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"Déclaration de guerre" des parents d’élèves contre le Vice-rectorat


PAPEETE, 19 septembre 2017 - La Fédération des associations de parents d’élèves de l’enseignement public (Fapeep) a réuni la presse mardi matin pour faire part de son ras-le-bol face au "blocage par le Vice-rectorat" du remplacement de 15 professeurs absents depuis la rentrée des classes, dans les établissements du second degré de Polynésie française.

Ils étaient cinq présidents d’associations de parents d’élèves à épauler le président de la Fapeep pour s’en prendre au Vice-rectorat de Polynésie française, ce mardi, dans la salle verte du Conseil économique social et culturel.

"Notre objectif ce matin est de porter à l’attention des autorités compétentes et plus particulièrement du Vice-rectorat, l’exaspération silencieuse, mais pourtant bien présente, d’une très grande majorité de parents dont les enfants se trouvent, depuis le début de l’année scolaire, sans professeur, dans une voire plusieurs disciplines, alors que certains de ces élèves passent en fin d’année le DNB (Diplôme national du brevet, en fin de 3e, NDLR) ou le baccalauréat !", a posé d’emblée Tepuanui Snow, le président de la Fapeep.

Il se trouve en effet que depuis la rentrée des classes, 15 postes d’enseignant ne sont toujours pas affectés en remplacement de professeurs absents. Et cet effectif pourrait être porté à 20 dès "la rentrée de septembre", selon les informations de la Fédération des parents d’élèves.

Sur le terrain, c’est le témoignage de cette mère d’élève du collège de Papara, qui dénonce des classes régulièrement sans professeur, alors que son établissement est classé en REP+ ; ou encore le cas du collège d’Arue, où le président de l’association des parents d’élèves déplore des bricolages à répétition rendus nécessaires par des absences d'enseignants pourtant prévisibles.

Du point de vue du Vice-rectorat, cette situation se développe dans un contexte où le plafond d’emplois dans l’enseignement secondaire est établi par les services de l’Etat à 2070 postes en 2017. C’est-à-dire qu’à travers la Polynésie française, le gouvernement central prévoit de rémunérer 2070 fonctionnaires de l’éducation nationale pour dispenser des cours aux 25563 élèves inscrits dans les 53 établissements de l’enseignement secondaire (36 collèges et 17 lycées, du public et du privé). Et globalement, pour financer le système éducatif polynésien dans son ensemble, l’Etat dépense chaque année un peu plus de 60 milliards Fcfp, pour la paye des 6200 fonctionnaires et agents publics relevant du ministère de l’éducation nationale au fenua. Des personnels qui, s’ils sont rémunérés par l’Etat, sont gérés par le Pays.

Partage de compétences

Et, à la date du 3 août 2017 une extraction actualisée du Contrôle national des emplois (CNE) faisait apparaître une "surconsommation" dans l’enseignement public du second degré en Polynésie. C’est sans doute cet état comptable qui vaut, du point de l'antenne locale du ministère de l'Education nationale, les absences d’enseignants pointées par les parents d’élèves mardi.

Mais sur le terrain, on ne l'entend pas de cette oreille. "Je ne comprends pas que l’on puisse opposer des questions de budget à la réussite de nos enfants", dénonce Guy Gooding, le président de l’APE du collège Henri Hiro de Faa’a. "On en a marre de tout le temps répéter la même chose et d’avoir l’impression de prêcher dans le désert (…). Aujourd’hui, on a décidé de ne plus crier chacun dans son coin, mais de se réunir et de crier ensemble" a-t-il lancé en comparant l’intervention médiatique de mardi à une "déclaration de guerre" contre le Vice-rectorat. "Je sais que le président (de la Fapeep, NDLR) ne peut pas parler comme moi : il est conseiller au CESC et est tenu à une certaine diplomatie. Ce n’est pas mon cas. Ce qui m’intéresse c’est l’avenir de nos enfants".

Interrogée mardi, Tea Frogier, la ministre de l’Education a reconnu avec beaucoup de circonspection la "légitimité à intervenir et à préciser les inquiétudes qu’ils peuvent avoir" des parents d’élèves, en reconnaissant que les 15 postes dont il est question sont bien "vacants", alors qu'ils font l’objet d’une procédure de "recrutement de contractuels" et que "les contrats ont été transmis" au Vice-rectorat pour validation : "Il s’agit de professeurs contractuels dont les dossiers sont bloqués actuellement. Nous attendons aujourd’hui le retour des éléments sur les contrats de remplacement transmis".

Une réunion technique est prévue jeudi entre les services du ministère de l’Education et du vice-rectorat, en prévision du dialogue de gestion qui se tiendra en novembre à Paris. Ce dossier "sera certainement un des points que nous évoquerons" a confirmé Tea Frogier, mardi.

Si la situation devait s'éterniser, de leur côté les parents d’élèves annoncent un durcissement de leur mouvement, sans plus de précision : "Napoléon n'a jamais dévoilé sa stratégie d'attaque", s'est contenté d'ironiser Guy Gooding.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 19 Septembre 2017 à 15:00 | Lu 5978 fois