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Assises : le cambriolage avait tourné au drame à Arue


Le verdict sera rendu mercredi dans ce dossier où les trois accusés, âgés de 21 à 22 ans, comparaissent libres.
Le verdict sera rendu mercredi dans ce dossier où les trois accusés, âgés de 21 à 22 ans, comparaissent libres.
PAPEETE, le 24 mai 2016 - Trois des cinq agresseurs de Paul Ley, ce septuagénaire cambriolé et passé à tabac chez lui en juin 2012, s'expliquent depuis ce mardi matin devant les jurés. Avec cette question centrale : si les violences qu'a enduré le retraité l'ont irréversiblement handicapé, sont-elles pour autant à l'origine de sa mort, plusieurs mois après son hospitalisation ? Des années de prison sont en jeu.


Dans ce dossier jugé en deux temps, les deux auteurs principaux qui ont reconnu avoir porté les coups les plus violents à la victime ont déjà été condamnés. Mineurs au moment des faits, ils ont écopé de 6 et 2 ans de prison ferme devant le tribunal pour enfants en février dernier. Leurs trois complices étant de jeunes majeurs à l'époque, c'est devant la cour d'assises qu'eux, répondent aujourd'hui de leurs actes.

La bande des cinq, après avoir fumé quelques joints sur une plage de Arue la nuit de l'agression, s'étaient mis en tête d'aller "chasser". Comprenez cambrioler. Partis en éclaireurs, trois d'entre eux, dont les deux mineurs, avaient jeté leur dévolu sur la maison de Paul Ley, un papy de 74 ans énergique mais vivant seul dans un fare à l'abri des regards, coincé entre le Mc Donald's et le centre commercial Raimoana. Surpris par le propriétaire des lieux, les deux mineurs l'avaient alors roué de coups pour lui faire avouer où il pouvait bien cacher son argent avant de l'abandonner à son triste sort, sous des matelas.

Invités à livrer une nouvelle fois leur version des faits, mais en qualité de témoins cette fois, les deux mineurs ont tenu le même discours que lors de leur propre procès. C'est eux qui ont frappé. Les trois autres n'ont fait que participer au cambriolage, à la fouille en règle de la maison que les gendarmes retrouveront sans dessus-dessous à leur arrivée, prévenus par un restaurateur voisin alarmé par le raffut.

Le doute des médecins

"C'est plus grave ou c'est moins grave ce qu'ils ont fait ?", leur demande Me Vincent Dubois pour le compte des trois majeurs. "C'est moins grave…" reconnaissent les deux gamins, l'un encore détenu alors que l'autre, libre à l'audience, a fini de purger sa peine. Invités à s'expliquer à leur tour, les trois accusés font profil bas, assurent qu'effectivement ils n'ont pas porté de coups. Deux d'entre eux expliquent même avoir quitté les lieux quand ils se sont rendus compte de ce que leurs deux jeunes collègues avait fait subir au malheureux. Sans pour autant oublier de fouiller la maison malgré les râles du septuagénaire en piteux état sous son matelas dans une pièce voisine.

Sont-ils pour autant coupables des accusations de vol avec violence ayant entraîné la mort qui pèsent sur eux ? C'est la question que devront trancher les jurés qui pourraient requalifier les faits en vol aggravé suivi d'une infirmité permanente, comme le tribunal pour enfants l'avait fait pour les deux mineurs. Papy Ley, 74 ans, avait en effet l'âge de ses artères selon les expertises médicales. Il avait aussi été hospitalisé huit jours avant son agression suite à une lourde chute à vélo qui lui avait occasionné un important hématome sous-dural. Il tombait souvent selon certains proches et avait quitté l'hôpital contre l'avis des médecins.

Dans le coma pendant plusieurs jours après son agression, grièvement blessé à la tête par les coups, Paul Ley n'avait jamais retrouvé ses capacités mais n'était décédé que plusieurs mois plus tard. Si les coups reçus ont eu "une importance capitale dans le processus mortifère" a souligné un médecin expert, et que "l'on peut affirmer que c'est à compter de la date de l'agression qu'il a perdu son autonomie" a confirmé le légiste, "on ne peut pas relier de manière directe et certaine le décès survenu suite à de nouveaux saignements intracrâniens aux faits du 12 juin". Une requalification des faits ramènerait de 30 à 15 ans de prison la peine encourue. Le verdict sera rendu mercredi dans la journée.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 24 Mai 2016 à 17:30 | Lu 1676 fois