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Il est jugé pour agression sexuelle, elle lui dit "Je t'aime"


Il est jugé pour agression sexuelle, elle lui dit "Je t'aime"
Papeete, le 23/07/15- Le prévenu était à l'audience pour avoir agressé sexuellement sa concubine. Jugé pour ces faits, il a finalement été déclaré coupable mais dispensé de peine. Les raisons de ce jugement : sa concubine lui a déclaré son amour.

L'homme ne parle pas français. Il était déjà venu à la barre pour être jugé sur ces faits mais la première fois, il avait été relâché faute d'un représentant du ministère public le 7 juillet, la seconde fois il n'y avait pas d'interprètes. Cette fois était donc la bonne pour juger l'homme de 49 ans pour agression sexuelle. Sa concubine - qui était son ex-concubine au moment des faits - était dans la salle. Quand l'agression s'est déroulée, le 5 juillet, tous deux s'étaient retrouvés dans un bar de Papeete pour boire. S'en était suivi des violences dans la chambre conjugale. Ce sont les enfants de la femme qui ont appelé les services de police. Enceinte de plusieurs mois, celle-ci s'est présentée à la barre le jour de la comparution immédiate de l'accusé, le 23 juillet. "Ce soir-là, il ne m'a pas violé", déclare-t-elle devant les juges.

Pourtant, elle n'en est pas à sa première plainte : l'homme a été condamné 5 fois depuis 2010. Neuf épisodes de violences ont été jugés, dont elle était la victime. Plusieurs fois, son conjoint va en prison, plusieurs fois il en sort. À chaque fois que les épisodes de violence recommencent à la maison, elle porte plainte. " Mais alors pourquoi vivez-vous avez lui ?", interroge le juge. "Je l'aime, je l'aimerais jusqu'à ma mort", lâche-t-elle. Le juge : " Vous l'aimez tellement votre concubin que vous l'envoyez en prison (…) Votre vie conjugale n'est qu'une suite de disputes et réconciliations (…) Vous le poussez à bout et une fois qu'il passe à l'acte, vous déposez plainte contre lui." Et l'accusé de répondre : "c'est ma femme, elle sera toujours ma femme".

"Il faut arrêter de vous disputer"

À ce jour, l'homme et la femme ont interdiction de se rencontrer suite aux dernières plaintes. L'homme purge toujours une peine de prison jusqu'au 25 novembre. Mais cela ne les pas empêchés de se revoir depuis l'audience où il n'a pas pu être jugé il y a 15 jours. Lors du délibéré, hier, ils se sont rapprochés immédiatement pour se parler.

Reste le problème des enfants qui subissent ces violences conjugales et le bébé, pas encore né, avec une mère consommatrice de boisson alcoolisée. Le juge leur a demandé de signer un engagement à la Croix bleue pour qu'ils arrêtent de boire. " Il faut arrêter de vous disputer, arrêter la violence dans votre intérêt et celui de vos enfants", a martelé le magistrat d'une voix forte.

Au final, l'accusé a été déclaré coupable mais a été dispensé de peine grâce aux "revirements de point de vue" de sa concubine. " Il faudra monsieur que vous changiez votre comportement, si votre compagne n'avait pas changé son point de vue, vous auriez été condamné une nouvelle fois sévèrement", rappelle le juge. De plus, l'accusé a un travail fixe depuis 10 ans. Il continuera de purger sa peine à Nuutania jusqu'au 25 novembre. Visiblement embêtée, sa conjointe a levé le petit doigt à la fin de l'audience pour demander à aller le voir et même à l'héberger mais pour cela, il faudra que l'accusé demande un aménagement de peine.

Autre affaire : le chauffard de Taiarapu Ouest reste en prison dans l'attente de son jugement

L'automobiliste, qui a comparu il y a deux jours pour avoir forcé un contrôle routier sur la commune de Taiarapu Ouest avec du paka dans la voiture, a finalement vu son jugement reporté au 17 août. En effet, il bénéficie d'un délai pour préparer sa défense. Dans cette attente, il est maintenu en détention car le tribunal " a tenu compte de son casier judiciaire". L'homme, qui n'a jamais passé son permis a déjà été condamné onze fois pour de nombreux délits routiers. En 2011, il avait écopé de deux ans de prison ferme pour avoir causé un accident avec des blessés graves. L'accusé a été qualifié de "voyou de la route" par la procureure. " A chaque fois que vous avez une voiture, vous conduisez sans assurance car vous n'avez pas le permis", a commenté le juge. " Il y a un moment il faut que ça s'arrête. Il faut se plier aux règles de vie en société !", a lancé le juge. En attendant, le multirécidiviste sera maintenu en prison. Il avait demandé un bracelet électronique mais il lui a été refusé.

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Jeudi 23 Juillet 2015 à 17:44 | Lu 3299 fois