Tahiti Infos

Gaston Flosse annonce une résolution demandant un référendum d'autodétermination


Gaston Flosse en compagnie de Jean-Pierre Laflaquière, le 21 mai 2013 à la Résidence de Papeete
Gaston Flosse en compagnie de Jean-Pierre Laflaquière, le 21 mai 2013 à la Résidence de Papeete
PAPEETE, mardi 21 mai 2013 – Le président Gaston Flosse a réaffirmé sa volonté de demander l’organisation "au plus vite" d’un référendum d’autodétermination "afin de retirer ce problème récurrent de la vie politique locale et pouvoir entièrement se consacrer aux questions essentielles, à savoir le développement du pays et la sortie de crise", précise un communiqué de la Présidence de la Polynésie française, adressé en fin de matinée.

Le président du Pays et Jean-Pierre Laflaquière se sont entretenus lors d'un petit-déjeuner organisé en début de matinée à la Résidence de Papeete par le haut-commissaire de la République en Polynésie française.

Interrogé sur la question de l’organisation d’un référendum d’autodétermination, le haut-commissaire a précisé qu'il appartenait au Président de la République Française d’ordonner la mise en place d’un tel processus de consultation populaire et qu'il se chargerait de la transmettre à Paris, si une telle volonté était exprimée au plan local.

A cette fin, Gaston Flosse a annoncé le dépôt prochain d’un projet de résolution de l’Assemblée de Polynésie française, également qualifié de "voeu" exprimant la volonté de mettre en place une consultation populaire d’autodétermination.

La Polynésie française est réinscrite sur la liste des territoires non autonomes de l’Organisation des Nations Unies (ONU), suite à l’adoption par consensus de la résolution L56, vendredi 17 mai par l’Assemblée générale des Nations Unies.

Cette résolution affirme le droit inaliénable de la Polynésie française à l’autodétermination et à l’indépendance et prie le Gouvernement français, d’intensifier son dialogue avec la Polynésie française, sous l’arbitrage de l’ONU, afin de faciliter et d’accélérer la mise en place d’un processus équitable et effectif d’autodétermination.

La question du corps électoral

Réinscrite en décembre 1986, la Nouvelle-Calédonie sera soumise à un tel référendum entre 2014 et 2018, comme stipulé lors des accords de Nouméa, ratifiés en 1998. La Cour européenne des droits de l'homme a admis (arrêt du 11 janvier 2005) que seuls les citoyens ayant 15 ans d’ancienneté sur le territoire calédonien pouvaient être appelés à se prononcer, lors de cette consultation déterminante pour l’avenir du "Caillou", sans que cela constitue la privation d'un droit fondamental pour les autres.

En Polynésie, toute la controverse semble aujourd’hui concentrée sur la nature du corps électoral qui sera consulté par référendum, le cas échéant.

Oscar Temaru, évoquait dimanche soir sur le plateau du journal télévisé de Polynésie première, présentant cet avis comme "personnel" : "Des milliers de personnes ne sont là que pour quelques temps (…) Est-il normal que des gens qui sont là depuis trois mois puissent participer ? Moi je dis non : il faudra geler la liste électorale."

Quant aux citoyens aptes à se prononcer en cas de consultation, le leader du Tavini Huira’atira bascule dans une forme radicale d’eugénisme citoyen : "Tous ceux qui sont arrivés ici depuis 1966, depuis les essais nucléaires, n’auront pas le droit de participer à ce vote (…)".

Sur cette question, Gaston Flosse prône l'exact contraire. Il semble s’en remettre à la définition de l’article 11 du Code électoral. La loi précise que peuvent être inscrits sur les listes électorales "tous les électeurs qui ont leur domicile réel dans la commune ou y habitent depuis six mois au moins". Au deuxième tour des élections territoriales 2013, le 5 mai dernier, on comptait 191 799 personnes ainsi qualifiables, en Polynésie française.

Gaston Flosse a expliqué qu’il était "tout à fait impossible de distinguer les « vrais » Maohi de ceux qui ne le seraient pas". Et s'est dit confiant quant au résultat de ce référendum : la liste présentée par son parti politique, au dernier scrutin démocratique, a été plébiscitée par 45,1% des suffrages exprimés, alors que globalement 70% des électeurs, le 5 mai, se sont déclarés en faveur d’une liste autonomiste.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 21 Mai 2013 à 11:11 | Lu 4483 fois