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Chiens errants : lorsque les élus exposent leur responsabilité


PAPEETE, 25 août 2014 - Plusieurs accidents impliquant des chiens ces dernières semaines rappellent la responsabilité des propriétaires d’animaux, des élus municipaux et, de manière générale, la molle indifférence des pouvoirs publics face à la situation.

Début août, une touriste américaine de 28 ans est attaquée et gravement blessée par une meute de quatre chiens, sur la plage de l'hôtel InterContinental Bora Bora Resort Thalasso Spa. Le 18 août dernier à Maupiti, un couple en lune de miel est agressé par trois chiens lors d’une randonnée sur la route traversière de l’île. Le mari s’en tire avec neuf points de sutures ; mais ce jeune ménage terminera son séjour polynésien avec des plaies aux deux jambes. Ce dimanche, un enfant est blessé à la tête après s’être trouvé pris au cœur d’un combat de chiens à Teahupo’o. Il ne s’agit pas là d’un inventaire exhaustif des accidents ayant impliqué, en Polynésie ce mois-ci, des chiens dangereux, errants ou en divagation. Mais cela soulève une fois encore la responsabilité des propriétaires d’animaux, des élus municipaux et, de manière générale, la molle indifférence des pouvoirs publics face à cette situation.

"Lequel d’entre vous cessera de se voiler la face et d’attendre passivement que le problème de la surpopulation animale se résolve de lui-même ?" interpellait une lettre ouverte adressée en avril 2013 par cinq associations de protection des animaux à la classe politique, peu avant les Territoriales. "Sachez mesdames et messieurs les candidats, que la solution immédiate, gratuite et sans effort n’existe pas" rappelaient les associations Fenua Animalia, Ia Maitai Te Animara, Eimeo Animara, Bora Bora Animara et le Service de protection animale en Polynésie. "Bien à contrecœur et sous la pression de l’État, les communes ne prévoient que l’installation de fourrières-mouroirs coûteuses et inefficaces, dont le seul effet sera de déresponsabiliser un peu plus les particuliers à l’origine du problème".
L'association Fenua Animalia avait estimé en 2010 entre 40 et 50 000, le nombre de chiens errants ou en divagation en Polynésie française.

Sensibilisation et stérilisation

Pourtant, la divagation des animaux domestiques est interdite dans les communes de Polynésie française, en application de l’article 23 de la loi 2008-582 du 20 juin 2008 qui renforce les mesures du Code rural pour la prévention et la protection des personnes contre les chiens dangereux.
La loi prévoit en outre que les propriétaires de chiens de 1ère et 2ème catégories (d’attaque et de défense) aient soumis leur chien à une évaluation comportementale, qu’ils soient titulaires d’une attestation d’aptitude après avoir suivi une formation, et disposent d’un permis de détention.

Il incombe notamment aux maires de prendre les mesures pour éviter toute situation à risque dans sa commune. La responsabilité des élus municipaux, et celle de leur commune, peuvent être engagées. Les maires ont l’obligation de prendre toutes les dispositions pour empêcher la divagation des animaux. Le cas échéant cette obligation indique de faire saisir les animaux seuls sur les espaces publics et les faire conduire dans un lieu de dépôt, refuge ou fourrière. A l’issue d’un délai de huit jours, l’animal non réclamé par son propriétaire, considéré comme abandonné peut être cédé ou euthanasié.

Ces animaux sont souvent euthanasié tant la solution semble radicale et définitive. Mais elle ne règle le problème qu’en apparence. "C’est à la source qu’il faut traiter la situation" estime Karine Guyot, qui milite avec l’association Ia Maitai te Animara pour un travail de sensibilisation auprès des particuliers dans les quartiers sociaux et pour la mise en place de campagnes de stérilisation à domicile sous l'égide des autorités publiques.
"On traite souvent les chiens en coupables mais il ne faut pas oublier que ce sont les premières victimes" rappelle-t-elle aussi. "Derrière chaque chien errant il y a une personne responsable : aucun animal n’a jamais choisi d’être abandonné et d’attraper la gale".

Les associations de protection des animaux à Tahiti


Service de Protection Animale en Polynésie (Tél. 87 70 41 24)

L'association Fare Animara fondée en 2002 est devenue en 2005 le Service de protection animale en Polynésie (SPAP) grâce au soutien de la SPA France.
Le SPAP tente de réduire la maltraitance animale mais dispose de peu de moyens. Les bénévoles interviennent sur le terrain, recueillent et soignent des animaux qui sont ensuite proposés à l'adoption.
L’association milite pour que les actions sur le territoire se renforcent et notamment, la création d'un refuge et des campagnes de stérilisations et de sensibilisation à la protection animale.


Fenua Animalia (Tél. 87 72 67 26)

L'association a été créée en 1996 avec pour objet principal de soulager la misère animale. Fenua Animalia gère depuis 2006 le refuge municipal de Papeete. Elle milite pour des campagnes de stérilisation massives et financées et pour un renforcement des actions du territoire contre la maltraitance animale.


Ia Maitai Te Animara (Tél. 87 79 58 58)

L'association Ia Maitai Te Animara a été créée en 2005 afin de venir en aide aux animaux abandonnés de la zone industrielle de la Punaruu.
La politique de l'association est de soigner les chiens qui peuvent l'être et de stériliser les femelles pour pouvoir les présenter à l'adoption et les sortir ainsi définitivement de la rue.
L'association a également pour but d'aider les familles à faibles revenus à stériliser leurs animaux en finançant tout ou partie des interventions.


Rédigé par JPV le Lundi 25 Août 2014 à 14:37 | Lu 2649 fois