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Festival électro à Papeete avec Joachim Garraud : "Je vais faire voyager très loin le public tahitien !" - Interview exclusive


Joachim Garraud a été élu notamment meilleur DJ français, meilleur producteur français et 3e DJ mondial. Il est aussi à l'origine du label "Fuck Me I’m Famous" avec David Guetta.
Joachim Garraud a été élu notamment meilleur DJ français, meilleur producteur français et 3e DJ mondial. Il est aussi à l'origine du label "Fuck Me I’m Famous" avec David Guetta.
PAPEETE, le 5 décembre 2016 - Vendredi prochain, l'un des meilleurs DJs mondiaux et producteur notamment de David Guetta va enflammer la rue Jeanne-d'Arc, qui sera entièrement bloquée pour accueillir le festival électro en plein cœur de Papeete. Avant de vivre cet événement hors norme, organisé par Synergence Events et pour lequel 3 000 spectateurs sont attendus, Joachim Garraud s'est confié en exclusivité à Tahiti Infos. L'artiste français, qui a de la famille à Bora Bora, a grande hâte de découvrir la Polynésie et de faire danser le public tahitien !


Comment est née votre passion pour la musique ?
J'ai eu la chance d'avoir des parents qui m'ont inscrit tôt au Conservatoire de Nantes, donc j'ai eu une formation en musique classique (percussions et piano) à partir de six ans. Pendant environ douze années, j'ai ainsi appris les bases de la musique d'une façon traditionnelle.

Pourquoi avoir choisi l'électro en particulier ?
Adolescent, j'ai commencé à me sentir isolé dans cette formation de musique classique et j'étais très attiré par les machines et les ordinateurs. J'ai découvert la possibilité de faire de la musique par ordinateur quand j'avais 13-14 ans, et je m'y suis alors consacré exclusivement. À l'époque, c'était plus de la musique qui ressemblerait à celle qu'il y avait dans les jeux vidéo à la fin des années 1980… (Rire) C'était de l'électro très expérimentale en fait ! C'est la combinaison de ma passion pour la musique électronique et de mon envie de faire danser les gens qui m'a poussé vers l'électro. J'étais aussi en parallèle DJ très tôt ; à 16 ans, j'animais des soirées et des fêtes d'anniversaire dans le garage de mes parents.

DJ, remixeur et producteur, vous avez de nombreuses casquettes…
C'est vrai que j'ai la chance d'avoir une vie très riche, entre le fait de produire et de composer de la musique pour moi-même ou pour d'autres personnes. Aller ensuite me produire en spectacle, c'est toujours un réel plaisir d'allier plusieurs métiers avec cette passion de la musique qui m'anime depuis tout petit.

Quels sont les événements les plus marquants de votre carrière ?
Il me faudrait quelques heures pour tout dire… Je vais donc classifier cela en plusieurs chapitres. D'abord, le chapitre "Rencontres", car c'est toujours important de croiser des gens. Ma première rencontre marquante est celle avec Serge Gainsbourg, quelques semaines avant qu'il décède malheureusement, alors que j'avais eu l'opportunité de réaliser un mix - qui est d'ailleurs devenu officiel - de sa discographie "Requiem pour un con". Être en tête-à-tête avec une telle icône, aussi jeune, marque forcément. J'ai aussi rencontré Jean-Michel Jarre à la fin des années 1990, avec qui je continue de collaborer depuis 18 ans maintenant. Le 31 décembre 1999, je me suis produit aux pyramides du Caire pour son spectacle devant 2,4 milliards de téléspectateurs, c'était grandiose ! Par ailleurs, en 2000, j'ai invité à mon studio David Guetta, DJ comme moi à Paris, pour partager ensemble notre musique ; cela a été également une rencontre déterminante, puisque cela m'a permis de démarrer une carrière plus orientée dans la création de la musique. Dans le chapitre "Événements marquants", je retiendrais par exemple celui de la Love Parade, à Berlin, lors de laquelle j'ai fait danser deux millions de personnes ; c'est l'un des festivals les plus emblématiques pour l'électro. C'était donc quelque chose d'extraordinaire pour moi, cela m'a marqué à vie. Je citerais en outre le fait de se retrouver sur scène devant 20 000 spectateurs au Festival Inox Park en région parisienne que j'ai eu la chance de lancer en 2010. C'est grisant d'être sur un événement que l'on monte de bout en bout, en étant à la fois artiste mais aussi producteur, programmateur, dessinateur de la scénographie, etc. C'était un rêve pour moi de pouvoir tout proposer au public : de l'audio, de la vidéo, un show synchronisé, et le tout dans un lieu prédéfini. Et puis, bien sûr, mon passage à Tahiti sera un moment important. Je suis très excité, j'ai hâte de rencontrer le public tahitien !




Le DJ utilise le concept "Space Invader" en signe de ralliement.
Le DJ utilise le concept "Space Invader" en signe de ralliement.
"Ma grand-mère est née à Bora Bora, j'ai encore de la famille là-bas"


Comment définiriez-vous votre style ?
C'est de la musique électro, house, voire teck house. Ce qui différencie surtout mon style est le fait que je joue en "live" d'un instrument qui est une sorte de clavier qu'on porte comme une guitare, et qu'on appelle "keytar" (contraction en anglais de "keyboard" et "guitar"). C'est ma signature et cela me permet de faire une réelle improvisation, une interprétation avec le public, rendant plus accessible une musique qui est parfois encore considérée comme très "underground". Ma musique est aussi extraterrestre, puisque les gens de ma communauté sont des "space invaders". Ce sont des personnes positives, qui aiment faire la fête, et la musique avant tout.

Entretenez-vous toujours de bonnes relations avec David Guetta et Bob Sinclar ?
Bien sûr, même si je ne fais plus de musique avec Guetta depuis cinq ans. Mais en neuf ans de collaboration, nous avons réalisé pas moins de 119 titres ensemble, c'était intense ! Aujourd'hui, David travaille avec une plus grosse équipe, tandis que j'ai voulu garder une certaine liberté de mon côté plutôt que de bosser pour une seule personne. Cela me permet de faire, entre autres, de la musique avec Bob Sinclar, que je vois d'ailleurs samedi prochain (le 26 novembre dernier, ndlr) pour enregistrer un artiste américain. Je continue à produire de la musique pour Bob Sinclar de façon régulière, de la même façon que je collabore avec plein d'autres artistes. Je peux être simplement producteur et compositeur sans être artiste, comme pour le prochain album de Vitalic qui sort en janvier 2017. Je m'éclate dans le métier dans plusieurs styles, car j'aime beaucoup de musiques différentes et cela assouvit ma soif permanente.

C'est la première fois que vous venez à Tahiti ?
Oui, et pour l'anecdote, ma grand-mère est Polynésienne, elle est née à Bora Bora, vous êtes les premiers à le savoir, je n'en avais jamais encore parlé ! Mais je n'ai pas pu, malheureusement, aller la voir avant son décès. Je n'ai donc jamais eu l'occasion de venir chez vous, et c'est un peu mon seul regret, d'autant que j'ai encore un peu de famille là-bas. Je suis très heureux de venir faire mon concert le 9 décembre, c'est un lieu paradisiaque et qui est aussi chargé de beaucoup d'histoires pour moi… J'essaie d'ailleurs de retrouver des cousins que je n'ai jamais vus, pour les faire danser à Papeete. On m'a parlé d'un spot incroyable et dit que les Polynésiens adoraient l'électro.

Qu'attendez-vous de votre séjour en Polynésie ?
J'attends beaucoup de choses. Tout d'abord, je souhaite faire une belle fête, c'est mon objectif N°1. Je vais faire voyager très loin le public tahitien, le séduire… pour revenir rapidement ! J'aimerais aussi rencontrer des gens de ma famille ou ceux qui me sont très proches. J'ai vraiment envie de vivre une première fois très excitante en Polynésie. Je reste trois jours ici, puis j'irai jouer au Japon. J'adorerais avoir le temps d'aller à Bora Bora, là où a vécu ma grand-mère, et si possible visiter les îles. C'est un endroit fantastique et unique au monde, donc je crois que je ne vais même pas dormir pour profiter à fond de mon séjour ! (Rire)

Vous avez l'habitude de vous produire devant des millions de personnes parfois, alors venir dans notre petit coin de paradis, c'est plutôt un plaisir qu'un point de passage obligé ?
C'est vrai que je me suis produit lors de gros événements, mais je joue également dans des clubs, donc au sein d'espaces plus petits. Peu importe la taille de la scène finalement, c'est surtout le public qui est essentiel, et j'attends beaucoup des Polynésiens parce que je sais que ce sont des gens très chaleureux. Parfois, il vaut mieux jouer devant 3 000 personnes dans un état d'esprit fraternel que 300 000 personnes qui sont blasées… C'est pour cela qu'il ne faut pas sous-estimer le plaisir ni le quantifier uniquement en fonction du nombre d'individus qui sont devant soi. La qualité du public joue beaucoup, surtout pour une première fois lorsqu'on est attendu et que l'on doit faire ses preuves. Il y a comme un rapport de séduction et c'est important de le prendre en compte. Ce n'est pas un point de passage obligé, j'ai attendu d'avoir la bonne offre. En effet, j'ai eu d'autres propositions auparavant mais je les ai toutes déclinées car ce n'était pas très bien organisé. Ce qui me plaît énormément dans la fête que nous ferons le 9 décembre, c'est que l'organisation est professionnelle, que toute l'île y participera et qu'une rue entière sera bloquée. C'est un événement populaire, dans le bon sens du terme, c’est-à-dire que cela devrait plaire à un maximum de gens. Je suis encore une fois très heureux de venir pour cela, ce sera une vraie fête !

Qu'allez-vous réserver au public local dans votre "show live" ?
Je vais ramener des choses, et notamment des cadeaux, et surtout essayé d'embarquer les Polynésiens dans mon univers. Musicalement, je jouerai beaucoup de titres que je viens de produire qui font partie de mon nouvel album "96/24", très électronique et même à consonance techno. Je vais aussi faire de la musique en "live" avec mon instrument et également beaucoup improviser sur place. C'est cela qui est bien : en fonction de la réaction du public et de mon ressenti, je m'adapte et je le fais voyager plus ou moins loin selon ses affinités. Il y aura pas mal d'autres surprises, je suis donc obligé de ne rien dire pour mieux vous les réserver…

Vos prochains projets ?
Je travaille sur deux albums actuellement. Un premier, électronique et très dancefloor, qui est réalisé en collaboration avec différents DJs français et américains et qui devrait sortir en mars prochain chez Dim Mak Records, le label de Steve Aoki. Je vais également sortir un autre opus personnel, sûrement avant l'été 2017, très spécifique, expérimental, avec de la musique concrète. Comme dit plus tôt, je continue également à travailler avec Bob Sinclar et Vitalic, mais aussi beaucoup avec Jean-Michel Jarre pour améliorer encore son spectacle en 3D, qui tourne un peu partout en Europe et qui va débarquer aux États-Unis l'année prochaine. Je prends par ailleurs du temps sur moi pour produire pas mal de jeunes artistes. Les projets ne manquent pas.

Un message pour les mélomanes polynésiens ?
Chers amis "space invaders" polynésiens, j'ai hâte de vous retrouver pour une belle fête le 9 décembre. C'est ma première fois en Polynésie, je compte sur vous, j'ai hâte de vous voir. C'était Joachim Garraud, en direct de la soucoupe, à bientôt, salut !


Il est actuellement à l'affiche des plus gros clubs et des plus grands festivals internationaux.
Il est actuellement à l'affiche des plus gros clubs et des plus grands festivals internationaux.
Bio express

Après avoir débuté sa carrière fin 1989 aux côtés de Laurent Garnier, il s'affirme rapidement comme l'un des pionniers du numérique en créant son propre studio d'enregistrement. De 1993 à 1997, il participe au Festival Techno Manchester à Berlin et devient par ailleurs DJ résident au Queen à Paris. Le 31 décembre 1999, il mixe devant 2,4 milliards de téléspectateurs en direct des pyramides du Caire et obtient alors la consécration. Il produit par la suite le son du spectacle et de l'album de Jean-Michel Jarre, "Métamorphoses". Avec David Guetta, il coproduit en 2001 l’opus "Just a Little More Love", sacré disque d’or, puis en 2003 et 2004, les tubes "Money" et "The World is Mine". Il crée en 2005 le label "Fuck Me I’m Famous" avec David Guetta. Élu meilleur DJ français en 2007 et DJ house électro de l’année, il devient le parrain de la Technoparade qui bat un record d’affluence. En 2008, il sort son premier album : "Invasion" et entame une tournée mondiale de plus de 50 dates. Il regroupe autour de lui une communauté dont le signe de ralliement est un Space Invader. L'un de ses slogans est "Now you know the truth : Space Invaders are Back". Il est bientôt récompensé du titre de meilleur producteur français, avant de partir aux quatre coins du monde avec le "World DJ Tour by Joachim Garraud". À la fin de cette tournée, il est alors classé 3e DJ mondial. Ses deux autres albums s'intitulent "Invasion 2011" et "96/24" (2015). Il est actuellement à l'affiche des plus gros clubs et des plus grands festivals internationaux.

Festival électro à Papeete avec Joachim Garraud : "Je vais faire voyager très loin le public tahitien !" - Interview exclusive
Infos pratiques

Vendredi 9 décembre

Guest star : Joachim Garraud
Avec les DJs Sam, T-unit, Mr olSon, Esteban et Temae Records

De 17 heures à 1 heure : festival rue Jeanne-d'Arc
De 1 heure à 5 heures : accès à l'Helios pour les VIP

Billets en vente à l'agence Synergence (Papeete), Bose centre Vaima et sur www.synergence.pf
Tarifs : 2 000 Fcfp (pré-vente) ; 3 000 Fcfp (sur place) ; 5 000 Fcfp (VIP)
Interdit aux mineurs

La rue Jeanne-d'Arc sera bloquée pour accueillir la scène géante du festival ; des services de police et de pompiers, ainsi que des agents de sécurité seront aussi déployés.
La rue Jeanne-d'Arc sera bloquée pour accueillir la scène géante du festival ; des services de police et de pompiers, ainsi que des agents de sécurité seront aussi déployés.


Rédigé par Dominique Schmitt le Lundi 5 Décembre 2016 à 08:58 | Lu 6070 fois