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Dépression 04F: "Il ne s’agit pas d’être alarmiste, mais prudent", explique Météo-France


Bertrand Grassi, le chef prévisionniste de l'antenne Météo-France de Tahiti-Faaa.
Bertrand Grassi, le chef prévisionniste de l'antenne Météo-France de Tahiti-Faaa.
FAAA, 30 novembre 2015 – Le phénomène météorologique 04F est devenu une dépression tropicale de type faible, tôt lundi matin et devrait évoluer mardi et mercredi jusqu’au stade dit "modéré" en plongeant vers le centre de l’archipel des Tuamotu où il finira sa route.

Les services de Météo-France ont décidé de mettre le Tuamotu-centre en vigilance orange, lundi dans l’après-midi alors que la dépression tropicale faible 04F était encore en train d’évoluer à une vitesse de 15 km/h dans le nord-ouest de Rangiroa après avoir vraisemblablement amorcé sa descente vers le sud. La pression atmosphérique en son centre était alors mesurée à 1003 hPa.

Les zones nord-ouest et centre-nord de l’archipel des Tuamotu sont placées en vigilance orange depuis dimanche matin. Des vents de 70 à 80 km/h avec des rafales de 90 km/h sont à craindre dans la nuit de lundi à mardi au large de Rangiroa, avec une mer "très agitée". Cette dépression tropicale pourrait évoluer jusqu’au stade "modéré" dans la journée de mercredi à proximité de l’atoll de Fakarava. Un vent fort avec des rafales à 110 km/h, une mer avec des creux de 4 mètres et des précipitations importantes sont à craindre.

Selon les estimations de Météo-France, cette dépression ne devrait pas évoluer au-delà du stade modéré. "Elle est sur l’eau chaude mais elle n’y restera pas suffisamment longtemps pour prendre l’énergie d’un cyclone", analyse Bertrand Grassi, le chef prévisionniste de Météo-France.

A ce stade, bien que la dépression ne soit pas encore mature, l’expertise en analyse cyclonique qui est effectuée, maintient une faible intensification du phénomène en excluant le stade de cyclone, précise Météo-France.

El Niño "fort" cette année

Ce phénomène se produit alors que la saison cyclonique 2015 est donnée pour très risquée. Cela est dû au rapprochement particulièrement net, au nord-ouest de la Polynésie française, des nappes chaudes d’un courant El Niño qualifié de fort cette année.

La force du phénomène El Niño est directement liée au risque cyclonique. Les météorologues estiment que cette situation s’accompagne d'une "quasi-certitude d'avoir au moins un cyclone sur la Polynésie française pendant la saison chaude 2015-2016", annonçait fin septembre Victoire Laurent, chef de la division climatologie au bureau de Météo-France. Le risque évalué alors à 90% était présenté comme particulièrement élevé sur les archipels de la Société, des Tuamotu et des Australes.

Après de telles prévisions, la population polynésienne n’attend plus que le jour où ce cyclone tant redouté se produira. Et on peut supposer que cela se passe dans une certaine forme d’anxiété.

Nous avons interrogé Bertrand Grassi, chef prévisionniste, sur la communication faite par Météo-France autour du phénomène 04F dans le contexte d'une saison cyclonique annoncée comme redoutable.

Compte tenu du développement que l’on observe de cette dépression tropicale, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir été alarmiste ?

Bertrand Grassi : En fonction des derniers éléments, c’est peut-être le sentiment que cela pourra donner : on est face à une dépression tropicale de type faible (…). Mais, d’un autre côté si nous n’avions pas communiqué et que nous étions confrontés au même type de dépression, qui donne tout de même des vents relativement forts et une mer agitée, on nous le reprocherait. Il ne s’agit pas d’être alarmiste, mais prudent, parce que ce phénomène météorologique est né et se développe à proximité d’îles fortement habitées.

Dimanche, vous annonciez une évolution très probable du phénomène en dépression tropicale faible. Quels sont les risques pour que cette dépression évolue de faible à modérée ?

Bertrand Grassi : Pour l’instant c’est une dépression tropicale faible qui est à peine détectable en son centre. On pense qu’elle va progresser jusqu’au stade de faible à modéré, c’est-à-dire avec des vents de 70 à 80 km/h en moyenne, des précipitations et une mer assez forte avec des creux pouvant aller jusqu’à 4 mètres.
Il y a aujourd’hui énormément de chances qu’elle reste au stade de dépression faible. Il y a 30 à 40% de risques qu’elle évolue au stade modéré et ce sera très probablement son plafond. Mais il faut garder à l’esprit que, tant qu’elle n’a pas amorcé sa descente, on a beaucoup de mal à savoir quelle a été son alimentation en énergie et pronostiquer le type de dépression qu’elle peut devenir.

Les autorités sont-elles alertées de même que le grand public de ce risque météorologique ?

Bertrand Grassi : Le Haut-commissariat est systématiquement informé de tous les communiqués de presse. Nous sommes régulièrement en communication téléphonique avec leur permanence. On gère cet événement en symbiose. (…)

Avant que la saison dite cyclonique ne démarre il y a quelques semaines, le risque qu’un cyclone se produise cette année était évalué à 90%. Est-on toujours sur les mêmes pronostics ?

Bertrand Grassi : Le risque cyclonique est fort cette année, puisque nous sommes dans un El Niño fort. Nous sommes confrontés à une dépression tropicale mais d’ici la fin de la saison nous avons le temps d’en voir d’autres.
La particularité de cette année est que le risque a commencé très tôt, dès novembre. Qu’il n’y ait pas eu de cyclone pour l'instant ne signifie pas qu’il n’y avait pas de risque. Ce risque demeurera fort jusqu’en mars. Même si El Niño décroit, nous serons toujours dans une phase positive
.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 30 Novembre 2015 à 16:17 | Lu 109495 fois
           



Commentaires

1.Posté par Tiarelantana le 30/11/2015 18:33 (depuis mobile) | Alerter
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Alarmiste? Cop 21 oblige!!!

2.Posté par thank''''s le 30/11/2015 22:53 | Alerter
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franchement, je remercie météo france car au moins on a eu le temps de se préparer
et si il n'y a pas de cyclone et bien tant mieux

3.Posté par ponui le 01/12/2015 08:41 | Alerter
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....Ca n'est pas les services météo qui sont alarmistes , mais bien les journaux et les infos télé qui le sont !!! Pas un jour sans le mot "cyclone" dans la presse ou aux infos !!! Les gens ont déjà une part de stress quand aux perspectives d'avenir sans en remettre une couche ! Nous sommes en période cyclonique jusqu'en avril , point!!!