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Hotu Ma’ohi 2012 : la navigation aux étoiles pour lancer le festival


Hotu Ma’ohi 2012 : la navigation aux étoiles pour lancer le festival
La Délégation de la Polynésie française a lancé mardi soir à Paris, la deuxième édition de son festival Hotu Ma’ohi, par un cycle de conférences dédiées jusqu’au 7 juin, à la place fondamentale occupée depuis des millénaires par le ciel dans la société polynésienne.
Cette première soirée, consacrée à la navigation aux étoiles, était animée par Erik Pearthree, archéologue originaire de Hawaï, dont les travaux de recherches portent sur le peuplement de la Polynésie, les techniques de navigation et la reconstitution des pirogues anciennes.

« Les Polynésiens ont été les premiers hommes du monde à naviguer en haute mer, peuplant dans un premier temps l’Asie du sud-est insulaire, puis la Mélanésie et la Polynésie occidentale, et enfin, il y a environ mille ans, la Polynésie orientale. Ils parcouraient ainsi des distances de l’ordre de 1000 km, sans instrument de navigation, en se guidant grâce aux étoiles » a expliqué Erik Pearthree.
Si la navigation en haute mer a cessé en Polynésie durant l’ère coloniale (19eme siècle) et que les navigateurs sont morts sans transmettre leur savoir, celui-ci peut être reconstruit d’après différentes sources.

Des techniques encore enseignées en Micronésie

Les systèmes de savoir micronésiens, décrits notamment par le docteur David Lewis dans « We, the navigators », ouvrage de référence publié en 1972, permettent une première approche. Les méthodes ancestrales de navigation aux étoiles sont en effet encore enseignées et pratiquées dans cette région.
Toutefois, la principale source écrite de compréhension des techniques de navigation polynésiennes reste la carte de Tupaia.
Maître navigateur et grand prêtre du culte d’Oro auprès de la grande cheffesse, Purea, Tupaia a guidé James Cook dans l’annexe de l’Endeavour lors de son périple dans les eaux polynésiennes.


La carte de Tupaia, savoirs occidental et polynésiens mêlés

Publiée tardivement (1955), sa carte, où figurent 74 îles, a la particularité de faire apparaître les quatre points cardinaux et un méridien, centré sur Raiatea. Mais le positionnement jugé inexact de certaines îles – les Samoa par exemple sont placées à côté de Tahiti - l’a rendu illisible pendant deux siècles.
« Du fait de son apparence européenne, la carte de Tupaia a été lue durant 200 ans selon une logique occidentale. Or, c’est un document hybride mêlant savoirs occidental et polynésien » a précisé Erik Pearthree.

Le compas des étoiles

« A partir d’une île centrale de départ, les Polynésiens associaient à chaque île alentours une série d’étoiles se levant au même point tout au long de la nuit, et grâce auxquelles ils pouvaient maintenir le cap choisi. Contrairement à une carte occidentale, cet outil appelé compas des îles, n’indiquait pas les distances, mais les azimuts à partir d’un point central particulier. La carte de Tupaia doit être lue selon cette logique. C’est la relation angulaire entre les îles qui est représentée et non les distances » a-t-il développé.

Prochaine conférence jeudi soir

« Forts de cette clé de lecture, nous avons ainsi constaté que les caps entre l’île centrale et les îles alentours sont parfaitement identiques sur une carte marine occidentale et sur celle de Tupaia. Grâce à ce document, nous avons pu mesurer l’étendue du savoir géographique et astronomique des anciens navigateurs polynésiens » s’est réjoui Erik Pearthree, qui à l’issue de son intervention, a répondu avec beaucoup d’enthousiasme aux nombreuses questions de l’auditoire fasciné.
La prochaine conférence aura lieu jeudi soir au 28, boulevard Saint-Germain. Danielle Briot, astronome à l’Observatoire de Paris, expliquera la méthode de découverte des planètes extrasolaires à partir du transit de Vénus.
Toutes les informations sur le programme des conférences et les intervenants sont disponibles sur www.polynesie-paris.com.







Rédigé par AFP le Mercredi 30 Mai 2012 à 07:31 | Lu 711 fois