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Festival Hoho'a Nui - Antoine Poupel : "La photographie, c'est écrire ou dessiner avec la lumière"


Ces photographies sont tirées de la série "Saison 5", commandée pour une grande exposition au Nexus Hall de Ginza, à Tokyo.
Ces photographies sont tirées de la série "Saison 5", commandée pour une grande exposition au Nexus Hall de Ginza, à Tokyo.
PAPEETE, le 25 avril 2017 - Autre invité de marque aux côtés de Laurent Ballesta (lire notre édition d'hier), ce photographe professionnel est présenté comme l’un des "101 meilleurs artistes contemporains en France" par la revue Art Absolument et s'inscrit incontestablement dans le marché de l’art à l’international. Ancien pensionnaire à l’Académie de France à Rome, lauréat de la bourse de la villa Médicis, Antoine Poupel se confie sur ses relations entre la photographie et la peinture alors qu'il animera, vendredi, une conférence au Petit théâtre.


Pouvez-vous vous présenter au public polynésien ?
Je suis né au Havre en 1956. C’est dans cette ville chargée d’histoire que j’ai fait mes études, en particulier l’école des beaux-arts, où j’ai pu souvent montrer mon travail sous forme d’expositions.

Comment est née votre passion pour la photographie ?
J’ai commencé la photographie juste avant d’entrer à l’école des beaux-arts du Havre en 1976. J’ai senti une facilité naturelle à prendre des photographies, d’abord avec l’appareil de mon père. Puis pendant mes études, j’ai appris les différentes techniques permettant de créer. Le thème de mon diplôme était les relations entre la photographie et la peinture.

Qu'est-ce que vous préférez avant tout dans cet art ?
Revenons à l’étymologie de la photographie, "écrire ou dessiner avec la lumière" ; cela implique la notion d’auteur, et ouvre une grande liberté à ce médium. La photographie permet d’avoir un regard sur le monde et elle permet aussi de rencontrer de nombreuses personnes à travers des portraits, des travaux de commandes ou des projets plus personnels sur des thèmes choisis.

Quels thèmes allez-vous aborder lors de votre conférence vendredi ?
Un parcours de vie et d’images fait de rencontres et d’accidents. À travers de nombreux thèmes et voyages, je montrerai les possibilités photochimiques et d’intervention numérique lié à ce médium. Je présenterai aussi le travail réalisé pendant vingt-cinq ans avec les compagnies Zingaro (théâtre équestre, ndlr) et Crazy horse.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes et aux autres s'ils souhaitent se lancer dans cette voie ?
Qu’ils s’arment de volonté, de patience et d’ouverture au monde ; qu'ils soient à l’aise dans le relationnel, curieux, et surtout que ce soit d’abord une passion. Il leur faudra trouver des particularités, car tout le monde fait de la photographie et la technique n’est plus un problème ; par contre, il faut avoir ce qu’on appelle "un regard". Ce n’est pas parce qu’on a un stylo qu’on est écrivain, et ce n’est pas parce qu’on a un appareil photo qu’on est un auteur. La photographie n’est pas qu’une technique. Tout dépendra de l’ambition de chacun. On peut être heureux aussi en faisant de la photographie simplement comme amateur (celui qui aime) et non en professionnel. La vie décidera, et si on peut l’aider, c’est mieux.

"La religion et le surnaturel m’ont toujours fasciné et intéressé"

Pour ce passionné, dans la photographie, "il est bien question de peindre, de dessiner".
Pour ce passionné, dans la photographie, "il est bien question de peindre, de dessiner".
Est-ce la première fois que vous venez en Polynésie ? À quoi vous attendez-vous et avez-vous projeté de réaliser des shootings photo dans nos îles ?
Oui, c’est la première fois que je viens en Polynésie française, je connais juste Hawaii. Je suis heureux de pouvoir découvrir, grâce à ce festival, cette région fantasmatique. Ayant beaucoup travaillé sur la danse, et les rituels, en particulier chamaniques, j’aimerais pouvoir réaliser quelques images en Polynésie. J’aime pouvoir essayer de capter votre culture et des énergies, que je pourrais retranscrire dans un travail artistique. Je pense bien sûr aux rituels chamaniques et au tamure, par exemple. La religion et le surnaturel m’ont toujours fasciné et intéressé. J’ai travaillé sur la religion catholique, les extases, les miracles. J’espère donc vos soutiens pour pouvoir m’introduire dans ces milieux qui peuvent être fermés à un "étranger" !

Quels sont les moments les plus marquants dans votre carrière ?
Le fait d’avoir gagné le concours pour être pensionnaire à l’Académie de France à Rome pendant un an en 1985 m’a aidé, ainsi qu’une bourse qui m’a amené au Mexique. L’Italie et le Mexique m’ont beaucoup inspirés. Depuis une quinzaine d’années, je travaille sur le Japon. Beaucoup de photographies et d’expositions ont lieu dans ce pays. D’ailleurs, la série "Saison 5" qui est présentée au festival est tirée d’une commande de Chanel Japon, pour une grande exposition au Nexus Hall de Ginza, à Tokyo. Un projet de portraits de personnalités au début des années 1990, m’a fait rencontrer deux personnes qui ont marqués ma carrière, Bartabas et Alain Bernardin. Cela fait maintenant vingt-cinq ans que je suis l’histoire de ces célèbres institutions, une histoire partagée de travail et d’amitiés.

Des anecdotes ?
Trop pour les écrire, mais il sera sûrement possible d’en parler avec le public pendant le festival.

Vos prochains projets ?
Un nouveau livre sur le Crazy Horse, et sur le cabaret Michou, mais ce ne sont que des projets éditoriaux qui attendent des confirmations. Et aussi quelques expositions, en France, en Belgique et en Allemagne, qui seront présentées cette année.

Un dernier mot ?
Je suis impatient de partager ma passion avec vous !

Infos pratiques

Antoine Poupel partage aujourd’hui sa vie entre la France et le Japon, pays dans lequel il jouit d’une forte reconnaissance artistique.
Antoine Poupel partage aujourd’hui sa vie entre la France et le Japon, pays dans lequel il jouit d’une forte reconnaissance artistique.
Festival Hoho'a Nui (entrée libre)
Jusqu'au 30 avril
Espaces du Musée de Tahiti et des îles, de la Maison de la culture, de l'esplanade basse de To’ata et de l'Université de la Polynésie française
Contact : 40 544 544 (Maison de la culture) / 40 54 84 35 (Musée de Tahiti et des Îles) / 40 803 803 (Bibliothèque universitaire)
FB : HOHO’A NUI / www.maisondelaculture.pf

Conférence d’Antoine Poupel
Vendredi 28 avril, de 18 heures à 19h15
Petit théâtre

Rédigé par Dominique Schmitt le Mardi 25 Avril 2017 à 17:14 | Lu 1701 fois