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CESC : 18 voix pour les aides à la pêche


PAPEETE, le 25 juillet 2017 - Mardi, après un débat animé, le Conseil Economique, Social et Culturel s'est prononcé favorable au projet de loi du Pays relatif aux aides à la pêche avec 18 voix pour et 15 abstentions.

Mardi matin, le Conseil économique, social et culturel de la Polynésie française a émis un avis concernant un projet de lois du Pays relatif aux aides aux secteurs de la pêche. Le projet de loi du Pays a été transmis à l'étude du CESC accompagné d'un projet d'arrêté en conseil des ministres relatif à la consistance des aides au secteur de la pêche. Le projet de loi se propose de réformer les dispositifs d'aides au secteur de la pêche qui seraient selon le Pays devenus inefficaces, en les réactualisant dans un texte unique.

Après un débat houleux, le CESC a rendu un avis favorable au projet de loi avec 18 voix pour, aucune voix contre, mais 15 membres se sont abstenus.

Dans son avis le CESC regrette que "le projet de réforme engagé par le gouvernement sur les aides au secteur de la pêche n'ait pas pu faire l'objet d'une large consultation des professionnels, préalablement à la saisine". En effet Lucie Tiffenat, une des rapporteurs du texte, indique " Il aurait fallu consulter le monde de la pêche avant de proposer quoi que ce soit. Les pêcheurs et les armateurs ne sont donc pas d'accord pour que le gouvernement arrête les aides d'ici cinq à dix ans, même si nous prévoyons des améliorations pour certains dispositifs."

Ainsi, le CESC "émet ses plus fortes réserves sur la pertinence des mesures projetées qui restent conditionnée aux moyens budgétaires à mettre en place, d'autant plus que le schéma directeur de la pêche en Polynésie, annoncé par le gouvernement en septembre 2016, n'est toujours pas finalisé." Le conseil ajoute "bien que le projet de loi du pays vise à remplacer d'anciens dispositifs qualifiés par les rédacteurs de "dispositifs en panne de levier économique" pour lesquels un bilan négatif a été dressé dans l'exposé des motifs, aucune indication ni de projection n'est donnée sur le cout budgétaire qu'il représente et de son adéquation par rapport aux objectifs annoncés en 2015 à l'occasion du débat d'orientation budgétaire de 5 milliards de FCFP d'exportation en 2018."

Selon l'institution représentant la société civile, l'aide aux pêcheurs lagonaires n'est dirigée qu'en faveur de ceux qui sont déjà bien établis dans leur métier. Le CESC recommande ainsi une clarification des procédures par la mise en place d'un guichet unique tendant à simplifier les démarches des pêcheurs lagonaires tant pour leur carte que pour leur demande d'aide.

En conclusion le CESC adhère à la refonte du texte néanmoins, il émet certaines réserves. Par exemple, il "ne soutient pas l'orientation prise de certaines modalités comme la suppression progressive sur trois ans de l'aide à la glace, sans prise en compte des situations particulières des pêcheurs côtiers qui ne peuvent pas adapter leurs outils de travail par l'adjonction d'un équipement frigorifique. De même, la suppression progressive sur cinq ans de l'aide à l'exportation qui joue un rôle pour important sur la régulation du prix du poisson sur le marché local, aura des répercussions sur le devenir des professionnels du secteur."

Lucie Tiffenat membre du CESC représentante de Otahi "je me suis abstenue"

 CESC : 18 voix pour les aides à la pêche
"Je me suis abstenue parce que le projet de loi annule les aides du Pays aux pêcheurs. Il faut aussi savoir que ce texte ne va pas aider les pêcheurs lagonnaire. Quand on regarde l'articulation de la loi, elle précise que seuls les pêcheurs lagonnaires qui ont déjà un outil (pirogue ou autre) pourront bénéficier de l'aide. C'est un contresens pour nous. Je ne pense pas que les petits pêcheurs lagonnaires seront aidés par ce texte. Les gros, les mareyeurs, exportateurs et armateurs vont tirer leur épingle du jeu et c'est pour ça qu'ils ne souhaitent pas voir la fin de ces aides. Je pense qu'il aurait fallu consulter le monde de la pêche avant de proposer quoi que ce soit. "

Marc Atiu, membre du CESC président du syndicat Rava'ai rau "j'ai voté favorablement"

"Je suis satisfait parce que j'ai voté favorablement. Pour l'aide, je suis d'accord. Pour l'exportation, je suis d'accord qu'on continue à les aider. Si on regarde le système en place aujourd'hui on ne peut pas mettre en difficulté la pêcherie. On nous parle toujours d'économie bleue, notre avenir est dans la mer. Nous ne pouvons pas laisser l'économie bleue s'effondrer, nous devons la développer, notre avenir est dans l'océan. Ces aides sont essentielles. Si on veut que les pêcheurs se développent nous devons les aider sur les investissements, la défiscalisation et par des aides sur les petites flottilles. "

Christophe Plée, membre du CESC, représentant de la CGPME "je me suis abstenu"

 CESC : 18 voix pour les aides à la pêche
"Je me suis abstenu parce que c'est un énième plan pêche sans que nous ayons de projet pour la pêche, comme on l'a déjà fait les années précédentes. Il n'y a jamais de vrais projets pour le développement du secteur de la pêche. J'ai justifié le fait que je n'allais pas voter des aides les yeux fermés. Ce sont toujours les mêmes aides, toujours en augmentation, sans avoir un vrai objectif pour développer le secteur de la pêche.

Cela fait 12 ans que je suis au CESC, ça fait 12 ans que je vois des aides arriver. Nous ne produisons toujours pas plus de poisson et nous n'avons toujours pas plus de pêcheurs et le secteur stagne, il ne se développe pas.

Il faut que nous ayons un vrai projet pêche pour la Polynésie. Ça fait cruellement défaut en Polynésie. Je veux un projet pêche parce que j'aime les pêcheurs. On paye pratiquement pour tout, mais on peut exiger aussi d'avoir des résultats. "


Patrick Bagur, membre du CESC, représentant du MEDEF "Je me suis abstenu"

"Je me suis abstenu, cela ne veut pas dire que je suis contre les aides pour les pêcheurs. Nous sommes plus favorables à des aides qui encouragent le développement de la pêche plutôt que des aides à des sociétés qui ont déjà pignon sur rue. On devrait plutôt mettre en place des aides pour encourager l'emploi dans le secteur et les gens qui n'ont pas d'emploi. "

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mardi 25 Juillet 2017 à 16:53 | Lu 996 fois