Tahiti Infos

Bagarre mortelle à Tautira : 10 ans de prison pour Andrick P. (MàJ)


La victime a succombé à un coup de couteau porté à l'abdomen.
La victime a succombé à un coup de couteau porté à l'abdomen.
PAPEETE, le 30 novembre 2016 - Une altercation mortelle entre deux habitants de la presqu'île a ouvert la dernière session de l'année de cour d'assises, mardi. Au cours de cette première journée d'audience, la personnalité de l'accusé, les témoins et le médecin légiste ont été entendus mais peu de réponses ont été apportées. À l'issue des deux journées d'audience, le verdict tombe et les jurés de la cour d'assises ont condamné l'accusé à 10 ans de réclusion criminelle.

"A la fin de l'instruction, devant la divergence des témoignages, le juge a estimé qu'il n'était pas établi avec force l'intention d'homicide du prévenu", a souligné la présidente de la cour d'assises, ce mardi, à la lecture des faits. Mis en examen pour meurtre dans un premier temps, Andrick P. comparait, depuis hier, devant la cour d'assises de Papeete pour des faits de violence, avec usage ou menace d'une arme ayant entrainé la mort sans intention de la donner.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2014, en marge d'un tournoi de pétanque à Tautira, une altercation entre l'accusé, 40 ans au moment des faits, et la victime, 28 ans, a éclaté. Les deux hommes avaient beaucoup bu. La bagarre a dégénéré et, pour se défendre, comme l'explique l'accusé, il est allé chercher un couteau de cuisine chez son beau-père. C'est à l'aide de cette arme qu'il portera six coups de couteau à la victime, dont un mortel à l'abdomen.

La raison exacte de cette altercation et le contexte dans lequel les faits se sont déroulés, reste flou tout au long de l'enquête. C'est là tout l'enjeu du procès : éclaircir les zones d'ombre. Le premier jour du procès, au cours duquel l'accusé, sa femme et les témoins ont été entendus, ne semble pas répondre aux questions soulevées lors de l'enquête. Un des témoins cité à de nombreuses reprises par l'entourage de la victime et de l'accusé ainsi que par les autres témoins n'était pas présent. En milieu d'après-midi, les forces de l'ordre étaient toujours à sa recherche.

A la barre, le prévenu, qui s'exprime en tahitien, se perd parfois dans ses explications. Tête baissée et épaules rentrées, il ne lève que rarement les yeux. Les conclusions des experts qui l'ont examiné indiquent que l'homme, aujourd'hui âgé de 42 ans et placé sous bracelet électronique après 11 mois de détention, ne souffre d'aucune pathologie mentale. Selon son entourage, le quadragénaire boit souvent et en quantité. En outre, le psychiatre note que l'alcool déclenche chez l'accusé des pulsions agressives.

Au cours de la journée, les questions de la présidente, de ses assesseurs, des avocats de la défense et de la partie civile s'enchaînent mais sans pour autant trouver de réponses.

Les témoins de cette soirée défilent à leur tour à la barre. Ceux qui faisaient partie du groupe présent lors de l'altercation, ont du mal à être précis. Fortement alcoolisés au moment des faits, ils ont parfois quelques trous noirs. Leur version devant la cour d'assises diffère quelque peu de celle livrée aux enquêteurs dans les semaines qui ont suivi le drame. Un des jeunes présents ce soir-là, après avoir bu toute la journée lors du tournoi de pétanque, ne sait plus laquelle des deux boules lancées par la victime a touché le prévenu. Un deuxième témoin, beau-frère de l'accusé, semble avoir des difficultés pour retrouver la même version indiquée plus tôt aux enquêteurs. "Comme la partie civile, je m'interroge sur la mémoire de Monsieur", ironise l'avocat général, avant de commencer un jeu de questions/réponses avec ce dernier, procès verbal sous les yeux.

Après deux jours d'audience, le verdict vient de tomber et les jurés de la cour d'assises ont condamné ce mercredi Andrick P. à 10 ans de prison.

Rédigé par Amelie David le Mercredi 30 Novembre 2016 à 16:36 | Lu 2085 fois