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En Guyane, des oiseaux contaminés au mercure


Cayenne, France | | mardi 31/03/2015 - Une pré-étude scientifique, non encore rendue publique, menée par le CNRS et l'université de la Rochelle révèle des taux de contamination au mercure très élevés dans les six communautés d'oiseaux de la seule aire marine protégée du plateau des Guyanes.

Il s'agit de la première campagne de prélèvements de ce genre en Guyane, réalisée sur les colonies aviaires de la Réserve naturelle de l'île du Grand Connétable, située à 15 km au large de l'Est de la Guyane. Cette île de 3 hectares est la seule colonie d'oiseaux marins sur plus de 3.000 km de côtes.

"On a mesuré les taux de mercure et là on a été surpris. On fait les mêmes travaux en Arctique, dans les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), aux Seychelles et à la Réunion et on s'est aperçus très vite que globalement, toutes espèces confondues, les taux de mercure étaient importants et que certaines espèces sont très, très chargées", a expliqué Olivier Chastel (CNRS) au site internet local Guyaweb.

"Le Grand Connétable abrite l'essentiel de la population mondiale de sternes royales. Si il y a un problème pour cette espèce, il y aura un grand problème au niveau mondial", a affirmé le chercheur. Ce site est le seul gîte des oiseaux marins, du Nord Brésil jusqu'aux Caraïbes.

Deux groupes apparaissent : "ceux vraiment contaminés comme la frégate, la mouette atricille et la sterne royale et les modérément contaminés que sont le noddi brun, la sterne de Cayenne et la sterne fuligineuse", a précisé le scientifique. "Quand on compare les résultats du noddi brun avec l'étude aux Seychelles, il est deux fois plus contaminé. On est proche des niveaux en Terre Adélie, où les niveaux ne sont pas neutres. Pour les frégates, c'est trois fois plus fort."

Les raisons de ces taux élevés ne sont pas encore expliquées. Olivier Chastel ne confirme pas l'éventualité d'une contamination par le mercure utilisé par les orpailleurs le long des fleuves pour amalgamer l'or. Mais rien n'écarte cette hypothèse.

"On sait qu'à partir de 2 picogrammes par gramme de matière sèche, chez les oiseaux étudiés dans le Spiztberg (île norvégienne) et dans les TAAF, on observe des effets sur la reproduction, sur la prolactine (utile à la couvaison). La frégate se retrouve à 6 picogrammes. Donc on a quand même des niveaux globalement forts", a relevé M. Chastel. "Est-ce que ça leur fait quelque chose ? Pour l'instant on ne le sait pas".

Les deux campagnes d’échantillonnages ont été menées en juin et juillet 2013.

Rédigé par () le Mardi 31 Mars 2015 à 07:07 | Lu 351 fois