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Air Tahiti, de nouveaux avions pour redécoller


Joël Allain, P-dg de la compagnie aérienne Air Tahiti
Joël Allain, P-dg de la compagnie aérienne Air Tahiti
PAPEETE, 31 juillet 2014 - Avec l’acquisition d’un second ATR 42 de nouvelle génération, la compagnie Air Tahiti s’achemine à l’horizon 2018-2019 vers un renouvellement complet de sa flottille aérienne, qui compte aujourd’hui deux ATR 42 et cinq modèles 72. Le transporteur est en phase de restructuration.

Joël Allain a pris fin novembre dernier la direction du transporteur aérien polynésien alors que la compagnie observe un baisse constate de son activité depuis 2008 et cherche toujours à fixer son avenir dans le ciel polynésien. La délégation de service public dont elle dispose depuis 1989 est actuellement en négociation avec le Pays. Air Tahiti acquis son nouvel ATR42 au prix d’1,55 milliard Fcfp. Un deuxième achat non défiscalisé en l’espace de huit mois, compte tenu des incertitudes crées par l'absence de cadre d'exploitation clair et convenu avec le Pays.

Qu’est-ce qui bloque avec Bercy pour votre défiscalisation ?

Joël Allain : Un manque de visibilité économique à terme, par rapport à la délégation de service public, mais avant cela l’absence de schéma directeur du transport aérien en Polynésie française. Ils sont très insistants sur ce point-là à Bercy ; ils demandent un schéma du transport aérien qui offrirait des perspectives à 10, 15 ans aux opérateurs. Il s’agit d’un dessin du ciel polynésien pour les années à venir : quels types d’appareils ; quelles fréquences ; quelles îles desservir, etc.

Est-ce que cela est compatible avec la relation conventionnelle qui vous lie au Pays ?

Joël Allain : Nous avons une relation conventionnelle qui maintenant est semestrielle. Donc on attend. Ce n’est pas très facile à gérer comme situation parce qu’on a du mal à travailler dans une perspective aussi courte. On est donc très demandeurs de la mise en place de ce schéma directeur, annoncé pour dans quelques mois. Et juste derrière, on attend la décision du Pays sur la façon de faire opérer les compagnies : s’agira-t-il d’un ciel totalement libéré ? Libéré partiellement avec des obligations de service public ? S’agira-t-il d’une délégation de service public unique ?

Vous acquerrez un deuxième ATR 42-600 en l’espace de quelques mois. Quel est votre programme de renouvellement de la flotte ?

Joël Allain : Il a été un peu retardé par l’attente des décisions relatives à la défiscalisation. On espère qu’on pourra en bénéficier pour le prochain avion qui arrive en novembre. Ce sera un 72-600. Notre flotte est composée actuellement de deux ATR 42-600 et de cinq ATR 72 qui doivent passer du modèle 500 au modèle 600 progressivement jusqu’en 2018 avec option de repousser jusqu’en 2019.
Nous avons également l’option d’acheter un nouvel avion, si la croissance revient. Il faut savoir que depuis 2008, Air Tahiti a perdu 20% de son niveau d’activité en passagers-kilomètres-transportés. En 2013, le chiffre d’affaires de la compagnie est d’à peu près 10 milliards pour les activités aéronautiques et un milliard pour les activités d’assistance aéroportuaire. L’activité Transport aérien a connu une chute de 20% depuis 2008, ce qui nous ramène exactement à la situation de 2004.


Concernant vos tarifs, ces nouveaux avions annoncent-t-ils une baisse ?

Joël Allain : Notre compagnie traverse les mêmes souffrances que le Pays. Les gens ont réduit les moyens consacrés au voyage ou au déplacement par avion. On constate une baisse de la fréquentation de la clientèle résidente. Quand on monte dans les avions d’Air Tahiti on est surpris de voir que le voyageur type est quelqu’un de très modeste. Donc nous sommes très attentifs, en faisant cette observation quotidienne à ne pas faire varier nos tarifs. On sait qu’ils sont chers ; mais ils sont le reflet de la dimension du service que l’on nous demande de réaliser.

Quel bilan tirez-vous de vos huit mois à la tête de cette compagnie aérienne ?

Joël Allain : D’abord sur les personnels qui constituent la société, je trouve qu’ils sont de grande qualité. Mais ils ont été marqués par ce que j’appellerais des années de vaches grasses. La difficulté est maintenant, depuis quelques années, de leur démontrer que ces années sont terminées. On va devoir vivre avec un modèle économique différent qui va demander des efforts aux personnels d’Air Tahiti. Ils représentent la plus grosse part des charges de l’entreprise.
On a entamé un travail sur le plan social, à la recherche de gains de performance qui passe également par l’acquisition d’outils les plus opérants possible, de façon à limiter au maximum l’intervention humaine. Et, dès qu’on le peut, on tente de réduire les effectifs, là où c’est possible.

Rédigé par JPV le Jeudi 31 Juillet 2014 à 15:52 | Lu 2520 fois