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Gaston Flosse : "l’initiateur de ce mouvement de traîtres, c’est bien Edouard Fritch"


Gaston Flosse fait un point sur la situation du Tahoera’a après la défaite de Béatrice Le Gayic, dimanche à Papara, et la démission de Charles Fong Loi, du groupe orange, lundi matin.
Gaston Flosse fait un point sur la situation du Tahoera’a après la défaite de Béatrice Le Gayic, dimanche à Papara, et la démission de Charles Fong Loi, du groupe orange, lundi matin.
PAPEETE, 26 octobre 2015 - En dehors de sa confirmation à la présidence du Tahoera’a, après le rejet hier matin de la procédure civile en référé initiée par Edouard Fritch, la semaine ne commence pas dans les meilleures conditions pour Gaston Flosse. L’occasion de faire le point avec le Vieux Lion sur la situation qu’il estime aujourd'hui celle du Tahoera'a, tandis que Charles Fong Loi a déposé lundi matin sa démission officielle du groupe et que dimanche a vu la défaite à Papara de la candidate "maison", Béatrice Le Gayic, au bénéfice d’une victoire de Putai Taae, le candidat soutenu par Edouard Fritch.

Quel est votre sentiment après le rejet du référé engagé par Edouard Fritch pour contester votre capacité à présider le Tahoera’a ?

Gaston Flosse : De la satisfaction, bien sûr. Parce que la juge a non seulement rejeté le référé de M. Fritch mais aussi parce qu’elle dit, en résumé, que rien n’empêche Gaston Flosse de diriger le Tahoera’a, ni la loi ni les statuts du parti. Et Edouard Fritch qui voulait intenter un autre procès a déjà une réponse du tribunal.

Vous sentez-vous conforté à la présidence du parti, par cette décision de justice ?

Gaston Flosse : Non, je suis d’abord très triste. Cet homme que j’ai considéré comme mon fils pendant de longues années, plus de 30 ans, règle ses problèmes – lesquels d’ailleurs ? Je l’ignore ! – avec la justice. Mais d’un autre côté, je me dis que c’est peut-être pour lui l’unique moyen d’accéder à ses postes-là : il n’a pas été élu pour accéder à la Présidence du Pays, c’est grâce à la justice qu’il est Président de la Polynésie française ; et de même, il veut instrumentaliser la justice pour devenir président du Tahoera’a Huiraatira, et la justice a dit « non ».

Edouard Fritch annonce la fondation d’un parti des maires, la fusion prochaine des groupes ATP et Tapura à l’assemblé. Pensez-vous réellement qu'il veut prendre le Tahoera'a ?

Gaston Flosse : Ça devait déjà se faire le 19 septembre. Souvenez-vous cette grande réunion à la mairie de Pirae. Malheureusement, il n’y a eu que 1 800 personnes, 2 000 peut-être maximum. Et il n’y a pas eu de création de parti, (…). J'ai lu quelque part que c’est peut-être reporté au 12 décembre.

Ce samedi, Charles Fong Loi a officiellement reçu l’aval de sa base pour rejoindre le groupe Tapura Huiraatira. Il aurait démissionné ce matin du Tahoera’a. Que vous évoque ce nouveau départ ?

Gaston Flosse : Il y a un mois à peu près, il était dans mon bureau, là où vous êtes assis. Et pendant deux heures, il m’a expliqué qu’il était apparenté Tahoera’a et qu’il le resterait jusqu’au bout : « Le Chinois est un homme de parole ; il n’a pas besoin de s’engager par écrit ; les papiers ça ne compte pas », disait-il. Il m’a expliqué qu’il voulait rester avec le Tahoera’a. Et, un mois après, c’est tout le contraire… On ne peut pas faire confiance à la parole d’un traître.

Le fait est que le groupe Tapura compte potentiellement 19 représentants, tout comme le Tahoera’a à l’assemblée, alors que les pro-Fritch sont 27 aujourd’hui. Ne craignez-vous pas de perdre encore d'autres élus ?

Gaston Flosse : C’est facile quand on est Président et que l’on a tous les moyens, que l’on raconte comme à Papara que l’on a 200 CAE, des fare OPH, des matériaux de construction que le Président distribue lui-même (planches, tôles...) à la population. C’est logique. Il était avec Robert Tanseau : il y a certainement une affaire, euh… Non, ce n’est pas la peine, il ne faut pas le dire. Je ne suis pas sûr, je n’ai pas vu…
Oui, c’est juste, le groupe se renforce et ils vont continuer : ils vont aller à Moorea pour essayer d’attirer à eux Evans Haumani. Il sort de mon bureau, vous l’avez vu. Il n’y a aucune chance. Ils vont ensuite aller à Bora Bora tenté de casser le Tahoera’a Huiraatira en attirant à eux (Rudolph) Jordan. Mais il nous a juré qu’il ne quitterait pas le Tahoera’a. Il y a également le maire de Tubuai qui est sur leurs tablettes.
En fait l’initiateur de ce mouvement de traîtres c’est bien Edouard Fritch. C’est lui qui trahit la volonté des 62 000 Polynésiens qui ont voté pour le Tahoera’a Huiraatira. Ils n’ont pas voté pour le Tapura Huiraatira, inconnu jusque-là.


Confirmez-vous avoir demandé à Yolande Viriamu et Patricia Amaru de démissionner de l’assemblée ?

Gaston Flosse : Oui, elles ont accepté toutes les deux.

Ont-elles déposé leur démission ?

Gaston Flosse : Non, non, non. Attendons que les anciens ministres siègent de nouveau à l’assemblée. On verra à ce moment-là.

Et la défaite de la candidate soutenue par le Tahoera’a à Papara, ce week-end, est-ce une autre mauvaise nouvelle pour vous ?

Gaston Flosse : Je tiens à féliciter Béatrice et son mari, Clément Le Gayic, pour tout le travail qu’ils ont fourni. Je tiens à remercier également la population. Leur liste a quand même progressé de près de 400 voix entre le premier et le deuxième tour. Seuls contre tous les autres, puisque Bruno Sandras a réussi à persuader ses électeurs de voter pour Putai, contre sa propre candidate, Christelle Lehartel. (…) De même que Manutahi, qui a appelé à voter Putai. Tout le monde s’est ligué contre Béatrice. Elle a eu le courage de se battre.

Vous annonciez récemment l’organisation du prochain congrès le 28 novembre à Papara. Ce calendrier est-il remis en cause ?

Gaston Flosse : Putai a annoncé avant même son élection qu’il interdirait le congrès du Tahoera’a à Papara.

Vous ne l’organiserez donc plus à Papara ?

Gaston Flosse : Non, il n’aura pas lieu là-bas. La date est maintenue, mais nous ne savons pas encore où nous l'organiserons.

Le débat budgétaire va occuper l’assemblée pendant les semaines à venir jusqu’en décembre. Quelle sera l’attitude du groupe Tahoera’a ?

Gaston Flosse : Nous l’avons déjà dit : tout ce qui va dans le bon sens et qui défend les intérêts des populations, nous voterons. Mais tout ce qui sera présenté pour servir l’intérêt particulier de certains, nous ne pourrons pas accepter. Nous voterons contre. Nous poserons quelques amendements également. Ce n’est pas parce que quelques amendements sont déposés que le budget sera dénaturé. (…) Les représentants sont assez grands pour être vigilants.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 26 Octobre 2015 à 12:53 | Lu 3906 fois