Tahiti Infos

Fibres naturelles, basse technologie: les drôles de bateaux de l'ingénieur écolo


Paris, France | AFP | jeudi 11/12/2014 - Loin des monstres de technologie des grandes courses à la voile, ses bateaux à lui sont en fibre naturelle: Corentin de Chatelperron, ingénieur écolo de 31 ans, imagine des systèmes de fabrication simples, économes et non polluants pour remplacer la "high tech" énergivore.

Pour 2015, il travaille sur un projet intitulé "Nomade des mers". Ce sera le nom d'un catamaran et laboratoire "low-tech" (basse technologie) de 50 pieds, en fibre de jute et de lin, prévu pour un tour du monde de 3 ans.

Son ambition: répondre aux besoins de base via des innovations de basse technologie. Une plate-forme de recherche collaborative s'adressant aux inventeurs de tout poil a été lancée sur internet (www.nomadedesmers.org), listant une cinquantaine de thèmes de recherche: cultiver des légumes hors-sol, produire sa propre électricité, fabriquer son savon, se nourrir d'algues, dessaler l'eau de mer...

"Innovation peut rimer avec low tech", assure à l'AFP celui qui a déjà planché ces dernières années sur les possibilités de remplacement du verre par le jute dans la composition d'alliages destinés à l'industrie.

Originaire du Morbihan, c'est à des milliers de kilomètres de l'Hexagone, au Bangladesh, que Corentin de Chatelperron trouve sa vocation en 2009 et décide de mettre ses connaissances d'ingénieur au service de l'écologie.

A Chittagong, sur le golfe du Bengale, il rejoint un petit chantier de construction navale et se met au travail pour utiliser la fibre de jute dans la construction d'un voilier.

Le Bangladesh est le plus gros producteur de ce végétal naturel dont la culture, qui fait vivre une trentaine de millions de personnes, bat de l'aile avec la concurrence de la fibre de verre, plus onéreuse et à la production énergivore.

- 'Alternative naturelle' -

"Cette alternative naturelle peut présenter des avantages écologiques et économiques importants pour ce pays très pauvre", estimein de Chatelperron.

Le quasi profane de la mer construit d'abord un bateau de 9 m en composite de jute (40%) et résine de polyester puis le soumet à de lourdes conditions de mer, du Golfe du Bengale jusqu'en France.

Le prototype, Tara-Tari, parvient à bon port à La Ciotat en 185 jours, après 14.000 km de navigation, en parfait état. Démontrant la fiabilité et résistance de la fibre naturelle.

De Chatelperron n'en reste pas là. Entouré d'un groupe de jeunes ingénieurs français, il parvient à faire sortir du chantier de Chittagong en 2013 un nouveau bateau de 6,50 m, Gold of Bengal, premier voilier au monde à 100% en composite de fibre naturelle (alliage de fibre de jute et résine).

Il en teste la fiabilité et la résistance lors d'une "robinsonnade" à voile de six mois en 2013, dans le Golfe du Bengale et ses îles désertes, entre Bangladesh, Indonésie et Malaisie.

Gold of Bengal devient son bateau laboratoire: il construit à son bord une petite serre pour la culture de légumes hors-sol (hydroponie), embarque deux poules pour les oeufs, un petit réchaud à bois à basse consommation et un four solaire faits de bric et de broc, un désalinisateur manuel...

Autant d'inventions qui l'ont amené à réfléchir au projet "Nomade des mers": "Le monde du low tech est à peine exploré, le potentiel de développement est énorme", assure-t-il.

Rédigé par () le Vendredi 12 Décembre 2014 à 05:58 | Lu 1158 fois