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Jalouse, elle menace son tāne avec un cutter


Les crises de jalousie au sein du couple sont fréquentes. (Photo d'archives)
Les crises de jalousie au sein du couple sont fréquentes. (Photo d'archives)
PAPEETE, le 19 janvier 2017 - Jeudi matin, en correctionnel, une femme de 32 ans comparaissait pour des violences avec usage ou menace d'une arme envers son mari.

14 ans de vie commune et 10 ans de mariage plus tard, le couple se retrouve à la barre du tribunal de Papeete. En ce jeudi matin, J., une femme de 34 ans, doit répondre de ses actes de violences avec usage ou menace d'une arme. Son mari a porté plainte pour des faits qui remontent au mois de juin 2016.

Un matin, une dispute éclate au sein du couple. Le mari refuse de donner de l'argent à sa femme qui lui en réclame. Celle-ci s'énerve. "Nous nous sommes chamaillés dans la voiture," explique-t-elle au juge. Au bout d'un moment, le mari quitte son domicile pour se rendre à son travail. Mais ces "chamailleries" ne s'arrêtent pas là.

Dans un excès de rage, l'épouse éconduite fait irruption sur le lieu de travail de son tāne. "Là, je l'ai vu qui disait bonjour à toutes les femmes de son entreprise. A moi, il ne me fait même pas de bisou quand il rentre le soir", continue la prévenue. Il n'en faut pas plus pour la plonger dans une colère noire. Une altercation éclate. Elle frappe son mari et le menace avec un objet tranchant, un cutter trouvé sur le lieu de travail de ce dernier.

A la barre J. semble ne plus vraiment se souvenir du déroulement des faits. Son mari, près d'elle, raconte sa version et explique au juge que cette crise de jalousie reste loin d'être isolée. "Avez-vous déjà songé au divorce?", interroge le magistrat. Le couple, qui a eu deux enfants, hoche la tête en signe d'affirmation. "Je pense que c'est la meilleure solution, en effet", concède timidement la prévenue, tête baissée.

ATTEINTE DE TROUBLES PSYCHIQUES

Depuis le début de leur relation, les crises de jalousie ont été nombreuses. Avec le temps, elles n'ont fait qu'empirer. En outre, J. a déjà deux mentions à son casier judiciaire pour des faits similaires commis en janvier et juin 2016. "Vous savez, le meilleur moyen de pousser un homme à aller voir ailleurs, c'est de le harceler comme vous le faîtes, préviens le juge. Il faut vous calmer!"

Suivie par un médecin de longue date, J. a été placée sous le régime longue maladie et bénéficie d'une allocation Cotorep. Lors de l'instruction, un expert psychiatre a noté dans son rapport que la prévenue a eu certaines "carences affectives" pendant son enfance et adolescence. Elle aurait aussi été agressée sexuellement. En outre, l'expert explique qu'au moment des faits son discernement a été altéré par un trouble psychique.

L'avocat de la prévenue met en exergue le "contexte particulier dans lequel se sont passées ces violences" compte tenu que sa cliente soit atteinte de trouble de l'humeur, de bipolarité et de trouble psychotique. "Je ne nie pas les faits, mais ils sont à relativiser, insiste l'avocat de J. Il n'y a pas eu de sang et les deux parties ont pu discuter après coup."

Le couple vit encore aujourd'hui sous le même toit. "La dangerosité de ma cliente est nulle, le risque de récidive est presque néant. Le dosage du traitement a entraîné ce trouble. Il faut trouver le bon dosage. La prochaine consultation avec le médecin aura lieu en février. Ma cliente n'a pas le profil du délinquant", insiste l'avocat.

Sous traitement et sur le point d'ouvrir une patente, J. souhaite se lancer dans le commerce. La jeune femme a expliqué au juge vouloir trouver du travail. "Il y a de fortes chances pour que son activité marche très fort. Je vous demanderai de faire preuve de clémence", ajoute son avocat.

J. est condamnée à quatre mois de prison avec sursis assortie d'une mise à l'épreuve pendant deux ans. Elle a l'interdiction de se rendre sur le lieu de travail de son époux.

Très bientôt, le couple devrait engager une procédure de divorce.

Rédigé par Amelie David le Jeudi 19 Janvier 2017 à 16:29 | Lu 17365 fois