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Artisan original du CMA : un casque….en nacre


Rataro Teikitutoua, originaire des îles marquises, aime choquer et surtout étonner.
Rataro Teikitutoua, originaire des îles marquises, aime choquer et surtout étonner.
PAPEETE, le 26 juin 2014 - Après Tevaite Rey, l’un des deux majors de la promotion 2014 du CMA, voici un jeune graveur qui vient tout droit de l’île de Ua pou, aux îles marquises. Pour sa dernière année en classe de gravure, il a choisi de concevoir une armature de casque en nacre.

« J’ai eu l’idée de faire ce casque car durant les années 2000, j’ai eu un accident en deux roues et si je n’avais pas eu de casque, je ne serai pas là aujourd’hui. Je dédie donc ce casque à la prévention sur les routes. » nous confie Rataro Teikitutoua. Originaire de la vallée de Hakataò, sur l’île de Ua pou, il n’a pas hésité à se présenter à l’examen de sélection durant l’année scolaire 2011/2012. A cet instant précis, il sait déjà quel sera sa voie. « Je voulais déjà graver et faire des choses qui ne ressemblent en rien à ce qui a déjà été fait. ».

Rataro suit de près les traces des grands graveurs de son île. L’île de Ua pou réunit un grand nombre d’artisans en tous genres dont des graveurs et le jeune artisan entend se démarquer, non seulement par l’originalité de ses œuvres, mais surtout par ses sources d’inspiration. Tony Tereino, sculpteur de Hakahetau, est l’une d’entre elles. Celui-ci a été le premier à sculpter un casse-tête dont le sommet représentait la tête de…mickey. « Après tout, pourquoi pas ? » s’était demandé l’auteur de l’œuvre. Rataro semble suivre la même mouvance. La conception d’un casque en nacre est somme toute, une idée encore plus originale. « J’avais cherché une idée et j’ai pensé à me démarquer. Je voulais marquer les esprits. » avoue-t-il. « Le fait d’avoir choisi de m’inspirer d’un élément moderne et surtout usuel, est venu conforter ma volonté de faire quelque-chose d’original. C’est réussi, je crois. »

Tout visiteur s’arrêterait volontiers pour admirer cet objet qui rappelle, en tous points un véritable casque à l’exception « qu’il n’est pas fait pour être porté ! » prévient tout de même Rataro. « C’est un ensemble de tranches de nacres découpées sur mesure lesquelles ont été mises bout-à-bout jusqu’à former l’armature du casque. » L’originalité du produit réside sur tous les motifs sculptés sur chacune des branches de nacre, soit près d’une centaine de bande sculptés, suivant un ordre bien précis. L’imagination de Rataro va même plus loin et remonte presque au temps des guerriers et des grand prêtres au service des rois des îles. « J’ai même pensé à sculpter un guerrier d’antan….grandeur nature sur lequel je monterai un casque similaire. Cela formerait un fort contraste entre la culture ancienne et des éléments modernes que l’on utiliserait au quotidien. Mais bon, j’ai fait l’inverse. Cependant, l’idée persiste. »

Prochaine étape : la Nouvelle-Zélande ?

Rataro est l’un des sept élèves à avoir reçu son diplôme de fin d’étude vendredi 20 juin dernier. A 33 ans seulement, il envisage d’intégrer une école de gravure en Nouvelle-Zélande. En cas de refus de son dossier, « je pourrais tout aussi bien travailler pour des galeries ou des clients, à mon compte et mettre à profit mon talent. » assure-t-il. Il garde l’espoir et le moral.

Le CMA aura été un passage gratifiant pour le jeune marquisien, dont l’ambition est de poursuivre le mélange nouveau/ancien, afin de créer un style bien à lui. « Vous savez, aux marquises on est très attaché à notre culture et aux traditions, mais je crois aussi qu’il faut s’ouvrir aux compétences des autres ainsi qu’à la vision que pourraient avoir les étrangers sur nous. Je suis dans cette démarche, utiliser leurs éléments pour les marier aux nôtres. »

Son aventure ne fait donc que commencer, le CMA lui a surtout permis de prendre confiance en son talent, pour l’avenir et « celui de ma culture de demain aussi. » A oho te ii o koe e te ènana !

TP

Rédigé par TP le Mardi 24 Juin 2014 à 15:21 | Lu 2642 fois