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Barricades au Venezuela, en grève générale contre la Constituante de Maduro


Caracas, Venezuela | AFP | mercredi 26/07/2017 - Rue désertes, barricades et banderoles étaient visibles dans la capitale vénézuélienne mercredi matin, au premier jour d'une grève générale de 48 heures, à l'appel de l'opposition contre l'élection dimanche d'une Assemblée constituante.

De nombreuses rues étaient bloquées par des groupes d'habitants avec des barricades faites de détritus, branches d'arbres et cordes, principalement dans le sud-est et l'est de Caracas, bastions traditionnels de l'opposition.

"Finie la dictature!", pouvait-on lire sur des banderoles accrochées dès 06H00 du matin (10h00 GMT) dans la capitale et d'autres villes. Les autobus continuaient cependant à circuler dans le centre de Caracas.

"L'apathie, ça suffit... C'est toujours pire, avec les files d'attente et la pénurie. Je compte être en grève durant 48 heures", a déclaré à l'AFP Maria Auxiliadora, qui vit dans le quartier cossu de Chacao.

Les antichavistes (du nom d'Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, dont l'actuel président Nicolas Maduro est l'héritier) contestent les modalités du scrutin de dimanche.

Ils voient dans ce projet de réécrire la Constitution un moyen pour M. Maduro de se cramponner au pouvoir, contourner le Parlement élu, où l'opposition est majoritaire, et éviter l'élection présidentielle de fin 2018.

Quelque 70% des Vénézuéliens sont opposés à l'assemblée constituante, selon l'institut de sondage Datanalisis.

A la veille de cette grève, signe de la tension ambiante et des craintes de nouvelles violences, les Vénézuéliens étaient partagés entre ceux qui faisaient le plein de provisions et certains préférant quitter le pays.

"J'ai acheté de la nourriture qui ne se périme pas : des conserves et des surgelés (...). Il faut se préparer pour ne pas mourir de faim", a déclaré à l'AFP Eugenia Santander, dans l'ouest de Caracas.

Des milliers d'autres, chargés de valises, traversaient la frontière avec la Colombie. "Les élections ont lieu dimanche et on ne sait vraiment pas ce qui va se passer. Pour être plus en sécurité, on a préféré passer" de l'autre côté, a déclaré à l'AFP Maria de los Angeles Pichardo, arrivée mardi côté colombien avec son époux et son fils.

- Monter en puissance -
Les antichavistes comptent monter en puissance au fil de la semaine. Outre l'appel au boycott de l'élection une grande manifestation est prévue vendredi à Caracas.

Leur dirigeant Henrique Capriles a appelé les Vénézuéliens à "donner le tout pour le tout" lors de la grève de mercredi et jeudi et de la marche de vendredi. "Maduro veut isoler le Venezuela du monde démocratique", a-t-il dénoncé.

Un autre chef de l'opposition, Leopoldo Lopez, a pour sa part exhorté l'armée, principal soutien du président Maduro, à désavouer le projet de Constituante. "Je vous invite à ne pas être complices de l'anéantissement de la République, d'une fraude constitutionnelle, de la répression", a déclaré dans une vidéo diffusée sur Twitter M. Lopez, sorti de prison le 8 juillet après trois ans et cinq mois de détention, mais assigné à résidence.

La procureure générale du Venezuela, Luisa Ortega, principale figure de la dissidence au sein du camp chaviste, a elle aussi appelé les citoyens à la mobilisation contre l'assemblée constituante , et dénoncé "les persécutions et les abus" du pouvoir.

Les principales centrales syndicales ont apporté leur soutien à la mobilisation lancée par l'opposition, la dirigeante syndicale Marcela Maspero parlant de "grève historique qui tente d'arrêter la tyrannie".

- Pression internationale -
De son côté, le gouvernement contrôle la très stratégique industrie pétrolière et la fonction publique, qui compte près de trois millions d'employés.

Simultanément, la pression internationale sur Caracas a augmenté ces derniers jours. Washington a menacé le président Maduro de sanctions, et plusieurs gouvernements d'Amérique latine et d'Europe l'ont appelé à renoncer à son assemblée constituante.

Mais le chef de l'Etat vénézuélien, dont le mandat s'achève en janvier 2019, a réaffirmé sa détermination, sommant l'opposition de "respecter le droit du peuple à voter librement" et "sans violence".

Il a trouvé un soutien auprès des autorités cubaines, qui ont rejeté mercredi toute participation à une médiation au Venezuela, proche allié de l'île communiste, arguant de la légitimité du président Maduro.

La Table de l'unité démocratique (MUD), la coalition de l'opposition, organise depuis près de quatre mois des manifestations presque quotidiennes contre M. Maduro, dont elle réclame le départ. 103 personnes y ont été tuées.

Une grève générale de 24 heures convoquée par l'opposition a déjà eu lieu jeudi dernier. La MUD a assuré qu'elle avait été suivie à 85%, alors que M. Maduro et d'autres responsables gouvernementaux ont affirmé qu'elle avait été un échec.

Rédigé par () le Mercredi 26 Juillet 2017 à 05:56 | Lu 174 fois