me suis entraîné chez moi, avec beaucoup de préparation physique cardio. J'avoue que je n'étais pas au top de ma forme, avec la crainte de me blesser davantage à la clavicule, mais j'avais hâte de combattre car pour moi cette compétition est la plus importante cette année, il s'agissait là de marquer des points pour monter dans le classement mondial. »
 
Ton parcours en compétition ?
 
« Le premier jour de la compétition, j’ai perdu en quart de finale suite à une erreur au sol contre le n° 1, l’Australien, ça m’a cassé le moral et beaucoup joué dans la tête. La suite par les repêchages a été dure psychologiquement car bien sûr je voulais finir sur la plus haute marche du podium ! J’ai pu gagner en repêchages et jouer la place de troisième contre un Chinois de Hong Kong à qui je mets un ippon. Je finis donc troisième dans ma catégorie avec quelques blessures. J’ai enchainé avec l’open, où j’ai pu faire premier, un beau lot de consolation. »
 
Au niveau de l’organisation ?
 
« Au niveau organisation, mon mental a été mis à rude épreuve. Je me suis retrouvé seul là bas. Je n'avais pas de repères, pas mon coach Nicolas Tivant à mes côtés pour me conseiller.
Notre fédération de judo a décidé de ne plus y aller car les frais de transport étaient beaucoup plus chers qu’en Nouvelle Zélande la destination prévue initialement. Je me suis proposé d'y aller tout seul, une décision personnelle et réfléchie. La fédération a participé aux frais de billet d'avion et d’inscription, mon club Tefana a cotisé pour une partie de l'hébergement, le reste étant à ma charge. »

Beaucoup de judokas passent au jiu jitsu brésilien ?
 
« Je m’entraîne en complément avec la Team Millenium avec senseï Hutia Barff en jiu jitsu brésilien, ça m’apporte beaucoup au sol pour le judo, c’est toujours bon de connaître quelques techniques, c’est que du positif. Mais j’ai toujours fait du judo et ça restera mon sport, c'est ce que je sais faire de mieux. Je l'ai même tatoué sur ma peau. »
 
Tes objectifs ?
 
« J'ai l'ambition de continuer à améliorer mes performances sportives et d'inscrire ma carrière dans la durée. Je suis en attente d'un retour d'Air Tahiti Nui pour ma demande de sponsoring. Mon objectif est de participer à plusieurs tournois internationaux comme les Pan American, l’Asian open ou l’Us open, afin d'obtenir un maximum de points pour monter dans le classement mondial et faire partie des 100 voire 50 premiers. Cela me permettrait de participer aux grands évènements comme les Grands Prix et Grands Slams de Paris, Tokyo, Abu Dhabi...»
 
Dernier mot, remerciement ?
 
« Je remercie mon père de m'avoir toujours accompagné dans ma passion, ma copine pour son soutien. Mon club Tefana et mon senseï Nicolas Tivant qui me pousse à me surpasser. Merci à la fédération polynésienne de judo qui me permet de représenter ma belle île à l’extérieur. Merci à mes sponsors Scitec, Nutrisens et Starbalm pour les compléments alimentaires. »

Avec Camelita Moktari sa compagne en Nouvelle Zélande
Avec Camelita Moktari sa compagne en Nouvelle Zélande

Gaston Lafon s'est tatoué l'emblème du kodokan, la mecque du judo au Japon
Gaston Lafon s'est tatoué l'emblème du kodokan, la mecque du judo au Japon

Judo – Championnats d’Océanie : Gaston Lafon, isolé et blessé, remporte l’or

Rédigé par SB le Mardi 14 Novembre 2017 à 10:54 | Lu 5195 fois