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Gaston Flosse: "Qu’il monte son parti et puis allez…"


PAPEETE, 2 septembre 2015 - Gaston Flosse revient sur la décision d'exclusion définitive prononcée mardi soir par le conseil politique du Tahoera'a Huiraatira à l'encontre du président délégué du mouvement autonomiste, Edouard Fritch.

Lors du conseil politique de mardi, qui a décidé l’exclusion d’Edouard Fritch, vous avez déclaré à l’assemblée "Le parti a attendu trop longtemps pour prendre cette décision". Est-ce votre sentiment aujourd’hui ?

Gaston Flosse : Oui parce que jusque-là, c’est vrai qu’il y avait un désaccord entre lui et moi. Le point le plus grave, c’est cette tentative de casser le Tahoera’a (dès novembre 2014). (…) Ensuite il n’a jamais cessé de courir après nos représentants pour les retourner. Lorsqu’il dit « Moi, je suis étranger à tout cela », c’est un menteur ! Ca a été une erreur de sa part de s’isoler et de casser le Tahoera’a, alors qu’il avait à sa disposition une majorité de 38 à l’assemblée.
C’est lui qui appelle les élus. Et quand il se rend compte que ça ne marche pas, il se dit qu’il n’y a plus qu’un moyen : aller en justice. Il engage ces procédures parce qu’il voit bien que les membres du Tahoera’a ne sautent pas dans ses bras, comme il le souhaitait.
(…) (Mardi), J’ai fait voter sur le mode "assis-debout" pour qu’il n’y ait pas de confusion : tout le monde s’est levé. Ils ont décidé de l’exclusion définitive. Les statuts me donnaient la possibilité de prononcer cette sanction. Ce n’est pas ce que j’ai souhaité faire. J’ai posé la question aux 120 membres du conseil politique. Ils se sont prononcé unanimement pour une "exclusion définitive".


Redoutiez-vous toujours qu’Edouard Fritch tente de reprendre à son compte le Tahoera’a ? Cette exclusion est-elle au fond la mesure ultime pour s’en protéger ?

Gaston Flosse : Cette décision n’est pas définitivement prise. Pour l’instant, il n’est pas exclu (formellement). C’est le grand conseil qui entérinera cette proposition, vendredi. (…)

Un courrier vous a été adressé par Edouard Fritch, mardi, pour vous demander de surseoir à la mesure disciplinaire et lui laisser le temps de préparer sa défense. Il n’en a rien été, finalement.

Gaston Flosse : Vous savez, quand Edouard m’assigne devant le tribunal en référé le vendredi, pour être à 8 heures au tribunal le lundi. Eh ?! Oh !? Il me dit qu’il n’a pas le temps pour venir s’expliquer ; mais moi je n’avais pas le temps non plus. Heureusement que mon avocat a obtenu le renvoi au 14 septembre. Edouard va recevoir sa convocation pour le grand conseil de vendredi. Il pourra toujours venir s’expliquer. Il connait tous les griefs qu’on lui reproche. Cette procédure en référé est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. (…) Ne pensez-vous que c’est un motif suffisant d’exclusion ?

Pensez-vous vraiment qu’il viendra s’expliquer vendredi à votre domicile, devant un grand conseil probablement hostile et dont vous aurez choisi les membres ?

Gaston Flosse : Le grand conseil a toujours été là (à Erima). Nous ne pouvons pas nous réunir à la permanence (à Papeete) en raison de règles de sécurité qui nous l’interdisent.

Dans les conditions actuelles, ce grand conseil a des airs de tribunal d’inquisition, ne croyez-vous pas ?

Gaston Flosse : Ce n’est pas ça. Je lui ai envoyé une lettre hier où je lui demande de venir s’expliquer devant les membres des instances dirigeantes du parti.

En attendant, pensez-vous que cette exclusion est régulière, compte tenu du statut de président délégué qui est celui d’Edouard Fritch, élu par 7000 personnes et non nommé lors congrès de mars 2013 ?

Gaston Flosse : 7000 personnes ? Et moi quand on m’a déclaré inéligible après que 62 000 Polynésiens aient voté pour moi. C’est quoi ça ? N’est-ce pas un déni de démocratie ?

Pensez-vous que cette sanction est régulière ?

Gaston Flosse : Tout à fait. Les statuts (du Tahoera’a) sont là.

Cette situation ne vous semble-t-elle pas regrettable, après 35 ans de collaboration ?

Gaston Flosse : C’est vrai, mais qui a coupé les ponts ? Qui n’a plus voulu parler à l’autre ? Ce n’est pas moi, c’est lui. Depuis son élection : pas un coup de fil, pas un bonjour, rien…

Edouard Fritch annonce aujourd’hui qu’il va créer un parti.

Gaston Flosse : Bravo ! C’est ça qu’il faut faire. Qu’il monte son parti et puis allez… Qu’il y aille, qu’il monte son parti, comme Gaston Tong Sang, comme Jean-Christophe Bouissou, comme Teva Rohfritsch. Ils ont tous monté leur parti. Bon, je ne vous dis pas où ils en sont aujourd’hui…

Ce sont tous d’anciens membres du Tahoera’a, vos enfants politiques...

Gaston Flosse : Pfff… Voyez-vous Tong Sang comme mon enfant politique ?

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 2 Septembre 2015 à 12:33 | Lu 3021 fois