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Arbovirus : "Le Pacifique une région à haut potentiel"


Ce qui est d’ores et déjà établi c’est que "le Pacifique est une région à haut potentiel" comme l’indique le biomathématicien de l’École normale supérieure Bernard Cazelles.
Ce qui est d’ores et déjà établi c’est que "le Pacifique est une région à haut potentiel" comme l’indique le biomathématicien de l’École normale supérieure Bernard Cazelles.
PUNAAUIA, le 24 mai 2017 - Des spécialistes venus du monde entier se sont retrouvés à Punaauia ce début de semaine à l‘occasion d’un colloque organisé sur le thème des arbovirus. Ils ont présenté leur propre domaine de recherche, ont apporté des réponses et soulevé des questions, ils ont fait un état des lieux et mis en forme un certain de nombre de pistes à suivre pour étendre les connaissances, les outils et méthodes. Les pistes restent encore à formaliser mais une chose est sûre, le Pacifique a un rôle à jouer.

Un colloque intitulé surveillance et recherche sur le Zika, la dengue et les autres arbovirus émergents dans la région Pacifique : Enseignements et perspectives a été organisé par l’Institut Louis Malardé (ILM) cette semaine. Lancé lundi il s’est achevé ce mercredi midi. "Nous avons chacun notre tour présenté nos domaines de recherche", résume Lluis Quintana-Murci, directeur scientifique de l’Institut Pasteur et directeur d’un laboratoire de génétique évolutive. "Nous avons ensuite travaillé par atelier pour établir des voies de recherche." Ces voies sont en cours de formalisation.

Le Pacifique négligé

Ce qui est d’ores et déjà établi c’est que "le Pacifique est une région à haut potentiel" comme l’indique le biomathématicien de l’École normale supérieure Bernard Cazelles où "tout reste à faire, notamment en terme de génétique. Le Pacifique est complètement négligé", complète Lluis Quitana-Murci. Il poursuit : "Nous n’avons aucune donnée sur la génétique des populations et, de ce fait, sur la vulnérabilité des populations à certaines maladies et aux traitements qu’ils requiert." L’étude génétique des populations est l’une des pistes de recherche à suivre.

À la question dans quelle mesure cela serait-il réalisable ? Luis Quitana-Murci : "Il faut que les gens se sentent impliqués, répondre aux exigences éthiques et réglementaires et, bien sûr, obtenir les financements."

Mais alors, quels arguments formuler pour obtenir des financements ? "Les études génétiques permettent de savoir qui nous sommes, nous pouvons mieux comprendre l’adaptation des populations à leur alimentation, leur environnement, pathogènes compris. Nous pouvons établir dans quelle mesure la diversité génétique nos rend inégal face à des infections et aux traitements mis au point contre ces infections." Ce qui à terme participerait à une meilleure prévention et prise en charge.

Les arbovirus en Europe

Des financements pourraient se débloquer. Les arbovirus voyagent et gagnent de nouveaux territoires. En Europe par exemple, des cas de chikungunya ou de dengue ont été observés. La dengue est aux portes du vieux continent. "Le vecteur, Aedes albopictus, le moustique tigre, vit en Europe, la menace est réelle", assure Bernard Cazelles.

En attendant de voir plus loin, un certain nombre de données ont d’ores et déjà été obtenues. Le Pacifique en général et la Polynésie en particulier ayant vécu des épidémies marquantes comme celle du chikungunya et du zika.

Bernard Cazelles, qui utilise les données récoltées sur le terrain pour nourrir des modèles, donne l’exemple du RO "qui est le nombre de cas secondaires susceptibles d’être généré par un individu dans une population." Autrement dit de la force de contagion. Pour le zika il est de 1,5 à 2,5 (1,5 à 2,5 personnes contaminées par malade), contre 1,2 pour la grippe pandémique ou de 10 pour la rougeole ! I

De tels éléments participent à une meilleure gestion des épidémies à venir. Mais cela ne répond pas à toutes les questions. Pourquoi, par exemple, le zika qui a été identifié il y a plus de dix ans en Asie n’a-t-il pas le même impact là-bas ? D’autres colloques seront encore nécessaires.


"Tout reste à faire, notamment en terme de génétique. Le Pacifique est complètement négligé", constate Lluis Quitana-Murci, directeur scientifique de l’Institut Pasteur et directeur d’un laboratoire de génétique évolutive.
"Tout reste à faire, notamment en terme de génétique. Le Pacifique est complètement négligé", constate Lluis Quitana-Murci, directeur scientifique de l’Institut Pasteur et directeur d’un laboratoire de génétique évolutive.

Des chercheurs venus du monde entier

Outre les participants locaux (ILM, Direction de la santé, Centre hospitalier de la Polynésie française), ont été invités des chercheurs d’institutions et d’université prestigieuses dans la région (Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, Queensland Institute of Medical Research Berghofer, University of the South Pacific, Australian National University, Kyoto University) et au-delà (Institut Pasteur, London School of Hygiene and Tropical Medicine, University of Oxford, Umea University) ainsi que des cliniciens (Centre hospitalier de Nouvelle-Calédonie, Centre hospitalo-universitaire de la Réunion) et des représentants des organisations et laboratoires de santé publique régionale (Communauté du Pacifique - CPS, Fiji Centres for Communicable Diseases Control, Samoa National Health Services).

Rappel

Les arbovirus sont des virus transportés par des arthropodes (notamment le moustique) qui peuvent les transmettre par piqûre à d’autres animaux. Ce sont par exemple la dengue, le zika ou le chikungunya, bien connus sur le territoire. Les arbovirus sont responsables d’arboviroses.


Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 24 Mai 2017 à 21:37 | Lu 1291 fois
           



Commentaires

1.Posté par manotane le 25/05/2017 08:42 | Alerter
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Mais alors, quels arguments formuler pour obtenir des financements ? Afin de payer nos vacances au soleil!!!!