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Formation Poissonnerie : 11 professionnels fraîchement diplômés


PAPEETE, 29 mars 2017 - Une première formation qualifiante d’employé en poissonnerie et de mareyage a été organisée par le SEFI du 10 octobre au 10 mars 2017. Onze stagiaires sortent fraîchement diplômés d’un certificat de formation professionnelle qualifiante, l’équivalent d’un CAP Poissonnier. Ces jeunes professionnels, les poissonniers de demain, sont désormais prêts à travailler dans le mareyage, la grande distribution ou encore à leur compte.

Le centre de formation FPS, dirigée par Gilles Dussolier, a dispensé la formation dans les locaux du Port de Pêche, en collaboration avec la société de mareyage Fenua Fish. : 6 mois intenses en apprentissage et en expérience professionnelle ; 22 semaines dont 10 en entreprise.

Le contenu pédagogique, à la fois passionnant et "chargé", a inclus des modules propres au métier de poissonnier (connaissance des produits de la mer, fonctionnement d’une poissonnerie, préparation et valorisation des produits, secteur pêche et aquaculture, hygiène, standards HACCP…), des modules de communication et de relation client, mais également des techniques de recherche d’emploi.

Les stagiaires ont également présenté à l’issue de la formation un projet d’entreprise aux professionnels présents à la remise des diplômes.
Une fois par semaine, pendant toute la formation, les futurs poissonniers ont assisté au débarquement et à la criée, avant de rejoindre l’atelier, à partir de 4 heures du matin et parfois 2 h 30, lors des stages en entreprise. Un aperçu des conditions de travail exigeantes, mais qui conviennent à certains. Comme l’explique Heiva : "J’ai beaucoup apprécié le mareyage. J’aime en particulier la découpe du poisson. C’est une passion. Les horaires me conviennent car après la journée de travail, c’est une deuxième journée qui commence. La grande distribution m’intéresse également par la valorisation du produit et les services traiteur".

Les 10 semaines de stage en entreprise avaient pour but de mettre en pratique la théorie, acquérir de l’expérience, se placer en situation professionnelle et pour la plupart de trouver un emploi. Les stagiaires ont ainsi pu se spécialiser, en choisissant notamment entre le mareyage et la grande distribution. Les stages ont ensuite servi à affiner les projets professionnels. "Je cherchais à travailler en grande surface mais je ne connaissais pas le métier de poissonnier. Le contact avec les clients me plaît particulièrement. Je suis très intéressée par la préparation des plats. Je devrais normalement intégrer une grande surface, avec un métier dans les mains", explique Francine, qui a trouvé sa voie.

Des débouchés comme salariés ou patentés

La formation Poissonnier était une opportunité de professionnaliser une activité liée aux ressources de la mer et d’en vivre. "J’étais demandeur d’emploi. J’ai sauté sur l’opportunité quand j’ai vu la formation. J’ai aujourd’hui une qualification et peut à présent travailler", avoue Daryl, pour qui, comme de nombreux Polynésiens, la mer est une seconde nature. Le poisson est en effet pour nombre d’entre eux une vocation qui fait partie de leur vie depuis tout petit. Comme l’explique Bryan, "j’ai beaucoup pêché enfant et je continue dès que j’ai du temps. Je passais mes vacances à Rangiroa à pêcher au fusil. Je surfe. Je suis un homme de la mer. Le contact avec l’océan est un besoin vital. Les stages m’ont permis d’être employable et professionnel".

Pour Justina, il s’agit plus de préparation, de cuisine et de décoration, à travers la partie traiteur : "J’aime préparer le poisson, découper et mettre en valeur les plats. Je m’imagine plus travailler dans le secteur traiteur. C’est la voie vers laquelle je me suis orientée dès le début de la formation".
Poissonnier, un métier d’homme ? Pas forcément, comme le souligne Raina : "Le fait que le métier est plus difficile pour les femmes, est une idée reçue. C’est uniquement au niveau du port des charges que nous sommes limitées. Le reste, nous le faisons tout aussi bien. Nous sommes peut-être même plus respectueuses de la matière première. De plus, dans un milieu d’hommes, il y a moins de cancan…"

En termes de débouchés, les participants ont des opportunités intéressantes, encore à concrétiser. Ils ont dans leur carnet d’adresses tout un réseau de professionnels du secteur. Il ne reste plus qu’à aller frapper aux portes et chercher un emploi. "J’ai tout aimé dans cette formation. C’est un vrai tremplin grâce à tous les contacts que nous avons désormais. Nous avons travaillé dans différents environnements, avec différentes techniques de travail. C’est un plus pour la suite", reconnaît Manu. Pour d’autres, il s’agit à terme de monter leur propre entreprise, après avoir accumulé suffisamment d’expérience. "Mon objectif était d’acquérir plus d’expérience. J’avais déjà travaillé chez un mareyeur avant la formation et j’étais toujours volontaire dans cette voie. Je connaissais le métier, mais j’ai développé plus de compétences et de techniques différentes, notamment dans d’autres sociétés lors des stages. Mon objectif à long terme est de monter une petite poissonnerie", explique Papa.

Quatre stagiaires ont décidé - non sans humour - de créer le Groupement d’Intervention de la Poissonnerie (GIP) pour travailler en tant que patentés au service des entreprises du secteur. Le concept est simple : intervenir là où il y a des besoins, un salarié à remplacer ou encore un surplus d’activité dans le mareyage ou la grande distribution. L’avantage pour les entreprises : des professionnels équipés, qualifiés, motivés et expérimentés.

Rédigé par Isabelle Ozan le Mercredi 29 Mars 2017 à 14:20 | Lu 2108 fois