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"Il faut penser l’alimentation autrement, de façon plus transversale"


PAPEETE, le 27 octobre 2016 - Manihi Becquet Lefoc, fondatrice de la société de conseil ASAE, va créer l’événement en montant un village de l’alimentation et de l’innovation. Il se tiendra en avril 2017 à la Maison de la culture et réunira les consommateurs, les experts, les producteurs, transformateurs et traiteurs sur le thème : l’alimentation et la culture. L’organisatrice, qui pense l’alimentation de façon globale et transversale, travaille sur son projet loin de toute influence. Elle a refusé un prix de la fondation Nestlé.

Le village de l’alimentation et de l’innovation s’ouvrira à la Maison de la culture en avril 2017. "Il se découpera en plusieurs espaces", annonce Manihi Becquet Lefoc, l’organisatrice. "En amont, on proposera des formations aux professionnels. Pendant l’évènement il y aura un cycle de conférences, un espace d’exposition qui présentera les projets pédagogiques des écoles, un atelier sur les sens en partenariat avec l’institut du goût de Paris, un atelier culinaire avec le lycée hôtelier…".

Tous les acteurs privés et publics sont les bienvenus, les producteurs, les transformateurs, les traiteurs et éditeurs pour peu "qu’ils aient des idées innovantes et qu’ils soient dans la même démarche que moi. À savoir penser l’alimentation de façon globale, saine, durable." L’organisatrice est convaincue que le consommateur a un poids, qu’en choisissant un produit en particulier il privilégie une filière en particulière et donc qu’il a un impact sur l’environnement. Aucun geste, même individuel, n’est anodin tant pour la santé de chacun que pour le bien-être de tous.

Revoir certaines habitudes


Pour Manihi Becquet Lefloc, il est possible de prendre soin de soi, tout en se faisant plaisir. "Mais pour cela il faut revoir certaines de nos habitudes, mises en place parfois par notre culture et non pour répondre à nos besoins. Je pense par exemple au rythme des repas, on en a déterminé trois non pas pour les besoins de l’organisme mais parce que notre mode de vie nous l’impose." À l’entendre, il n’est pas question de faire une croix définitive sur tel ou tel aliment mais d’apprendre ou de réapprendre à consommer, si besoin.

Le village de l’alimentation et de l’innovation n’entend pas donner des leçons mais apporter des clés de compréhension, porter à la connaissance du plus grand nombre des éléments de réponses, faire un état des lieux de ces connaissances mises à jour et susciter la réflexion. L’idée est d’amener les visiteurs à mieux comprendre l’alimentation, les besoins, les facteurs qui influencent notre façon de manger et les impacts des choix individuels. L’événement sera aussi l’occasion de se poser des questions sur nos habitudes de consommation.

Manihi Becquet Lefoc est titulaire de deux masters, l’un en sociologie de l’alimentation et l’autre en physiologie et biologie cellulaire. Elle a longtemps travaillé pour le service public, suivant notamment le projet pilote de restauration scolaire dans les établissements de Polynésie. "Et puis finalement, en 2015, j’ai voulu créer ma société pour concrétiser ce projet de village qui mûrit depuis une dizaine d’année." Elle a fondé ASAE, l’acronyme "d’agir pour la santé et l’avenir de nos enfants".

"J’ai refusé le prix"


Début 2016, elle a posé sur une feuille le concept, le nom des intervenants potentiels, le lieu d’organisation possible. Elle a aussi établi un budget. Elle s’est tournée vers les partenaires privés et publics car, "le changement ne se fera que si tout le monde s’y met. Je n’exclue vraiment personne." Parmi les cibles se trouvait la fondation Nestlé. "Au cours de mon cursus universitaire, j’ai visité le musée de l’alimentation en Suisse dit Alimentarium. J’ai été séduite par le concept, le message des experts, les actions. Ce musée est notamment porté par la fondation Nestlé, c’est pourquoi je me suis tournée vers eux. Je cherchais aussi à évaluer mon projet à une échelle internationale et pas seulement locale."

Le village de l’alimentation et de l’innovation pensé par Manihi Becquet Lefloc s’est vu attribuer quatre nids d’Or par la fondation Nestlé. Soit une récompense d’un million deux cent mille Fcfp. "La directrice m’a appelée directement pour me l’annoncer", se rappelle l’organisatrice. "D’abord j’ai été très contente. Mon projet était reconnu et j’avais un soutien financier supplémentaire. Et puis, après réflexion, j’ai refusé le prix." La raison ? L’indépendance et l’éthique. "Je suis la première à m’interroger sur certains sponsorings et certains partenariats pas toujours éthiques. Je ne veux pas qu’il y ait d’amalgame possible à propos de mon projet et je ne voulais pas que l’on parle du village à travers le prisme d’une marque."


Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 27 Octobre 2016 à 17:06 | Lu 6162 fois
           



Commentaires

1.Posté par Nuutania le 28/10/2016 07:05 | Alerter
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Bravo Manihi! Enlève nous le goût de ces aliments qui viennent d'ailleurs! ça nous fait du mal! tout ça parce que c'est moins chère et en plus soutenue par les politiques depuis toujours! Les filières locales sont considérées comme des filières de seconde zone, notre agriculture est moribonde et notre culture aussi. Rendez au peuple, le vrai, la fierté d'apprécier ce que nous avons et arrêtons de se convaincre que les étrangers et les immigrés peuvent nous vouloir du bien.

2.Posté par bellepolynesie le 28/10/2016 08:27 | Alerter
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une seule question et conseil:

que fait la direction de la santé et sa cellule de prévention?

ils dorment ou quoi?

c'est le moment et il ya URGENCE, à développer et assoir des campagnes de com, avec l'aide de TNTV pour apprendre et informer la population comment se nourrir et comment manger !

il faut quoi encore pour que tout cela bouge ? et que ca soit une vraie priorité !

donner des conseils simples pratiques que l'on peut appliquer aprtout!

sortez de vos bureaux climatisés et de vos schémas à la morle moineux, et aller vers la populace, qui n'attend que ça!!!

Mais, je crains fort que cet appel citoyen soit prêché dans le désert,...

3.Posté par Xenos le 28/10/2016 08:53 | Alerter
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Consommer local ?

Avec plaisir et fierté, mais enlevez d'abord les doses insensées de poisons (pesticides) que vous y mettez ! Et notre santé, vous y pensez ? Cela ne vous dit rien ?

Il n'y a qu'a voir les statistiques douanières d'importation de ces produits ultra nocifs, et les comparer à la production de "fruits" et "légumes" locaux, pour comprendre qu'il y a là un vieux problème de santé publique.

4.Posté par Teriivaea le 28/10/2016 10:28 | Alerter
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Mille fois bravo. Monter ce projet de bonne agriculture/Alimentation avec des produits et des gens du fenua, c'est tellement utile. A long terme et sur le fond, c'est cela la vrai réforme de la PSG (qui n'est d'ailleurs qu'un indicateur, ce qui est important c'est la santé et la vitalité de la population déterminant leur qualité de vie, et cela ca passe effectivement par une réappropriation par la population de son alimentation, population qui doit se désintoxiquer des produits importés frelatés ou en tout cas peu réellement nourrissants qui leur sont imposés via la publicité)!
Bravo aussi de refuser le "sponsoring" aussi astucieux que frelaté des multinationales (ici Nestle) qui souvent "payent pour voir" et pour pouvoir ensuite mieux corrompre et pervertir les produits et les personnes, et servir leur intérêt particulier.

5.Posté par Faut pas pousser! le 28/10/2016 11:05 | Alerter
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sponsorisé par Nestlé, c une blague de bien mauvais gout, non ???? C'est comme si une marque de cigarettes ou d'alcool me sponsorisait pour arrêter de fumer ou de boire de l'alcool...
Tapez juste "scandales Nestlé" sur google et vous verrez la longue liste de méfaits de ce groupe hégémonique.
Un exemple avec le scandale du lait en poudre qui tue des centaines de milliers de nourrissons par an et dénoncé par l'OMS et l'UNICEF : http://derriereletiquette.overblog.com/le-bilan-macabre-de-nestle

6.Posté par ici et ailleurs le 28/10/2016 11:58 | Alerter
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@Nuutania :
Je suis pas sûr que ce soit uniquement un fait des étrangers et des immigrés :
► les responsables politiques locaux pourraient privilégier d'avantage l'agriculture locale, et moins écouter le lobby des importateurs,
► les agriculteurs locaux pourraient utiliser moins de pesticides (dont certains sont interdits en Europe),
► certaines grandes entreprises agro-alimentaires du Fenua (brasserie) ne contribuent pas nécessairement au bien-être,

En tout cas, c'est très noble de refuser le soutien de multinationales.

7.Posté par atchoum le 28/10/2016 14:23 | Alerter
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Le traitement final de mon alimentation est plutôt vertical que transversal.... vu qu'il ne faut pas rater le trou !

8.Posté par Le nutrionniste le 29/10/2016 11:54 | Alerter
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Le village de l’alimentation et de l’innovation pensé par Manihi Becquet Lefloc s’est vu attribuer quatre nids d’Or par la fondation Nestlé... Le sponsor est NESTLE l'une des plus grandes multinationales, circulez y'a rien à voir, L'article est creux et ne dit rien parce qu'il ne faut surtout rien dire...Encore de la propagande masquée par le sourire d'une femme! Vous voulez mangez mieux, c'est facile, mangez vos légumes vos fruits vos aliments à base végétale, et tout le reste vous pouvez réduire voire,oublier, hey oui c'est pas plus dure que ça, mais changez ses habitudes, ça c'est une autre affaire, un nutritionniste ou le Web pour vous aider à mieux manger, NESTLE ne veut qu'une chose, faire du fric. Bonsoir et faites du sport, 10 minutes de marche par, c'est déjà un début. Bonne chance et attention aux boissons sucrées, elles sont mortelles à forte dose.

9.Posté par Le nutrionniste le 29/10/2016 12:40 | Alerter
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@Nuutania
Les Polynésiens sont responsables de leur santé, ils peuvent cultiver des légumes, ils peuvent ne pas acheter des produits hyper sucrés ou salés, c'est trop facile d'accuser, encore une fois, les autres, les étrangers. Les Polynésiens sont des victimes, certes, mais consentantes, ils ne crachent pas sur le coca, la viande à outrance, les automobiles, et la vie sédentaire, c'est le progrès pour eux et ils en veulent encore et encore. Le problème est d'abord en nous! Nous sommes paresseux, ignorants, et penchons pour la facilité. Le sucre, comme la viande, est une drogue qui tue à forte dose! Avant les Polynésiens étaient à 85% végétariens, légumes et fruits et poissons et rarement un cochon lors d'une fête. Aujourd'hui, c'est la fête tous les jours au supermarché avec la caisse de poulet de 10 kilos à 1500 francs! Temps que les écoliers du Fenua iront à l'école avec leur bouteille de coke ou de fanta, il n'y aura pas d'espoir, et que font les parents?? Un peu facile, et faux, la faute "aux autres"!

10.Posté par serolf le 30/10/2016 17:19 | Alerter
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ici a tahiti le gouvernement a du mal a s impliquer dans les projets initier par les autres par contre ils sont les champions toutes categories ,pour mettre a mal les projets des autres, ils son la juste pour reclamer ce que tu doit au territoire par exemples de l,argent parci de l argent par la ,tu doit payer la cps ou autres ,alors que tu n as pas encore fais des benefices ,ici a tahiti ils s en fout que tu mange bien ou mal , a partir du moment que tu paye

11.Posté par coyote le 31/10/2016 07:38 | Alerter
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Et les râleurs, vous lisez les articles jusqu'au bout ? : " Et puis, après réflexion, j’ai refusé le prix." La raison ? L’indépendance et l’éthique. "Je suis la première à m’interroger sur certains sponsorings et certains partenariats pas toujours éthiques. Je ne veux pas qu’il y ait d’amalgame possible à propos de mon projet et je ne voulais pas que l’on parle du village à travers le prisme d’une marque."

Bravo Manihi, la tête et le coeur !

12.Posté par Happyfeet le 20/11/2016 20:30 | Alerter
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BRAVO Manihi ,
Notre Fenua a grandement besoin de gens comme toi .
Puisses-tu être aidée dans ta démarche , et pousser nos agriculteurs à cultiver BIO .
Ce sont des personnes comme toi , jeunes , dynamiques , libres et qui ont une vraie passion , qui feront avancer les choses ,
bien plus que tous nos fonctionnaires et politiques confortablement assis dans le système établi .
L'obésité en Polynésie ? C'est effrayant !
Qu'on fait les pouvoirs publics ?
Aujourd'hui , le gouvernement propose de taxer encore plus fort les produits sucrés !
Une manne de MONI pour le gouvernement ....mais qu'en est-il du véritable problème de fond à régler de toute urgence , ne serait-ce pour réduire les frais de la CPS inhérents au diabète ?
Et surtout d'avoir une véritable COMPASSION pour notre PEUPLE MAOHI qui se déforme à vue d'oeil ........