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Débat d’orientation budgétaire : piques et petites phrases


PAPEETE, jeudi 31 octobre 2013. Le débat d’orientation budgétaire qui s’est déroulé ce jeudi matin à l’assemblée de Polynésie française a permis au vice-président du Pays, Nuihau Laurey de rappeler dans son discours d'une quarantaine de minutes la philosophie de la majorité et d’écorner au passage, à plusieurs reprises l’ancienne majorité indépendantiste. «S’agissant de notre situation économique et financière, les choses sont claires. Limpides même. L’instabilité, l’incompétence et l’idéologie nous ont précipités au fond du gouffre». Le vice-président avance quelques chiffres frappants : les 92 milliards de Fcfp de dettes qui seront accumulées fin 2013 comparées par exemple aux 13,5 milliards de Fcfp d’investissements réalisés en 2012, quand ce même investissement était de 30 milliards de Fcfp en 2008.

Nuihau Laurey a été plus critique encore pour ses prédécesseurs indépendantistes : «au sein de votre assemblée, deux conceptions du futur de notre société sont proposées. La première nous affirme que la solution à tous nos problèmes serait tout simplement l’indépendance. Ou la souveraineté, je crois que c’est le nouveau terme destiné à appâter l’électeur égaré (…) A l’aube du troisième millénaire, et dans un monde déjà interdépendant, l’indépendance est-elle encore à l’ordre du jour ? Accrocher son drapeau sur un bâtiment à New York n’apportera jamais me semble-t-il, ni développement, ni prospérité, tout au plus l’illusion d’appartenir au grand concert des Nations, juste à côté des petites nations les plus pauvres du monde qui vous soutiennent pour les rejoindre. Je le dis respectueusement à nos amis de l’UPLD, vous courrez derrière une chimère et vous dissimulez à la population les véritables conséquences de votre indépendance. La seconde voie de développement est la nôtre. Celle de l’autonomie qui nécessite que nous nous prenions en charge au sein de la République. C’est la voie de la responsabilité, de la raison et de l’effort collectif».

Le vice-président en profitait pour faire un appel du pied à l’autre groupe autonomiste de l’assemblée et aux huit élus d’A Ti’a Porinetia pour qu’au moment du vote du budget primitif 2014 il y ait un consensus autonomiste. «Nos dissensions font tout doucement le lit de l’indépendance. Je vous le dis, le vote du budget qui aura lieu dans quelques semaines sera un défi pour notre famille autonomiste». Mais cette main tendue n’a pas été saisie avec toute la fraternité autonomiste espérée. «Oui, ce document nous resitue dans les fondamentaux d’une culture de gestion plus sérieuses. Oui, ce DOB est une base de travail intéressante. Oui, mais peut mieux faire» entamait Teva Rohfritsch en préambule de son intervention. «Mais, ce document ne nous appelle pas à une confiance aveugle et totale dans les intentions réelles du gouvernement de mettre en œuvre les titres évocateurs qui ont retenu notre attention : refonder l’économie, redresser les comptes publics, moderniser l’administration, recentrer notre modèle économique…». Bref, au sein du parti jaune «le risque est grand que nous restions le Pays de la taxe facile».

La critique est encore plus marquée au sein du groupe indépendantiste de l’assemblée. A la manœuvre, Antony Geros, ex ministre en charge du budget, parle en connaisseur. Sur l’air de Dalida, «Parole, parole, parole» qu’il fredonne plusieurs fois au micro, il entreprend un démontage systématique des indicateurs économiques favorables que le gouvernement Tahoeraa a mis en avant dans son document d’orientation budgétaire. Ainsi l’indice du climat des affaires (ICA) publié par l’IEOM (institut d’émission d’outremer) a commencé son embellie au 2e trimestre 2013, «excusez-moi mais vous n’étiez pas encore aux affaires du Pays» ! Et l’ex ministre du budget UPLD poursuit : «plus sérieusement, ce qui nous paraît évident à la lecture de ce DOB c’est que M. Flosse fera toujours du Flosse et que le Tahoeraa a toujours la même vision totalement faussée, artificielle et faussement autonomiste du développement (…) Nous revoilà donc dans le même schéma béton-goudron-comptoir». Antony Geros devient franchement acerbe quand il est question du projet de développement touristique Mahana Beach que le gouvernement veut entreprendre à Punaauia. Ce projet présenté dans le document d’orientation budgétaire comme «un triptyque d’approche présentant la Polynésie française comme un ailleurs, un autre monde, une vraie authenticité» aurait la double tare selon l’UPLD de rassembler Waikiki Beach et Las Vegas. « Ah nous y voilà. Le lou est enfin sorti du bois. Le vrai objectif du Machin Beach, c’est le casino».

POUR LIRE LES AUTRES INTERVENTIONS DES ELUS LORS DE CE DEBAT SUIVRE LES LIENS CI-DESSOUS

Intervention d'Armelle Merceron (A Ti'a Porinetia), CLIQUER ICI

Intervention de Valentina Cross (UPLD), CLIQUER ICI

Intervention de Teura Iriti (Tahoeraa), CLIQUER ICI

Intervention de Maina Sage (Tahoeraa), CLIQUER ICI

Intervention de John Toromona (Tahoeraa), CLIQUER ICI

Intervention de Michel Buillard (Tahoeraa), CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 31 Octobre 2013 à 14:00 | Lu 1977 fois