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CA d’ATN : "transparence" pour le gouvernement, "alliance" pour Gaston Flosse


Gaston Flosse, mercredi 8 octobre à l'Assemblée de Polynésie française
Gaston Flosse, mercredi 8 octobre à l'Assemblée de Polynésie française
PAPEETE, 8 octobre 2014 – Alors que le porte-parole du gouvernement Fritch répétait mercredi encore que le projet de nominations d’élus d’opposition au conseil d’administration d’ATN est un geste motivé par une volonté de "transparence", Gaston Flosse affirme officiellement qu’il s’agit d’un "projet d’alliance".

Le porte-parole du gouvernement a confirmé mardi soir au conseil politique du Tahoera’a, puis mercredi devant la presse, que l’exécutif se plierait à la décision de la Commission de contrôle budgétaire et financier (CCBF), quant à l'avis sollicité la semaine dernière concernant la nomination au sein du conseil d'administration d'ATN de deux élus d'opposition. Il annonce aussi que le gouvernement sera particulièrement attentif aux arguments développés pour motiver son avis par cette commission de l’assemblée.

La question d’une possible entrée de Teva Rohfritsch (A Ti’a Porinetia) et d'Antony Géros (UPLD) dans le Conseil d’administration de la compagnie aérienne locale est bien aujourd'hui entre les mains des élus de la CCBF. Cette question se trouve depuis mardi au coeur d'une mini crise politique au Tahoera'a. Strictement politique au demeurant, tant ces deux sièges ne donnent droit qu’à de maigres avantages financiers – des jetons de présence – et à aucun avantage en nature sur les transports aériens.

Le projet de texte, transmis à l’APF le 3 octobre, pourrait être instruit par la CCBF dans le courant de la semaine prochaine. La simple existence de ce projet du gouvernement Fritch était dénoncée dès mardi comme un "projet d’alliance" par les instances dirigeantes du Tahoera’a. Il a été le sujet principal d’un conseil politique qui s’est tenu à Erima dans la soirée le même jour. Une sorte de grand oral pour Jean-Christophe Bouissou, qui assume être à l’origine de ce geste livrant deux des 16 sièges au CA d’ATN en faveur des deux groupes d’opposition à l'Assemblée. Le rendez-vous d’Erima a pris l’allure de "petite explication de famille" pour les uns et d’une comparution à la barre du Tahoera’a, pour Bouissou.

"Mon discours a été de bien faire comprendre la différence qu’il y a entre alliance et transparence", a expliqué à la presse le porte-parole du gouvernement, mercredi à la mi journée. "Certains ont compris que la proposition de nominations de membres de l’opposition au sein du conseil d’administration d’ATN était en réalité une alliance passée avec l’opposition. Or il ne s’agit aucunement de cela. Il s’agit simplement pour nous d’éviter qu’ATN soit un tableau de chasse politique. C’est tout", explique-t-il. "Ensuite, aurait-il fallu que l’on en parle au président du Tahoera’a ? D’après vous comment fonctionnent les institutions ?", a-t-il questionné avant d'affirmer : "Il y a un président, il gouverne et doit assumer ses responsabilités. D’ailleurs, le président Gaston Flosse a à plusieurs reprises rappelé qu’il ne s’immiscerait jamais dans les décisions prises par le gouvernement dans le cadre du fonctionnement normal des institutions".

"C’est une alliance !", pour Flosse

"Qui a mis tout ce beau monde où il est aujourd’hui ?", s'est emporté Gaston Flosse lors d’une conférence de presse organisée mercredi, au dernier moment, en milieu d’après midi dans le bureau de Marcel Tuihani, à l’assemblée de Polynésie française. "Ne pensez-vous pas que c’est le Tahoera’a et qu’il a son mot à dire ?".

Et le vieux lion de marteler : "C’est une alliance ! Ils vont travailler ensemble ; ils sont appelés à prendre des décisions en commun (…) Bien sûr que c’est une alliance". Le leader du parti autonomiste rappelle aussi que par deux fois le Grand conseil du Tahoera’a "a rejeté à l’unanimité toute alliance avec A Ti’a Porinetia et avec l’UPLD : comment voulez-vous que l’on travaille avec des gens qui tous les jours nous insultent, nous crachent à la figure, sur le moindre prétexte déposent des plaintes contre nous au tribunal ? Et vous voudriez que nous travaillions avec ces gens-là ? Le Tahoera’a Huira’atira à l’unanimité, hier soir encore pour la troisième, à refusé ce projet d’alliance".

Interrogé sur l’existence de tensions grandissantes entre le gouvernement et le Tahoera’a Huira’atira, "je crois que le terme tensions est trop fort", estime Gaston Flosse. Mais il reconnait "des incompréhensions, un manque de communication".

Une lacune en matière de communication qu'a également reconnue Jean-Christophe Bouissou, un peu plus tôt dans la journée.

En attendant que ce "manque de communication" se règle, la cohabitation est chaque jour plus difficile entre le leader autonomiste déchu de tous ses mandats électifs, maître incontesté de son parti politique, et le Président du Pays, son "fils spirituel". La division gronde au Tahoera'a.

Rédigé par JPV le Mercredi 8 Octobre 2014 à 17:16 | Lu 3787 fois