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Australie: un "terroriste" présumé poignarde deux policiers avant d'être abattu


SYDNEY, 24 septembre 2014 (AFP) - Un jeune homme, soupçonné de "terrorisme" par le renseignement australien, a blessé deux policiers à coups de couteau avant d'être abattu, un attentat survenu au lendemain d'appels lancés par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) exhortant les musulmans à tuer des ressortissants occidentaux.

L'Australie, qui vient de relever son niveau d'alerte face au danger représenté par les combattants australiens de l'EI de retour du Moyen-Orient, avait fait savoir qu'elle prenait les dernières menaces jihadistes très au sérieux.

Le jeune homme de 18 ans, dont le passeport avait été annulé il y a une semaine pour raisons de sécurité, avait été convoqué mardi soir dans un commissariat de la banlieue de Melbourne pour un interrogatoire "de routine" par les agents de la lutte antiterroriste.

Abdul Numan Haider a serré la main de deux enquêteurs avant de sortir un couteau et de poignarder les deux hommes à plusieurs reprises, blessant l'un d'eux à la tête, au cou et au ventre.

Un policier a tiré un coup de feu, atteignant mortellement le suspect, qui avait sur lui deux couteaux.

Les deux policiers ont été hospitalisés et se trouvaient dans un état stationnaire.

Selon le Sydney Morning Herald, il portait sur lui un drapeau de l'Ei et avait projeté de décapiter les deux policiers, de filmer leur exécution et de diffuser la vidéo sur l'internet. La police n'a pas confirmé ces informations.

Le groupe EI avait appelé lundi les musulmans à tuer de "n'importe quelle manière" les ressortissants de pays appartenant à la coalition internationale mise en place pour combattre le groupe en Irak et en Syrie. L'Australie est mentionnée, aux côtés des Etats-Unis, du Canada et de la France, dont un ressortissant a été enlevé en Algérie par un groupe lié à l'EI qui menace de l'exécuter sommairement.

La ministre des Affaires étrangères, Julie Bishop, avait souligné mardi que son pays, qui a dépêché aux Emirats arabes unis 600 militaires pour participer aux efforts de la coalition internationale, considérait ces menaces comme étant bien réelles.

Elles sont survenues quelques jours après que Canberra eut annoncé avoir déjoué des projets d'assassinats de l'EI sur son sol, en particulier la décapitation de civils. Plus de 800 policiers avaient alors participé à la plus grande opération jamais lancée en Australie, pour contrecarrer ces projets.

-"Faisceau d'indices"-

Une soixantaine d'Australiens combattent dans les rangs jihadistes en Irak et en Syrie, et une centaine fournissent, d'Australie, un soutien actif aux mouvements sunnites radicaux, selon les services de sécurité.

"De toute évidence", l'attaque lancée contre les policiers "montre qu'il y a des gens au sein de notre communauté qui sont prêts à des actes très extrêmes", a commenté le Premier ministre, Tony Abbott. "Cela montre aussi que la police fera preuve d'une vigilance constante pour nous protéger contre ceux qui nous voudraient du mal".

"La personne en question était un terroriste présumé sous surveillance, qui intéressait la justice et les agences de renseignement", a souligné le ministre de la Justice, Michael Keenan.

Le suspect était dans le collimateur des services de renseignement à cause de déclarations qu'il aurait publiées sur les réseaux sociaux et parce qu'il aurait brandi récemment un drapeau de l'EI dans un centre commercial. "Il y a eu un faisceau d'indices qui ont accru notre intérêt pour ce monsieur ces derniers jours", a expliqué le chef de la police fédérale, Andrew Colvin.

Il a toutefois déclaré qu'il était trop tôt pour confirmer ou démentir les informations de la presse selon lesquelles il aurait proféré des menaces à l'encontre de M. Abbott.

Selon la Australian Broadcasting Corporation, la famille du jeune homme est originaire d'Afghanistan et celui-ci aurait eu des liens avec le groupe jihadiste Al-Furqan, une organisation visée en 2012 par des raids de la police.

Le Parlement a adopté mercredi un renforcement de la législation antiterroriste, qui porte à dix ans d'emprisonnement la peine encourue pour tout séjour sans motif légitime dans des zones qualifiées de sanctuaires pour des groupes terroristes.

Une condamnation pour promotion du "terrorisme" est désormais passible d'un maximum de cinq ans de prison.

Les événements des derniers jours ont intensifié les tensions avec la communauté musulmane et ses dirigeants ont dénoncé des attaques contre des mosquées. Certaines ont essuyé des jets d'oeufs. Une tête de cochon empalée sur une croix a été retrouvée devant un lieu saint, ont-ils dit.

Rédigé par () le Mardi 23 Septembre 2014 à 15:10 | Lu 3893 fois