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Epidémie de gastro-entérites aiguës virales : des recommandations aux professionnels de santé


PAPEETE, le 28 août 2015. Pour faire face à l'épidémie actuelle de gastro-entérites aiguës virales (rotavirus prédominant), le Bureau de veille sanitaire publie ce vendredi un long message de recommandations adressées aux professionnels de santé afin qu'ils puissent apprécier avec justesse la prise en charge médicale des malades, en particulier des jeunes enfants, et pour lutter contre les risques de déshydratation.


Après deux décès survenus chez des enfants de 5 et 7 mois ayant présenté un tableau clinique de gastro-entérite aiguë (l'un la semaine dernière à Taravao et l'autre à Moorea cette semaine), un groupe de travail constitué de personnels de la Direction de la santé et du Centre hospitalier du Taaone a émis de longues recommandations à l'égard des professionnels de santé. Il est rappelé tout d'abord que les gastro-entérites aiguës (GEA) infectieuses restent fréquentes chez les nourrissons et les jeunes enfants. En France, le rotavirus est responsable chaque année de 300 000 épisodes de diarrhée aiguë chez les enfants de moins de 5 ans et de 9 à 12 décès par déshydratation.

Les gastro-entérites aiguës sont très majoritairement d’origine virale. Si le rotavirus est l’agent le plus souvent responsable, d’autres virus peuvent être en cause (adénovirus, entérovirus, coronovirus, astrovirus, calicivirus). La contagiosité du rotavirus est extrême ce qui explique la fréquence des épidémies. En Polynésie française, c’est également le rotavirus qui est le plus souvent responsable des épidémies récurrentes.

Les modalités de prise en charge de la gastro-entérite préconisent toutes une réhydratation orale par des solutés de réhydratation orale (SRO) suivie d’une réalimentation précoce dont les modalités dépendent de l’âge de l’enfant et du type d’alimentation antérieure. En l’absence de déshydratation aiguë sévère, la prise en charge repose essentiellement sur la correction des pertes en eau et en électrolytes par l’utilisation de SRO. Les médicaments anti-diarrhéiques ne sont que des adjuvants visant à améliorer le confort des patients. La prescription d’un médicament anti-diarrhéique ne doit donc en aucun cas se substituer aux mesures de
réhydratation. Dans tous les cas, les enfants atteints de gastro-entérite aiguë nécessitent une surveillance et une réévaluation clinique de l’efficacité et de la tolérance du traitement.

La principale complication de cette maladie virale est la déshydratation liée à un déséquilibre dans la balance « entrées »
(apports oraux) – « sorties » (pertes digestives par vomissements et selles liquides). L’enjeu de la prise en charge est la reconnaissance précoce et la prise en charge adaptée de la déshydratation.

Au sujet de l’appréciation du risque de survenue ultérieure d’une déshydratation sévère pour laquelle les parents consulteraient trop tard, il faut prendre en compte le jeune âge de l'enfant concerné (< 6 mois) ; la fréquence des selles (+ de 8 par jour) ; la fréquence vomissements (+ de 2/j avant 1 an ou + de 4 après 1 an) ; l'absence de la prise de soluté de réhydratation oral ou le refus alimentaire ; les capacités de réaction des parents ainsi que celles à assurer des mesures thérapeutiques simples et une surveillance fiable.

Le diagnostic de déshydratation est clinique et ne nécessite pas la réalisation d’examens complémentaires. Les premiers signes apparaissent pour une perte de poids d’environ 3% et le nombre de signes augmentent avec l’importance de la déshydratation. La présence d’au moins trois signes représenterait le meilleur compromis pour la prédiction d’une déshydratation supérieure à 5% (voir tableau ci-dessous). La principale complication d’une déshydratation aigue est le choc hypovolémique, qui est une urgence
vitale, car non corrigé, il entraîne rapidement une défaillance multiviscérale. Les décès sont dus à l’absence de traitement adéquat de la déshydratation aiguë et de correction des déséquilibres électrolytiques. Les facteurs de risque de décès sont dominés par les
conditions socio-économiques défavorables (mère très jeune, vivant seule, avec un faible niveau d’études).

La décision d’hospitaliser ou non se fonde sur :
- l’existence ou non d’une déshydratation et la rapidité d’installation des signes
- la perte de poids est habituellement considérée comme la mesure la plus fiable, mais elle est rarement disponible lors de la première consultation.

Les enfants avec une déshydratation légère à modérée, sans facteurs de risque de déshydratation sévère sont pris en charge en ambulatoire. Outre la prescription de SRO et éventuellement d’anti-pyrétiques, il est nécessaire de donner aux parents :
- les conseils de surveillance à domicile : noter les quantités de SRO bues, le nombre de selles et de vomissements, la température
- les consignes pour re-consulter : persistance des vomissements, et/ou refus de boire, respiration rapide, yeux creux ou cernés, somnolence inhabituelle, modification du comportement de l’enfant.

Les enfants avec une déshydratation modérée et à haut risque de développer une déshydratation doivent être surveillés attentivement au cours d’une hospitalisation de courte durée pour une durée d’au moins six heures, afin de s’assurer de l’efficacité de la réhydratation. La réhydratation orale est à privilégier et en cas d’échec sera discutée le recours à une hydratation intraveineuse
ou par sonde naso-gastrique. Les enfants avec une déshydratation sévère voire choc hypovolémique nécessitent une prise en
charge en urgence et transfert en milieu hospitalier pour réhydratation intra-veineuse +/- correction des
troubles hémodynamiques.


*Rappel Diarrhées : au moins 3 selles liquides ou molles / jour, datant de moins de 14 jours ET motivant la consultation.





Evaluation clinique de la déshydratation
Evaluation clinique de la déshydratation

Rédigé par D'après communiqué Bureau de veille sanitaire le Vendredi 28 Août 2015 à 17:12 | Lu 3703 fois
           



Commentaires

1.Posté par Taïna le 31/08/2015 08:06 (depuis mobile) | Alerter
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À qui s''adresse votre article? Certainement pas au large public. Davantage de simplicité serait bienvenue pour atteindre et informer un maximum de la population au sujet de la GEA.