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Fortes pluies : Météo-France a enregistré un record centenaire à Faa’a


Le retour des mesures réalisées ce week-end parviennent petit à petit à Météo-France. Elles montrent le caractère hors normes des précipitations qui se sont abattues sur l’île de Tahiti, dans la nuit de samedi à dimanche. (Photo : Marc Tardy, climatologue à Météo-France).
Le retour des mesures réalisées ce week-end parviennent petit à petit à Météo-France. Elles montrent le caractère hors normes des précipitations qui se sont abattues sur l’île de Tahiti, dans la nuit de samedi à dimanche. (Photo : Marc Tardy, climatologue à Météo-France).
PAPEETE, 24 janvier 2017 - Un temps de saison est annoncé pour les prochains jours par Météo-France. Le week-end dernier, la station d'observation de Tahiti-Faa'a a mesuré un record pluviométrique centenaire.

La masse nuageuse à l’origine de l’exceptionnel mauvais temps qui a frappé Tahiti le week-end dernier s’éloignait progressivement, mardi, en perdant de son intensité. Elle était encore localisée au Sud de la Polynésie française sur la zone de Rapa, archipel des îles Australes. Visiblement, le gros temps qui a frappé les îles du Vent samedi et dimanche est passé. "Nous sommes, pour les îles de la Société, dans une période de beau temps pour les trois prochains jours, jusqu’à jeudi", confirme mardi matin Daniel Nouveau, à la station Météo-France de Tahiti-Faa’a. "De petites averses peuvent se produire sur les côtés Est. A partir de vendredi, les vents de secteur Est peuvent causer des passages nuageux durant le week-end prochain. Mais nous sommes revenus à un temps de saison", explique-t-il : "On continue cependant à suivre tout ça très attentivement".

Les prévisions météorologiques annoncent sur Tahiti et Moorea, pour jeudi, un ciel voilé doublé de quelques passages de nuages bas qui iront s’amplifiant vendredi et samedi, avec des averses sur le relief et les côtes au vent. Le vent sera modéré de secteur Est-Sud-Est venant vendredi au secteur Est en faiblissant puis au Nord-Est samedi. Une accalmie est attendue en mer à partir de vendredi, avec l’installation d’une houle résiduelle, puis samedi d'une houle longue de secteur Nord-Ouest.

Tout laisse croire que l’on observe le retour d'un temps de saison. Quelques averses localisées, en fin de semaine, sans plus. Météo-France refuse de faire des prévisions au-delà des cinq jours, compte tenu du trop fort degré d’incertitudes statistiques. "Le gros mauvais temps est derrière nous !", insiste cependant Daniel Nouveau.

Changement climatique ?

Car les mesures réalisées ce week-end parviennent petit à petit à Météo-France. Une vision plus précise de ce qui s’est produit en termes de pluviométrie devrait être connue début février, lorsque ces données auront complètement été transmises par le réseau d’observateurs amateurs qui collaborent avec la station. Pour l’instant Météo-France dispose de ses propres observations faites sur Tahiti-Faa’a. Elles montrent le caractère hors normes de que vient de vivre l’île de Tahiti.

Les mesures pluviométriques observées dans la nuit de samedi à dimanche derniers montrent en effet qu’il est tombé 130 litres d'eau par mètre carré en trois heures et 189,6 litres en six heures, durant la phase la plus intense de l’averse. A Tahiti-Faa’a, c'est du jamais vu (voir relevés en encadré). Le dernier record avait été mesuré en décembre 1998, à 99 litres par mètre carré sur une période de trois heures. Il s'agissait du précédent record centenaire. Le week-end dernier, on était 30 % au-dessus.

"Il s’est agi de quelque chose d’exceptionnel", confirme Marc Tardy, climatologue pour la station Météo-France de Tahiti-Faa’a. "Il faut bien voir que statistiquement, nous avions une chance sur 100 pour que de telles précipitations soient observées".

Une telle intensité pluviométrique n'avait pas été observée depuis 1998. "On peut supposer qu’il s’agit d’un effet lié au phénomène de changement climatique", note le climatologue tout en relativisant : "nous ne sommes pas à même de qualifier cet épisode, localement. Nous avons des tendances qui nous indiquent, au niveau du globe, que des phénomènes extrêmes sont amenés à se reproduire plus fréquemment : grandes tempêtes, cyclones plus intenses notamment dans l’Atlantique… Dans le Pacifique les études n’ont pas encore montré cette tendance. Tout cela est très compliqué. Ce qui nous manque, lorsqu'on étudie le climat, c’est la profondeur des observations. On ne qualifie pas un climat sur quelques années ; on le qualifie sur une période d’un siècle ou plus. A Tahiti, les premières données dont on dispose datent de 1860, ce n’est pas suffisant pour interpréter le changement climatique. Ensuite, concernant la fréquence des événements comme celui que nous venons de vivre, le souci c’est que l’on ne dispose pas d’un réseau d’observation nous permettant de bien juger. Nous avons très peu de stations automatiques".


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 24 Janvier 2017 à 12:43 | Lu 13950 fois