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Après Macron : nos politiques préparent les législatives


PAPEETE, le 7 mai 2017 - Nous avons recueilli les réactions politiques des différents camps en présence après la large victoire au deuxième tour d'Emmanuel Macron en métropole comme en Polynésie. Nous n'avons pas pu joindre les représentants de Te Nati - Front National.


Heimana Garbet, En Marche!
"L'élection d'un président n'est qu'une première étape "
Macron a fait 58% en Polynésie, 65% en Métropole, quelle est votre réaction ?

Intérieurement on jubile, c'est évident, mais on reste humble. L'élection d'un président n'est qu'une première étape. Il faut maintenant qu'Emmanuel Macron puisse mettre en place son programme pendant cinq ans, et il a peu de temps pour beaucoup de choses à faire : créer un parti national avec toutes les antennes qu'il pourrait y avoir Outre-mer, se donner un gouvernement et obtenir une assise aux législatives pour gouverner sereinement.

Qui sera choisi par le mouvement en Polynésie pour être candidat aux législatives ?
Les nominations seront choisies à Paris, puis ce sera aux candidats de décider de leur programme localement. Nous proposerons des noms éventuellement, mais c'est une commission nationale, dont Emmanuel Macron ne fait pas partie, qui décidera. Je ne sais même pas si nous allons présenter des candidats en Polynésie.

Aujourd'hui vous remerciez le Tapura pour cette victoire ?
Je dis merci au Tapura, mais aussi à tous ceux qui nous ont soutenus depuis le premier tour, à commencer par Corinne Atger, qui fut l'une des premières à nous soutenir. Je remercie également le parti de Tauhiti Nena qui a pris la décision de soutenir Emmanuel Macron dès le premier tour, et Patrick Galenon qui nous a aidés depuis le début sur le terrain. Donc c'est grâce à un ensemble de personnes qui se sont rassemblées autour de nous que nous avons pu avancer. Le Tapura nous a rejoints entre les deux tours, mais c'est aussi pour respecter les consignes de Fillon. Mais nous continuons de travailler avec les uns et les autres.


Moana Greig, Tahoera'a Huira'atira
"Tous les partis se mobilisent contre le Tahoera'a, et pourtant nous obtenons 42% des voix"
Êtes-vous déçu par la défaite de Marine Le Pen ?

Dès lors que le Tahoera'a décide de soutenir un candidat, on le fait par conviction. Mais ce n'est pas une déception, car on sait pourquoi Marine Le Pen n'a pas été élue. Le Front républicain a bien fonctionné en métropole, elle a eu affaire au candidat des médias, donc elle n'avait pas toutes les chances pour réussir de son côté. Mais, en Polynésie française, les résultats sont tout à fait encourageants.

Marine Le Pen a réalisé 42% des voix en Polynésie, cela vous place en bonne position pour les prochaines échéances électorales ?
En tous les cas nous sommes confiants. Tous les partis se mobilisent contre le Tahoera'a, et pourtant nous obtenons 42% des voix, donc c'est encourageant pour l'avenir. Mais ce n'est pas suffisant, il va falloir continuer à se mobiliser sur le terrain, aller à la rencontre de nos électeurs et surtout mobiliser les abstentionnistes.

La collaboration avec le FN s'arrête-t-elle aujourd'hui ?
Il n'y a jamais eu de collaboration avec le FN, à plusieurs reprises nous sommes passés dans les médias pour dire que nous avons soutenu une candidate à la présidentielle, dans mon esprit les choses sont claires. Je tiens à préciser que les élus du Tahoera'a Huira'atira aux législatives se positionneront Tahoera'a à l'Assemblée nationale. Cela veut dire que nous serons très attentifs aux différents projets qui concernent la Polynésie française.


Nicole Sanquer, Tapura Huiraatira
"Nous allons continuer à travailler avec le gouvernement"
Emmanuel Macron, que vous souteniez au second tour, a fait 58% des voix. Êtes-vous satisfaits ?

Oui, nous sommes satisfaits car il est vrai que nous avons apporté notre soutien au mouvement En Marche!, et les reports de vote du Tapura ont globalement été suivis.

Vous êtes candidate aux élections législatives. Si vous êtes élue députée, quelle sera votre position à l'Assemblée nationale ?
Le choix a été fait de présenter nos trois candidats sous l'étiquette Tapura Huira'atira bien sûr, et comme nos députés ont pu le démontrer, nous travaillons avec la majorité présidentielle. Mme Sage et M. Tuaiva ont su travailler avec un gouvernement de gauche, et nous allons continuer à travailler avec le gouvernement pour l'intérêt des Polynésiens. Ce qui m'intéresse au niveau du président Emmanuel Macron, c'est qu'il a validé la plupart des points de l'accord de l'Élysée. Ça nous donne une base de travail pour la prochaine mandature et nous sommes dans une continuité du travail de partenariat impulsé par nos parlementaires et le président Édouard Fritch.

Ces résultats semblent indiquer que le Tahoera'a et le Tapura sont très proches en poids électoral. Comment abordez-vous les législatives ?
Oui, sur ma circonscription, la numéro 2, c'est vrai qu'au premier tour Le Pen avait un certain avantage, aujourd'hui il y a une remobilisation des équipes sur le terrain. Mais comme vous pouvez le voir, le candidat Macron a été soutenu par plusieurs partis, donc ces chiffres sont à relativiser. Mais ça nous donne une photographie pour les législatives, qui montre qu'il ne faut pas relâcher nos efforts, il faut aller sur le terrain pour essayer de maintenir une certaine avance."


Moetai Brotherson, Tavini Huira'atira
"Nous avons appelé à l'abstention aux deux tours, et c'est ce qu'il s'est passé "
Le taux d'abstention très élevé vous réjouit-il ?

Il ne faut jamais se réjouir de l'abstention. Mais comme le vote, l'abstention est tout à fait légale, donc il faut respecter ceux qui s'abstiennent comme il faut respecter ceux qui votent. Mais la consigne d'abstention a été suivie globalement en Polynésie, et particulièrement à Faa'a. Nous avons appelé à l'abstention aux deux tours, et c'est ce qu'il s'est passé.

Comment se présentent les législatives pour le Tavini ?
Les autonomistes sont divisés, et je pense qu'il y aura deux tours dans chaque circonscription. Des triangulaires c'est possible également, notamment sur la deuxième circonscription où on voit le maintien de la candidate de Jacquie Graffe qui a fait un très beau score à cette présidentielle. Sur les autres ça parait moins évident. Si nous sommes élus, le Tavini est un parti de gauche, de la vraie gauche, celle qui s'est un peu dissoute dans l'exercice du pouvoir. Donc il est évident que nous ne siègerons pas à droite. Très clairement nous ne siègerons pas avec les socialistes car nous avons été très déçus. Il reste les Insoumis de monsieur Mélenchon qui représente la vraie gauche... Mais il est également possible que nous tentions de former un groupe avec d'autres députés des Outre-mers qui partagent notre vision émancipatrice, il faut être 12 pour former un groupe.



Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Dimanche 7 Mai 2017 à 15:27 | Lu 2058 fois