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Agriculture biologique: savoir démêler le vrai du faux


En Polynésie française, le label "bio" a été encadré et réglementé, pour la première fois, par une loi du Pays en date du 10 janvier 2011.
En Polynésie française, le label "bio" a été encadré et réglementé, pour la première fois, par une loi du Pays en date du 10 janvier 2011.
PAPEETE, le 22 septembre 2017 - Le 28 septembre, la Foire agricole ouvrira ses portes sur le thème des "produits de la terre et notre santé". L'occasion de s'intéresser à l'encadrement des produits biologiques en Polynésie française afin que les consommateurs sachent précisément quels sont les critères de référence dans le domaine de l'agriculture biologique.

Comment être sûr que ce que les aliments que l'on consomme sont bien certifiés comme étant des produits biologiques? Quel sont les différentes manières pour un agriculteur d'accéder à ce label? Autant de questions auxquelles une majorité des consommateurs n'a pas les réponses. A l'approche de la Foire agricole qui, cette année, privilégiera le thème de la qualité nutritionnelle, nous nous sommes penchés sur la question.

En Polynésie française, le label "bio" a été encadré et réglementé, pour la première fois, par une loi du Pays en date du 10 janvier 2011. Cette dernière reconnaît la possibilité pour un agriculteur de se faire certifier par un organisme tiers mais également, et c'était une nouveauté, de se faire garantir par une association telle que SPG bio fetia dont nous avons rencontré un membre bénévole. Comme il nous l'explique, " En métropole, le label AB est spécifique au territoire. C'est un label du ministère de l'agriculture française. Dans la mesure où la Polynésie a son propre ministère, nous avons dû acquérir notre propre réglementation. De plus, le label AB, dans son circuit de certification, ne reconnaît pas le système participatif de garantie (SPG)" .

Dans le monde, il y a un organisme, l'IFOAM (International Federation of Organic Agriculture Movements), qui gère l'ensemble des associations et des mouvements biologiques. Il reconnait les normes biologiques en tant que telles. Chaque pays à sa norme, si les concepts sont à peu près les mêmes, les critères varient quelque peu. Dans les pays tropicaux comme en Polynésie française, la Communauté du Pacifique Sud (CPS) s'est rendue compte que l'on ne pouvait pas prendre la norme UE et l'adapter stricto senso à nos agriculteurs en raison du climat de l'insularité, de l'éloignement, la taille des exploitations. La norme océanienne d'agriculture biologique (NOAB) a donc été rédigée par la CPS avec des référents de Polynésie, de Nouvelle cal, des Vanuatu etc… et est la première norme reconnue par la loi de pays, et fait également partie des normes reconnues officiellement par l’IFOAM. C'est l'équivalent, en quelque sorte du AB métropolitain.

SYSTEME PARTICIPATIF DE GARANTIE

Le SPG est un système dans lequel des consommateurs et des agriculteurs se réunissent régulièrement par rapport à des objectifs communs (pas de pesticides, la santé dans l'assiette..) et qui travaillent ensemble sur les protocoles de garanties et les contrôles de terrain. A titre d'exemple, l'association BIO Fetia, dont le siège est situé à Arue, à proximité de la chambre de l’agriculture et de la direction de l’agriculture (anciennement SDR), ne travaille qu'avec des bénévoles qui vont sur le terrain (consommateurs et producteurs formés en interne aux audits de contrôles adapté pour la certification). Suite à un arrêté du Pays (voir ci-dessous), le SPG Bio Fetia a été reconnu apte à certifier le critère biologique des exploitations qu'il contrôle et accompagne. Un agriculteur qui souhaite obtenir le label doit s'acquitter de 3000 Fcfp par an afin d'accéder au processus de certification, la contrepartie d’un faible cout, il doit participer de temps en temps également aux contrôles des autres producteurs. Lors d’un contrôle, les membres désignés par le SPG biofetia contrôlent le champ, l’exploitation, les pratiques agricoles, le cahier de cultures… et il peut y avoir en tant que de besoins, des contrôles sur les produits agricoles, la qualité des sols etc…

LES CERTIFICATEURS PAR TIERS

Pour garantir qu’un produit est BIO, il existe une autre voie que celle des SPG, c’est-à-dire des entreprises privées telles qu'ECOCERT ou BIOAGRICERT. Bien que beaucoup plus onéreuses, ces dernières permettent aux agriculteurs, notamment aux exportateurs de monoï, de vanille, de commercialiser leurs produits dans les pays étrangers en fonctions de leurs normes car les certificateurs par tiers, contrairement au SPG BIOFETIA peuvent avoir les autorisations de certifier selon plusieurs normes. Par exemple, les produits certifiés sous la base de la NOAB ne seraient pas acceptés au japon qui possède sa propre norme JAS et ne reconnaît que celle ci en matière d’agriculture biologique. Ainsi l'on peut retrouver des produits en grande surface avec plusieurs logos de certification..

TRICHEURS

Comme dans toute filière, il y a des tricheurs, des gens qui biaisent le consommateur. Comme les agriculteurs qui apposent l'inscription "BIO dégradable" sur leurs produits en mettant en exergue le mot magique. D'autres écrivent librement, alors que cela leur est strictement interdit, que leurs produits sont "bios et naturels". Mais il y a également des agriculteurs qui ne sont pas malveillants mais qui sont dans une forme de méconnaissance.

Extrait de la Loi du pays du 10 janvier 2011

Section 2 : Les organismes certificateurs
Art. L P . 18.— E n Polynésie française, peuvent seuls procéder à la certification en agriculture biologique de produits issus de l'agriculture biologique, les organismes qui ont déposé auprès de l'autorité administrative compétente une déclaration relative à leur activité et contenant notamment toute information nécessaire en ce quiconcerne les mesures destinées à garantir leur impartialité et leur compétence ainsi que le plan de contrôle prévu à l'article LP. 9.
Section 3 : Les systèmes participatifs de garantie

Art. LP. 22.— En Polynésie française, peuvent seuls procéder à la garantie en agriculture biologique de produits agricoles, les systèmes participatifs de garantie qui ont déposé auprès de l’autorité administrative compétente une déclaration relative à leur fonctionnement, leur activité et contenant notamment toute information nécessaire en ce qui concerne les mesures destinées à garantir leur objectivité et leur compétence ainsi que le plan de contrôle prévu à l’article LP. 9.

Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 22 Septembre 2017 à 08:55 | Lu 2738 fois