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Animaux abandonnés recherchent familles d'accueil


PAPEETE, le 22 mai 2017 - Les associations protectrices des animaux sont débordées. Chiens et chats abandonnés sont de plus en plus nombreux et les familles d'accueil de plus en plus rares.

"Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de familles d'accueil. Mais je ne peux pas laisser ces animaux dehors." Virginie soupire avant de remettre une poignée de croquettes dans un bol. Un chat au poil roux accourt tout de suite. Depuis plus de dix ans, la jeune femme accueille chez elle des animaux abandonnés.

Dans sa maison de Arue, elle a aujourd'hui douze chats et un chien en convalescence en attendant de retourner chez ses maîtres. "Quand nous sommes arrivés en Polynésie il y a deux ans, nous avions à peine mis la clé dans la serrure que nous entendions déjà un chat miauler derrière nous. C'était le chat des anciens locataires. Ils étaient repartis en France mais n'avaient pas emmené le chat qu'ils avaient adopté ici. Du coup, il s'est installé avec nous", raconte cette amoureuse des animaux.

Virginie décide alors de s'investir auprès de l'association de défense des animaux Eimeo Animara et de devenir famille d'accueil. Elle reçoit les animaux trouvés dans la rue ou apportés à l'association par les gens qui ne peuvent plus s'en occuper. Virginie et sa famille les nourrissent et s'en occupent comme si c'était les leurs, jusqu'à ce qu'ils partent. "Le but est de les faire adopter, pas de les garder. Les gens contactent l'association et viennent voir les animaux ici. Ensuite, s'ils veulent en adopter un, nous leur faisons un contrat et nous leur donnons des conseils."

ABANDON D'ANIMAUX

Photo d'illustration (Facebook Eimeo Animara).
Photo d'illustration (Facebook Eimeo Animara).
Être famille d'accueil ici est devenu le meilleur compromis pour Virginie et sa famille, même s'il y a des petites contraintes. Ils peuvent prendre soin d'animaux, comme si c'était les leurs, tout en étant libre de repartir sans avoir peur de les abandonner. "Je trouve aussi que c'est un bon moyen pour avoir des animaux même si nous n'en avons pas forcément les moyens financiers. Prendre soin d'un animal, chien ou chat, a un coût. Mais en étant famille d'accueil, l'association nous aide pour la nourriture, les soins, les vaccins, la stérilisation…", ajoute-t-elle.

Pour autant, la trentenaire aimerait voir plus de familles d'accueil autour d'elle. Les associations de défense des animaux s'accordent sur ce point : il y a un manque cruel de personnes capables d'accueillir des animaux dans l'attente d'être adoptés.

"Il y une recrudescence d'animaux abandonnés", affirme Evelyne, présidente de L.E.V. aide aux chiens et chats. "En ce moment, il y a des familles qui partent ailleurs mais qui ont adopté un chien ou un chat il y a deux ans. Le problème est qu'ils ne les emmènent pas..." Son association comptera quatre familles d'accueil en moins au mois de juillet. Un réel problème auquel la présidente ne sait pas encore comment faire face. "Je ne peux pas non plus surcharger les gens qui sont déjà des animaux", se désole-t-elle.

Du côté de l'association Eimeo Animara, c'est le même constat. De plus en plus d'appels, de plus en plus d'animaux mais de moins en moins de familles. "La bonne nouvelle dans tout ça c'est que cela démontre que les gens détournent moins le regard qu'avant", estime Alice, la présidente de l'association. Depuis plus d'un an, cette dernière a remarqué que le nombre d'adoptions avait ralenti. Les familles d'accueil saturent. "Le problème, c'est qu'il n'y a pas de refuge adapté et que les gens ne stérilisent pas assez leurs animaux. Il faut que les gens comprennent que c'est important pour les animaux. Plutôt que de les abandonner…"

Pratique

Les associations recherchent toujours des bénévoles ou des familles d'accueil :

- Ia Maita'i Te Animara
[email protected]

- Eimeo Animara
[email protected]
89 70 49 20

- L.E.V. aide aux chiens et chats
[email protected]
89 51 50 57

"C'est moins pire qu'avant"

Olivier Betremieux est vétérinaire en Polynésie française depuis dix ans. Il travaille dans des cliniques à Mahina et à Papeete.

Vois-tu une période plus propice aux abandons ?

"C'est tout le temps la période. Il y a toujours des animaux abandonnés, c'est à se taper la tête par terre. Nous retrouvons souvent des cartons devant les cliniques. Lors du week-end des intempéries au mois de janvier, quelqu'un a déposé un seau rempli avec des chatons à l'intérieur. Il était caché, personne ne l'a vu tout de suite. Quand nous avons retrouvé le seau, les chatons étaient morts noyés à cause des pluies…"

Quels messages essaies-tu de faire passer aux gens ?

"Il y a tellement de messages… Il faut surtout faire stériliser les animaux quand on ne veut pas s'occuper de chiots. Si on en a, il ne faut pas attendre de les laisser grandir… L'euthanasie est gratuite pour les nouveaux nés. Les gens disent que ça fait pitié. Mais ça fait encore plus pitié de les abandonner et de les laisser mourir."

En dix ans, n'as-tu pas vu d'améliorations de ce côté-là ?


"Si, je trouve que ça s'améliore un peu… Ou, disons que c'est moins pire qu'avant. Heureusement qu'il y a les familles d'accueil.
Mais il y a encore beaucoup de choses à faire et à expliquer aux gens pour qu'ils comprennent qu'on ne peut pas laisser les animaux comme on les retrouve parfois…"

*Olivier Betremieux est vétérinaire en Polynésie française
depuis dix ans. Il travaille dans des cliniques à Mahina et à Papeete

Rédigé par Amelie David le Lundi 22 Mai 2017 à 17:27 | Lu 4905 fois