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Deux coureurs de marathons se préparent pour un "ultra-trail" de 522 km


The Track outback Race, en 2013
The Track outback Race, en 2013
PAPEETE, le 12 mars 2015 - 522 km en plein désert australien, avec 12 kilos sur le dos, en 9 étapes sur 10 jours : c'est un enfer que se préparent Philippe Mainal et Patrick Candé. Mais pour eux, c'est un rêve qui se réalise. Les deux Polynésiens vont participer avec une vingtaine d'autres fous furieux à cette course, l'une des plus dures au monde.


La Track Outback Race n'est pas une course pour les jambes flageolantes : "Pendant 10 jours on sera coupés du monde. On va devoir partir avec 12 kilos sur le dos, soit 5 jours d'autonomie en nourriture et tout notre bivouac. Pour l'eau, je vais partir avec trois litres, et sur le chemin et tous les soirs ils nous ravitailleront avec 4 à 6 litres d'eau, sauf pour la dernière étape qui dure 127 kilomètres, là nous auront 18 litres chacun" s'enthousiasme Philippe Mainial, un fana de courses d'endurance, géomètre de son état, qui enchaîne les courses de fond depuis 20 ans.

Il part pour cette compétition de folie avec son complice Patrick Candé, un autre coureur, comme lui adepte des "ultra-trails", c’est-à-dire les courses plus longues que les doubles marathons (donc plus de 80 kilomètres). Cette Track Outback Race en est à sa troisième édition. C'est une course en 10 jours, allant d'Alice Spring à Ayer's Rock, en plein centre du désert australien. Seule une vingtaine de professionnels des courses extrêmes se sont inscrits (à 275 000 Fcfp le droit d'entrée).

Pourtant les deux Polynésiens qui vont relever le défi ne visent aucun podium : "je veux juste arriver. Si on est à la ligne de départ de la dernière étape, ce sera gagné, parce que 127 kilomètres en 34 heures, ça va, sauf gros soucis. Ce qui nous a attiré, c'est la distance, et le fait qu'on ne soit qu'une poignée dans le monde. Dans le Marathon des Sables (230 km), qu'on a fait tous les deux séparément, il y a toujours du monde, il y a une queue de coureurs. Là il n'y aura personne derrière, personne devant, juste les grands espaces."

Juste sa boussole et sa carte

Si pour la sécurité il y aura un checkpoint tous les 20 km avec un médecin, les coureurs seront laissés en autonomie pour toute la course. Pas de balise, radio, téléphone satellite, fusée de détresse, GPS… "On a uniquement une boussole et un roadbook, très complet. Ça ne m'inquiète pas du tout, pour moi il n'y a aucun danger si ce n'est la fatigue musculaire… ou le grain de sable. Après c'est dur, j'en ai vu au Marathon des Sables qui étaient obligés d'arrêter : ils pleuraient…"

Heureusement, les deux coureurs ne sont pas les premiers venus avec 50 ans de course à eux deux. Ils enchaînent les podiums sur les courses de fond polynésiennes, et ont déjà plusieurs "ultras" à leur actif. Patrick Candé est ainsi arrivé troisième au dernier marathon du Pôle Nord, et a fait le Marathon des Sables, le Marathon de l'Antarctique…

Philippe Mainal de son côté participe à une douzaine de courses par an, et est souvent classé en Polynésie. "Depuis 20 ans je privilégie les marathons pour améliorer mon chrono et pour l'entrainement" explique-t-il. "Après je ferai plus d'ultras quand je ne pourrai plus améliorer mon chrono. C'est vrai que c'est connu qu'on fait ses meilleurs temps à 40 ans. Pour moi c'est la fin !" s'amuse-t-il.


Philippe Mainal et Patrick Candé au milieu des deux meilleurs marathoniens français : Philippe Rémond et Dominique Chauvellier
Philippe Mainal et Patrick Candé au milieu des deux meilleurs marathoniens français : Philippe Rémond et Dominique Chauvellier
"On part quoi qu'il arrive"

Les deux coureurs ont "la motivation, l'entrainement est presque fini, et là on cherche des sponsors. J'ai déjà Passeport Gourmand, et je me donne jusqu'à la fin du mois pour en trouver d'autres. Patrick en cherche aussi de son côté." Mais de toute façon, sponsors ou pas, ils vont partir.

Les complices de la piste en profitent pour réaliser un défi commun. Mais leur passion du marathon est plus forte encore que leur amitié : "C'est un luxe de partir à deux. On se connait depuis 10 ans, lui il court depuis 30 ans, moi 20. On va faire la course ensemble, mais si vraiment il y en a un qui ne peut plus et qu'il n'est pas en danger, on est d'accord que l'autre puisse continuer sans lui…"

Et quand Philippe parle de sa passion, on peut comprendre pourquoi il y consacre ses soirées et tous ses week-ends : "Quand je cours, j'ai cette sensation de liberté. Tu vas où tu veux, tu montes, tu descends. Tu peux aller en ville, dans la nature… Et là où on va, il y aura les paysages et les grands espaces !"

Vous aussi, courez un marathon dans 10 semaines

Philippe Mainal nous donne ses conseils pour arriver à courir un marathon avec un chrono de 3h30 : "d'abord l'équipement est primordial. Ensuite, tout repose sur l'entrainement, il en faut beaucoup. Pour pouvoir courir un marathon en 3h30, il faut faire 4 entrainements par semaine, en alternant les jours où on court 12 km, 24 km, et jusqu'à 28 km une fois par semaine. Il faut faire ça pendant 8 à 10 semaines pour être prêt. Et pour préparer un "ultra", il faut courir au minimum 100 km par semaine. Après, le mieux c'est d'avoir une bonne hygiène de vie, même si pour le coup je ne suis pas un bon exemple ! Il faut aussi manger beaucoup de féculents et beaucoup s'hydrater."


Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 12 Mars 2015 à 17:52 | Lu 1415 fois