Paris, France | AFP | vendredi 27/02/2015 - Les retraités? Une bande de riches, de réacs égoïstes, allergiques au numérique, tous dépendants et inactifs... Un sociologue bat en brèche les idées reçues sur les seniors dans "Silver Génération", montrant qu'ils sont essentiels à la vie sociale.
"Il y a un décalage qui devient insupportable entre l'image attachée aux seniors et la réalité", dit à l'AFP Serge Guérin, spécialiste des questions liées au vieillissement de la société.
Un fait est certain, la France prend des rides. On comptait 9 millions de plus de 60 ans en 1980, 16 millions en 2014. Les plus de 85 ans étaient 600.000 en 1980, ils seront 4,8 millions en 2050.
Selon l'OMS, dès 2020, il y aura pour la première fois dans l'histoire de l'humanité une supériorité numérique des plus de 60 ans par rapport aux moins de 5 ans. Entre 2000 et 2050, on passera de 500 millions à 2 milliards de plus de 60 ans.
"La révolution de la longévité est un défi majeur", souligne l'auteur de cet ouvrage (Milachon, en librairie le 5 mars) qui recense "10 idées reçues à combattre à propos des seniors". "On commence à comprendre que cette nouvelle donne démographique comporte des enjeux économiques majeurs".
La "Silver Economie" peut être ainsi un facteur d'innovation, de développement, tout en améliorant la vie des seniors les plus fragilisés. "C'est le levier le plus important pour la création d'emplois", affirme-t-il. En France, ce marché devrait atteindre 130 milliards d'euros d'ici à 2020.
Des inactifs qui se la coulent douce? En France, "les seniors forment environ la moitié des 8,5 millions d'aidants qui, chaque jour, accompagnent, soutiennent et protègent un proche. Ce sont aussi des bénévoles assidus qui s'investissent dans des associations ou dans le bénévolat direct".
Un retraité bénévole raconte: "quand je quitte l'association, on me dit merci. Je ne l'avais jamais entendu en quarante ans de banque!"
Au sein des familles, 29% des retraités aident aussi financièrement leurs cadets, tandis que 14% de non-retraités aident leurs aînés.
"Je crois aussi beaucoup aux lieux et moments d'intergénération. Il y a déjà de nombreuses initiatives mais il reste beaucoup à faire et il faut une volonté politique. Dans les écoles, par exemple, la Silver Génération devrait être plus présente pour parler de son expérience, des conditions de vie d'avant...".
- Du "22 à Asnières" aux smartphones -
Ultra-privilégiés, les seniors? En fait, une minorité de retraités connaît un confort élevé, remarque Serge Guérin. Près de 600.000 personnes âgées vivent avec seulement le minimum vieillesse.
Autre préjugé, le fossé culturel entre générations: "C'est une vision bien manichéenne", estime le sociologue de 52 ans.
La fracture entre la "génération Y" (née avec internet) et les seniors "existe mais elle est d'abord sociale et géographique". Ainsi, si le taux d'équipement numérique atteint 59% chez les plus de 70 ans, il connaît une forte progression et dépasse 75% chez les 60-69 ans.
D'ailleurs, aucune autre génération ne s'est adaptée en une vie à autant de mutations, passant du poste de radio à lampe à internet, du "22 à Asnières" au smartphone, sourit-il.
Tous dépendants? "La grande majorité des plus de 60 ans est en bonne santé", assure le sociologue. Seuls 7 à 8% sont en grande perte d'autonomie. Les plus de 85 ans sont encore 70% à vivre à domicile de manière relativement autonome, dit-il, reconnaissant que la politique de soins doit évoluer.
Enfin, "dans notre société de l'image, le fait est que les vieux ne font pas vieux ", s'amuse-t-il. Un sexagénaire de 2015 n'a plus rien à voir avec ceux des années 1950.
Si l'on est "senior" à partir de 50 ans, la véritable entrée dans la vieillesse se situe aujourd'hui autour de 85 ans. Les chercheurs parlent d'âge cognitif. Selon une enquête récente, 80% des plus de 65 ans estiment faire plus jeune que leur âge. Et c'est souvent vrai...
"Il y a un décalage qui devient insupportable entre l'image attachée aux seniors et la réalité", dit à l'AFP Serge Guérin, spécialiste des questions liées au vieillissement de la société.
Un fait est certain, la France prend des rides. On comptait 9 millions de plus de 60 ans en 1980, 16 millions en 2014. Les plus de 85 ans étaient 600.000 en 1980, ils seront 4,8 millions en 2050.
Selon l'OMS, dès 2020, il y aura pour la première fois dans l'histoire de l'humanité une supériorité numérique des plus de 60 ans par rapport aux moins de 5 ans. Entre 2000 et 2050, on passera de 500 millions à 2 milliards de plus de 60 ans.
"La révolution de la longévité est un défi majeur", souligne l'auteur de cet ouvrage (Milachon, en librairie le 5 mars) qui recense "10 idées reçues à combattre à propos des seniors". "On commence à comprendre que cette nouvelle donne démographique comporte des enjeux économiques majeurs".
La "Silver Economie" peut être ainsi un facteur d'innovation, de développement, tout en améliorant la vie des seniors les plus fragilisés. "C'est le levier le plus important pour la création d'emplois", affirme-t-il. En France, ce marché devrait atteindre 130 milliards d'euros d'ici à 2020.
Des inactifs qui se la coulent douce? En France, "les seniors forment environ la moitié des 8,5 millions d'aidants qui, chaque jour, accompagnent, soutiennent et protègent un proche. Ce sont aussi des bénévoles assidus qui s'investissent dans des associations ou dans le bénévolat direct".
Un retraité bénévole raconte: "quand je quitte l'association, on me dit merci. Je ne l'avais jamais entendu en quarante ans de banque!"
Au sein des familles, 29% des retraités aident aussi financièrement leurs cadets, tandis que 14% de non-retraités aident leurs aînés.
"Je crois aussi beaucoup aux lieux et moments d'intergénération. Il y a déjà de nombreuses initiatives mais il reste beaucoup à faire et il faut une volonté politique. Dans les écoles, par exemple, la Silver Génération devrait être plus présente pour parler de son expérience, des conditions de vie d'avant...".
- Du "22 à Asnières" aux smartphones -
Ultra-privilégiés, les seniors? En fait, une minorité de retraités connaît un confort élevé, remarque Serge Guérin. Près de 600.000 personnes âgées vivent avec seulement le minimum vieillesse.
Autre préjugé, le fossé culturel entre générations: "C'est une vision bien manichéenne", estime le sociologue de 52 ans.
La fracture entre la "génération Y" (née avec internet) et les seniors "existe mais elle est d'abord sociale et géographique". Ainsi, si le taux d'équipement numérique atteint 59% chez les plus de 70 ans, il connaît une forte progression et dépasse 75% chez les 60-69 ans.
D'ailleurs, aucune autre génération ne s'est adaptée en une vie à autant de mutations, passant du poste de radio à lampe à internet, du "22 à Asnières" au smartphone, sourit-il.
Tous dépendants? "La grande majorité des plus de 60 ans est en bonne santé", assure le sociologue. Seuls 7 à 8% sont en grande perte d'autonomie. Les plus de 85 ans sont encore 70% à vivre à domicile de manière relativement autonome, dit-il, reconnaissant que la politique de soins doit évoluer.
Enfin, "dans notre société de l'image, le fait est que les vieux ne font pas vieux ", s'amuse-t-il. Un sexagénaire de 2015 n'a plus rien à voir avec ceux des années 1950.
Si l'on est "senior" à partir de 50 ans, la véritable entrée dans la vieillesse se situe aujourd'hui autour de 85 ans. Les chercheurs parlent d'âge cognitif. Selon une enquête récente, 80% des plus de 65 ans estiment faire plus jeune que leur âge. Et c'est souvent vrai...
