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De retour au fenua Patrick Candé revient sur sa participation au Sparthatlon


PAPEETE, le 4 octobre 2017 - Confiant, il imaginait bien terminer le mythique Sparthatlon, mais il n'a jamais baissé la garde. Patrick Candé a finalement parcouru 246,8 kilomètres en 31 heures et 10 minutes, ce qui lui a valu la première place dans la catégorie, celle des plus de 60 ans.

"J'ai le goût de l'effort et je pensais bien pouvoir terminer la course", rapporte l'ultra marathonien Patrick Candé. "Mais jamais je ne me suis emballé, je suis resté sur la réserve." La course dont parle l'athlète c'est le Sparthatlon qui relie Athènes à Sparte. Elle rend hommage au messager athénien Phidippidès qui rejoignit Sparte pour demander de l'aide lors de la bataille de marathon en – 490.

Chaque année les inscrits au départ du Sparthatlon n'oublient pas le messager, ils pensent à son courage. "Il n'avait pas nos chaussures, ni nos produits de réhydratation!", plaisante Patrick Candé en repensant à sa récente épreuve. Le Sparthatlon affiche 246,8 kilomètres, 3 700 mètres de dénivelé. "J'ai mis 31h10, suis arrivé 1er en M3, ma catégorie, les plus de 60 ans, et 67ème sur les 400 participants."

L'athlète a battu son propre record de distance. "Je n'étais pas allé au-delà de 225 kilomètres", indique-t-il. "C'était pour la Badwater dans la Vallée de la mort aux États-Unis en 2003 et 2005. Mais ce que j'appréhendais au départ ce n'était pas tant la distance que les barrières horaires", avoue Patrick Candé. Les premiers quatre-vingt kilomètres devaient notamment être effectués en neuf heures maximum. "Les anciens de la course ont beaucoup insisté sur ces barrières horaires, ils savent de quoi ils parlent. Et cela ajoute une certaine pression."

"Je suis parti sur une allure de footing rapide." Au quarantième kilomètre, premier doute. "J'ai dépassé le Français arrivé premier en 2016. Je me suis dit que j'étais parti beaucoup trop vite. Mais comme je me sentais bien, j'ai poursuivi en me préservant." En ultra-marathon la moindre petite ampoule peut faire vivre un enfer au sportif le plus aguerri. "J'ai fait attention à bien manger, pas trop sucré pour ne pas être écœuré rapidement, je me suis beaucoup hydraté et j'ai veillé à éviter tous les frottements, à ne pas avoir froid."

Peu de temps après avoir dépassé son compatriote, Patrick Candé a senti un premier coup de fatigue musculaire. Il s'est accroché pour dépasser la douleur qui a fini par s'estomper. Les kilomètres se sont enchainés, doucement mais surement. "C'est long. Tellement long. On tient grâce au mental. Les soixante derniers kilomètres ont été difficiles. On se demande ce qu'on fait là, mais on tient."

Comment? "Grâce à de petits objectifs, les ravitaillements notamment qui sont tous les 3 ou 4 kilomètres. En fait, il y en 75 sur tout le parcours. Il n'y a pas grand-chose, mais on voit du monde." Et puis tous les 3 ou 4 ravitaillements, les athlètes sont autorisés à voir leur suiveur, s'ils ont. Ce qui leur apporte un soutien supplémentaire. "Ça m'a aidé!"

Et puis, enfin, la ligne d'arrivée s'est dessinée. De loin d'abord. "Je suis arrivé à Sparte, il y avait peu de monde, une route, de nombreux virages, des voitures et camions qui klaxonnaient pour nous encourager. Mais je ne voyais rien, je n'entendais rien." Un motard est arrivé pour accompagner Patrick Candé qui tenait de plus en plus mal sur ses jambes. Après le dernier virage, une avenue s'est ouverte. "Des enfants sont venus, courant avec moi et plus les gens sur les bords applaudissaient. J'entendais la musique de loin. Je ne voyais toujours pas la statue qui marquait la ligne d'arrivée. Mais j'étais porté, je volais, je voulais que tout s'arrête là tout de suite pour que j'en profite."

En quelques minutes tout s'est terminé, l'athlète a découvert la statue de Léonidas dont il a, comme le veut la tradition, embrassé les pieds. Il a reçu une couronne d'olivier, un trophée. "C'est une course incroyable", conclue Patrick Candé. "On y retrouve l'esprit des ultra-marathoniens, l'humilité, l'ambition, il n'y pas de compétition. Chacun se bat contre lui-même et le chronomètre."

Prochainement, même s'il n'a pas de course précise en tête, il pourrait s'inscrire à nouveau à la Sakuramichi au Japon. Une course qui ressemble beaucoup au Sparthatlon et qu'il n'a pas pu terminer l'an passé à cause des conditions météorologiques.



Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 4 Octobre 2017 à 14:42 | Lu 2436 fois