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Assises : 12 ans de réclusion criminelle pour avoir frappé sa femme à mort


Assises : 12 ans de réclusion criminelle pour avoir frappé sa femme à mort
PAPEETE, le 19 septembre 2017 - Les jurés de la cour d'assises ont suivi à la lettre, ce mardi, les réquisitions de l'avocat général dans ce nouveau drame des violences conjugales qui avait coûté la vie à une femme de 38 ans, tombée sous les coups répétés de son tane en avril 2014, à Fangatau.

Le verdict est tombé ce mardi après-midi dans l'affaire de violences conjugales ayant entraîné la mort de Veronica, 38 ans, décédée après avoir été rossée par son tane Jean-Jacques Mara, en avril 2014, dans le huis-clos du petit atoll de Fangatau au Tuamotu. L'accusé, 31 ans, a été reconnu coupable. Il écope d'une peine de 12 ans de réclusion criminelle assortie d'un suivi-socio judiciaire de trois ans à sa sortie de prison. Le jeune homme, qui n'avait passé que quelques jours en détention provisoire à l'époque des faits, avant d'être placé sous surveillance électronique, a quitté le palais de justice pour rejoindre le centre de détention de Tatutu.

Le drame s'était joué en plusieurs actes, au terme d'un dimanche passé à boire de la bière et du komo chez différents voisins du couple, comme il est d'usage le week-end à Fangatau. La victime s'était d'abord disputée avec une nièce, sur fond d'embrouille familiale. Elle avait ensuite reproché à son homme de ne pas s'impliquer et de ne pas prendre sa défense contre les propos blessant que cette nièce lui aurait tenu en public.

Des enfants aujourd'hui orphelins

Une violente altercation née de ces tensions avait éclaté au sein du couple, qui traînera cette histoire tel un boulet toute la journée. Entre moments d'apaisement et nouvelles prises de bec, la malheureuse encaissera les gifles, coups de poing, et même coups de pied à la tête selon certains témoins : "Il est devenu complètement furieux, il l'a frappé au visage à plusieurs reprises, avec son poing gauche et son poing droit, on avait l'impression qu'il frappait un sac de boxe", a raconté l'un d'eux. Une dernière bousculade avait précipité Veronica à terre, inconsciente, dans la soirée. Des témoins ont d'abord cru à un coma éthylique. Mais la jeune femme n'allait jamais se réveiller, victime, en réalité, d'un hématome cérébral attribué aux coups répétitifs portés par son mari tout au long de la journée.

Me Ceran-Jerusalemy, qui assurait la défense de Jean-Jacques Mara, a estimé que "les torts étaient partagés", "qu'on en serait pas là aujourd'hui" si la victime ne s'était pas montrée "humiliante" envers son mari. Un discours inaudible pour les jurés qui ont suivi à la lettre les réquisitions de l'avocat général : "En Polynésie française comme ailleurs, les violences faites aux femmes sont inacceptables". Me Dubois, pour les parties civiles, a regretté que l'accusé n'ai pas mis son procès à profit pour "prendre conscience de ses actes" : "Ce n'est pas à cause de la nièce, ce n'est pas à cause du komo, on sait que vous n'avez pas voulu la tuer mais c'est à cause de vous que Veronica est morte ! La violence est un signe de faiblesse, encore plus quand on frappe une femme, encore plus lorsque on n'assume pas ce qu'on a fait".

Le couple de condition très modeste, fusionnel à l'excès, jaloux l'un de l'autre, vivait ensemble depuis douze ans et laisse derrière lui trois orphelins de mère.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 19 Septembre 2017 à 15:28 | Lu 1818 fois