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Forum Build me a nation, pour "décomplexer la jeunesse au sujet de la décolonisation"


Le Forum Build me a Nation se tient toute la journée de vendredi 13 juillet, au grand théâtre de la Maison de la Culture. Une invitation faite par les jeunes de l’UPLD aux jeunes du fenua pour débattre de la notion de décolonisation de la Polynésie française et réfléchir à un nouveau modèle de développement du pays.
Plusieurs personnalités familières du thème, diplomates, universitaires, ont été invitées pour participer à ce colloque et animeront les débats en les éclairant de leur expérience personnelle.

"Ce que l’on souhaite, c’est que l’ensemble de la jeunesse polynésienne – et au moins celle de Tahiti et Moorea, la plus proche – puisse comprendre que ce n’est pas un meeting politique", précise le sénateur Richard Tuheiava. "On ne va pas parler d’indépendance directement ; on va parler, en revanche, des moyens pour y parvenir et tenter de savoir s’ils sont réellement pertinents. (…)
Nous tentons de démocratiser, rendre accessible au plus grand nombre, des réflexions qui ont habituellement cours dans l'enceinte de l'Organisation des Nations Unies à New York, ou dans les bureaux feutrés de ministères nationaux".

Forum Build me a nation, pour "décomplexer la jeunesse au sujet de la décolonisation"
Comment s’est fait le choix des intervenants à ce forum ?

Richard Tuheiava : On les a choisi en fonction d’un raisonnement qui s’articule sur quatre points.
Le premier, c’est le poids de la jeunesse (…) en Polynésie. C’est un sujet dominant. Il s’agit d’un électorat farouche et désorienté. Cette jeunesse, les personnes de moins de 30 ans, représente en Polynésie 60% de la population. C’est elle qui vivra, qui subira ou qui pilotera le prochain modèle de développement.
Second point : démontrer au plan factuel, algébriquement, que le modèle du CEP est en fin de cycle. Cette réalité est reconnue unanimement à Paris, à New York.
Troisième point : faire comprendre à nos jeunes que la décolonisation, ça existe. On s’y achemine, qu’on le veuille ou non. Nous sommes en phase de décolonisation. Elle est apaisée, avec une relation bilatérale qui semble être positive avec Paris. Et que chaque cas de décolonisation est unique : l’exemple calédonien, le cas hawaiien, le néo-zélandais, tous ces cas sont différents, les contextes sont différents. On souhaite faire comprendre que l’on ne va pas copier un modèle, il nous faut trouver notre modèle, dans lequel la jeunesse qui aura compris se retrouvera.
Enfin, quatrième points : parler de décolonisation – je ne parle pas d’indépendance – sans modèle de développement à l’appui, et sans reconnaître les parties prenantes, notamment la jeunesse, dans le débat, n’a pas beaucoup de sens aujourd‘hui. Et je crois que ce qui intéresse tous le monde c’est de répondre à la question « que se passe-t-il après ? ».
On va prendre une résolution demain (vendredi 13 juillet, ndlr) assez politique, pour définir comment nos jeunes voient les choses dans l’avenir. (…) Il s’agit d’imaginer un modèle de décolonisation réussi, dans lequel ils ont toute leur place. Il faut décomplexer la jeunesse sur ces sujets là.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 12 Juillet 2012 à 15:41 | Lu 3328 fois