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Apiculture : en Polynésie, la limite c’est le ciel


Apiculture : en Polynésie, la limite c’est le ciel
Les conditions réglementaires et sanitaires qui régissent le secteur de l’apiculture sont telles que le Pays estime voir dans cette branche du secteur agricole, une niche économique qui, de surcroit, présente tous les caractères d’une activité susceptible de fixer la population dans les archipels.

La production locale ne couvre que 60% de la demande polynésienne en miel, et dispose d’un potentiel de croissance intéressant. La préservation sanitaire des archipels polynésiens laisse penser qu’une activité de production de reines pourrait même avoir des débouchées à l’export.

Aujourd’hui, les abeilles de Polynésie française ne sont menacées que par une maladie appelée « loque », alors que dans le Pacifique, une espèce d’acarien qui agit comme une tique, appelé Varroa, fait des ravages dans les colonies d’abeilles.
En Europe et aux Etats-Unis, les traitements insecticides et la transformation des cultures s’ajoutent aux parasites, pour menacer les abeilles.

Pour se préserver la Polynésie française a pris des dispositions réglementaires strictes, tant pour l’importation du miel (arrêté 651CM du 7 mai 1998), que pour celle de la cire d’abeille nécessaire à la ruche.

Si ce statut sanitaire demeure, tout en augmentant la production apicole, l’apiculture Polynésienne est vue comme une réelle opportunité de niches commerciales par l’exportation de reines saines et de miel sans contaminant.

Le président Temaru, le ministre de l’Agriculture, Kalani Teixeira et Daniel Herlemme, ministre du Développement des archipels ont visité, vendredi 7 septembre, l’exploitation apicole de Stéphane Brouttier, apiculteur sur les hauteurs de Papeete.

Le Pays a décidé avec le syndicat des apiculteurs et sous les conseils d’experts internationaux, de renforcer les conditions d’importation de cire et de miel afin de protéger au mieux nos colonies d’abeilles.

L’approvisionnement en cire d’abeille par l’importation étant devenu très difficile, il devient important d’apporter des solutions aux apiculteurs locaux. Stéphane Brouttier en a une, élémentaire : il recycle la cire d’abeille.

Cet apiculteur a exposé les méthodes pratiques et le matériel nécessaire, et finalement assez rudimentaire, pour que les apiculteurs recyclent leur propre cire, jusqu’à fabriquer des feuilles de cire gaufrées nécessaires pour leur exploitation. Stéphane Brouttier produit également ses propres reines.

L’importation des reines d’abeilles est soumise aux exigences de l’arrêté n° 1861/CM du 30 décembre 1998, et sévèrement réglementée, bien que possibles depuis la Nouvelle-Calédonie, où les garanties sanitaires sont suffisantes.

Or, pour l'apiculteur, les reines de moins de trois ans sont les plus productives et c'est la deuxième année qui est la plus intéressante.
« La mine d’or c’est les reines », souligne le ministre de l’Agriculture. « A 20 euros (2.400 Fcfp) le spécimen. Ils ont vendus pour 20 millions d’euros (4 milliards Fcfp), l’année dernière à Hawaii. Si on se débrouille bien, d’ici quelques années on peut arriver à développer une activité lucrative.»

Pour l’instant, l’apiculture est très artisanale en Polynésie où tout reste à faire. Une étude menée par le ministère de l’Economie rurale en 2009 a permis d’évaluer que le secteur de l’apiculture a généré un revenu de 93 millions Fcfp dans l’année, la situant au 4e rang des productions animales. L’estimation avait donné 88 tonnes de miel produites par 80 apiculteurs sur 2.500 ruches. Avec un taux de couverture de la demande locale de guère plus de 60%.

Globalement cette activité s’exerce essentiellement aux Marquises ou dans l’archipel des îles-du-vent où 84% des apiculteurs et des ruchers sont installés. Les deux tiers de ces exploitations apicoles se composent de ruches sauvages dont la production est destinée à une consommation familiale ou est écoulée par le biais de circuits informels. Ces exploitations apportent rarement la source de revenu unique de leur propriétaire, mais un appoint financier. Seul un tiers exploitations possède des ruches d’élevages et commercialise la production. Selon cette étude, en 2009, seuls 9 apiculteurs avaient plus de 100 ruches en Polynésie française.

Le président Temaru et  le ministre de l’Agriculture, Kalani Teixeira, ont visité l’exploitation apicole de Stéphane Brouttier, apiculteur sur les hauteurs de Papeete, vendredi.
Le président Temaru et le ministre de l’Agriculture, Kalani Teixeira, ont visité l’exploitation apicole de Stéphane Brouttier, apiculteur sur les hauteurs de Papeete, vendredi.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 7 Septembre 2012 à 14:55 | Lu 7687 fois