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Fifo 2016 : "Another Country" consacré Grand Prix du jury et "Hip hop - Eration", prix du public


Dans "Another Country", le comédien australien et aborigène David Gulpilil raconte l’histoire de de son peuple dont le mode vie a été interrompu par celui des "Blancs".
Dans "Another Country", le comédien australien et aborigène David Gulpilil raconte l’histoire de de son peuple dont le mode vie a été interrompu par celui des "Blancs".
PAPEETE, le 5 février 2016 - Pour la 13e édition du Festival international du film documentaire océanien (Fifo), le jury présidé par Abderrahmane Sissako vient d'attribuer le Grand Prix au film australien "Another Country", tandis que "Hip hop - Eration" a reçu le prix du public. Le village est ouvert jusqu'à dimanche, alors profitez-en !


Parmi les 160 documentaires inscrits, en provenance de Polynésie, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de Papouasie Nouvelle-Guinée, de Nouvelle-Calédonie, du Vanuatu, ou encore des îles Salomon, les membres du comité de présélection du Fifo ont retenu au total 60 films : 11 en compétition, 23 hors compétition, 8 autres dans la catégorie "Pacific Islands", ainsi que 18 courts métrages pour la Nuit du court océanien.

Pour cette 13e édition, le président Abderrahmane Sissako vient de consacrer le film australien "Another Country" Grand Prix du jury (voir palmarès ci-contre). Comédien australien et aborigène, David Gulpilil y raconte l’histoire de de son peuple dont le mode vie a été interrompu par celui des "Blancs". Entre rires et larmes, sur des thématiques différentes, d'autres pépites ont été dévoilées dans ce cru 2016, riches en apprentissage. À l'instar de "Hip hop - Eration", un hymne à la vie, qui a reçu le prix du public.

UNE COMMUNICATION EFFICACE

À la croisée des mondes polynésien, micronésien et mélanésien, le Fifo est un formidable lieu d'échange et de partage grâce aux rencontres avec les professionnels de l'audiovisuel, les débats mis en place et les animations proposées, avec de nombreuses nouveautés. Des milliers de visiteurs et de scolaires vibrent au rythme de ce merveilleux village, rassembleur des communautés océaniennes et tisseur de liens entre les générations. "La fréquentation est de l'ordre de 21 000 entrées dans les salles à ce jour, ce qui représente environ 1 000 billets vendus par jour depuis mardi", nous confie Vaiana Giraud, responsable de la communication à la Maison de la Culture. Et de confirmer : "Et ce n'est pas fini, puisque le festival continue jusqu'à dimanche. C'est donc encore une belle année." Ensuite, le voyage se poursuivra avec le Fifo "hors les murs" dans les îles, mais aussi en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie, à Wallis, à Paris, en Australie...

Soulignons la communication efficace de la Maison de la Culture, qui fait vivre quotidiennement les festivités aux Polynésiens, et même en temps réel grâce au "live" offert par l'OPT. Nous saluons également la belle implication des 12 étudiants en communication de l'Institut supérieur de l'enseignement privé de Polynésie (ISEPP), encadrés par Dominique Morvan, éditrice et professeur à l’ISEPP, et Vaiana Giraud. Ils réalisent des "newsletters" bien utiles, expérimentant ainsi les conditions de travail d’une "mini rédaction" de journal. Cette 13e édition est, une fois encore, un franc succès. Vive le Fifo !

Coup de cœur de la rédaction, "Hip hop - Eration" a remporté aussi l'adhésion du public.
Coup de cœur de la rédaction, "Hip hop - Eration" a remporté aussi l'adhésion du public.
Le palmarès du Fifo 2016


Grand Prix Fifo-France Télévisions :
"ANOTHER COUNTRY", réalisé par Molly Reynolds et produit par Peter Djigirr, Rolf De Heer et Molly Reynolds.

1er prix spécial du jury :
"THE GROUND WE WON", réalisé par Christopher Pryor et produit par Deer Heart Films Ltd

2e prix spécial du jury :
"THE PRICE OF PEACE", réalisé par Kim Webby et produit par Christina Miligan, Roger Grant et Kim Webby

3e prix spécial du jury :
"TUPAIA", réalisé par Lala Rolls et produit par Oceania Film, Island Film Productions et Polynésie 1ère

Prix du public :
"HIP HOP-ERATION", réalisé par Bryan Evans et produit par Alex Lee et Paula Jones

Prix du meilleur court-métrage océanien :
"FIXED", réalisé par Codey Wilson et Burleigh Smith et produit par Rob Viney et Burleigh Smith

Abderrahmane Sissako, cinéaste et président du jury : "Je suis très sensible à la beauté de l'Océanie"

Réalisateur, scénariste et acteur, Abderrahmane Sissako a été le premier cinéaste africain à obtenir en 2015 le César du Meilleur réalisateur pour "Timbuktu", qui a reçu sept statuettes au total. Avec l'aide de six autres personnalités, le président du jury a eu la lourde responsabilité de primer les meilleurs films. Avant son retour demain, il nous confie ses impressions à l'issue des délibérations.


Quel bilan tirez-vous de ce cru 2016 ?
Je tiens à souligner que tous les membres du jury ont été heureux de vivre cette 13e édition marquée par une sélection très riche, tant par la qualité que la diversité des films proposés. Nous ne nous sommes pas ennuyés une seconde, alors que nous devions regarder trois films par jour.

Sur quels critères avez-vous attribué vos prix ?
Les films doivent nous toucher, susciter des émotions en chacun de nous, avec une forme qui accompagne le fond. Je me considère avant tout comme spectateur et non juge. Les documentaires parlent du monde, des problèmes sociaux, etc., et je trouve qu'il y avait un bel équilibre entre les sujets sur l'identité et ceux traitant l'Histoire.

Les membres du jury ont-ils dû débattre longuement pour départager les lauréats ?
Nous avons passé trois heures ensemble pour mener ces délibérations. Il a fallu nous retrouver et faire le bilan des jours écoulés. Il y avait 11 films en compétition, donc nous avons échangé sur chacun d'entre eux, nous nous sommes tous exprimés afin de nous mettre d'accord sur le grand prix et les trois autres prix spéciaux.

Qu'est-ce qui a retenu votre attention dans le film lauréat du Grand Prix ?
Encore une fois, il faut que le documentaire nous emporte dans une émotion. Aussi, nous avons tous nos subjectivités, donc l'important pour un film est surtout de participer à un festival comme celui-ci.

Quel regard portez-vous sur l'Océanie ?
Je connaissais déjà un peu la région pour m'y être intéressé au travers des reportages ou des ouvrages, et je dois dire que je suis très sensible à la beauté de l'Océanie. L'identité océanienne est bien reflétée dans les films de ce cru 2016. Il y a encore de nombreux de combats à mener, d'autres à défendre, ce beau voyage permet de comprendre certains aspects culturels fondamentaux.

Quelles impressions retiendrez-vous de la Polynésie ?
J'ai rencontré un peuple chaleureux, doux et conscient de son identité, malgré sa peur de la perdre Les valeurs véhiculées sont profondes et j'ai été particulièrement touché par la gentillesse et la tendresse des Polynésiens. J'ai envie de revenir, d'aller plus loin dans ma curiosité…

Quels sont vos projets désormais ?
J'ai eu une année très chargée en portant le film "Timbuktu". Je vais maintenant me pencher sur l'écriture d'un nouveau projet consacré à la Chine et l'Afrique, autour des relations humaines.
Le film "Tupaia", fruit d'une collaboration entre Ma'ohi et Maori, a obtenu le 3e prix spécial du jury.
Le film "Tupaia", fruit d'une collaboration entre Ma'ohi et Maori, a obtenu le 3e prix spécial du jury.

Rédigé par Dominique Schmitt le Vendredi 5 Février 2016 à 18:41 | Lu 1738 fois