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Cour d'appel : "On a affaire à des douaniers qui sont devenus amnésiques"


Cour d'appel : "On a affaire à des douaniers qui sont devenus amnésiques"
PAPEETE, 15 mai 2017-17 personnes, dont une douzaine de douaniers, repassaient hier devant la cour d'appel de Papeete dans le cadre de l'affaire de concussion qui s'était déroulée entre 2008 et 2011 à l'aéroport international de Tahiti-Faa'a.

Hier s'est ouvert le procès en appel de l'affaire de concussion qui met en cause une douzaine de douaniers. Dans cette affaire, la quasi-totalité des personnes condamnées ont fait appel, tout comme l'ensemble des parties civiles.

"On a affaire à des douaniers qui sont devenus amnésiques entre la première instance et l'appel, qui ne savent plus trop ce qu'ils ont déclaré. Ils ont dit qu'ils avaient certainement eu un problème psychologique. C'est quand même curieux que l'ensemble des douaniers impliqués dans cette affaire aient des problèmes psychologiques ou se soient abusés tout seuls", indique avec circonspection maître Bourion qui représente l'agent judiciaire de l'État, avant d'ajouter : "Je pensais que chacun prendrait un peu plus ses responsabilités, on verra ce qu'il va se passer après avoir interrogé les plus hauts responsables."

De son côté, maître Maillard, conseil de la Polynésie française, explique : "Au cours de l'instruction, les douaniers ont tous reconnu les faits et là, on se rend compte qu'ils sont un peu moins bavards. Pour autant, on se rend compte qu'ils sont tous impliqués. Plus d'une dizaine, cela représentait à l'époque un tiers des douaniers de l'aéroport." Il note également qu’"ils ne se souviennent plus de rien. Nous dire aujourd'hui je n'ai jamais dit ça, ce n'est pas très crédible. On sent bien qu'ils cherchent un peu à sauver leur peau. C'est maladroit. Ça revient à nous prendre un peu tous pour des imbéciles, d'autant qu'il n'y a pas de doutes sur la matérialité des faits."

Exonération occulte des droit douanes sur les marchandises, importation non déclarée d'alcool ou de cigarettes, taux de change ultra-préférentiel ou encore billets d'avion "GP" sur la base de fausses déclarations de concubinage avec des PNC complices : pas moins de 25 prévenus avaient été jugés et condamné en avril 2016 pour ces faits commis entre 2008 et 2011. Ceux qui comparaissaient devant la cour d'appel hier, ont tous été reconnus coupables en première instance d'avoir abusé de leurs fonctions à un moment ou à un autre, en lien les uns avec les autres, pour se rendre ces petits services entre amis.

L'affaire avait été mise à jour après l'interpellation d'un garagiste, un ancien ami du chef de l'équipe des douanes visée par l'enquête. Interpellé dans le cadre d'une affaire d'importation d'ice depuis les États-Unis, il était apparu incidemment qu'il ne s'acquittait pas, depuis des années, de l'intégralité des droits de douanes quand il ramenait ses pièces auto. Il disait s'occuper en échange des véhicules des douaniers impliqués et leur ramener de la marchandise, ce que ces derniers ont catégoriquement nié en première instance et hier devant la cour d'appel. De fil en aiguille, les enquêteurs avaient découvert la face cachée de l'aéroport en mettant le doigt sur toute une série de petits arrangements…

Le procès en appel devrait durer jusqu'à vendredi.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Lundi 15 Mai 2017 à 18:31 | Lu 11770 fois