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Affaire AS Aorai : le club se défend, le principal suspect écroué, ses proches crient au complot


L'ancien entraîneur de boxe mis en cause n'a pas convaincu le juge des libertés et de la détention ce lundi, qui l'a maintenu provisoirement à Nuutania, notamment pour éviter tout contact avec les victimes.
L'ancien entraîneur de boxe mis en cause n'a pas convaincu le juge des libertés et de la détention ce lundi, qui l'a maintenu provisoirement à Nuutania, notamment pour éviter tout contact avec les victimes.
PAPEETE, le 8 février 2016 - L'ancien entraîneur de boxe de l'AS Aorai mis en examen mercredi dernier pour des viols en réunion sur mineures et soupçonné d'avoir filmé les scènes avec la caméra du club a été placé en détention provisoire, ce lundi matin, par le juge des libertés et de la détention.


Incarcéré provisoirement mercredi dernier le temps de préparer les premières lignes de sa défense, l'ancien entraîneur de 47 ans et son avocat, Me Bennouar, n'ont pas convaincu le juge des libertés et de la détention qui a prononcé ce lundi le placement en détention provisoire de ce quadragénaire mis en examen la semaine dernière pour viols sur mineures de moins de 15 ans et captation d'images pornographiques.

La justice soupçonne cet homme, un ancien responsable de la section boxe de l'AS Aorai, d'avoir filmé et pris part à des relations sexuelles mettant en scène trois jeunes boxeurs d'une vingtaine d'années qu'il avait sous sa coupe, et au moins deux jeunes filles au parcours de vie difficile qui avaient été placées chez lui dans des conditions que l'enquête devra déterminer. C'est l'une d'elle qui avait révélé ces faits il y a quelques semaines, déclenchant le rouleau compresseur judiciaire. Les trois jeunes hommes aussi mis en cause dans cette histoire ont été mis en examen des mêmes chefs d'accusation mais ont été laissés libres, sous contrôle judiciaire. L'affaire est désormais entre les mains d'un juge d'instruction.

"Des accusations montées de toutes pièces" selon une proche du suspect venue le voir au tribunal


Présente à la porte du petit bureau dans lequel le juge des libertés et de la détention décidait du sort de l'entraîneur, ce matin au palais de justice de Papeete, une jeune femme qui a souhaité garder l'anonymat mais visiblement affectée et qui s'est présentée "comme quelqu'un de proche" a livré sa version des faits : "C'est monté de toutes pièces, il n'y a aucune preuve matérielle". Des ordinateurs et la caméra du club ont été saisis par la justice à la recherche des vidéos compromettantes. "Les deux filles qui accusent ont dit qu'il y avait des vidéos pour donner plus de force à ce qu'elles racontent mais il n'y a rien. Elles agissent par vengeance, elles avaient été placées chez lui parce que c'étaient des enfants difficiles et qu'il savait leur parler. Mais malgré cela elles ont tout raté, leurs études, leur vie. Elles se sont salies toutes seules et lui font porter le chapeau".

Du côté de l'AS Aorai, et sans préjuger des suites de l'enquête, cette affaire a d'ores et déjà causé bien des torts. Le bureau de l'association sportive, dont l'image a été "salie", s'est fendu d'un communiqué de presse, dimanche, pour condamner ces agissements s'ils étaient avérés tout en demandant de bien les dissocier de l'institution As Aorai en elle-même : "Que ce soit au basket, au football, au tennis, à l'athlétisme et même à la boxe, tous les jours ses bénévoles œuvrent pour nos enfants, vos enfants, en toute sécurité".

Les faits visés par l'enquête du juge d'instruction se seraient produits au domicile du mis en examen mais aussi au sein du club, pendant plusieurs années. Les derniers faits identifiés remonteraient à 2013. Le juge des libertés et de la détention a notamment motivé sa décision de placement en détention provisoire par "le risque de concertation par un adulte qui a par définition un ascendant sur les victimes". L'avocat de l'entraîneur avait pour sa part plaidé l'ancienneté des faits, l'insertion sociale de ce père de quatre enfants principale source de revenu de son foyer, et les nombreuses contestations quant au niveau de gravité des faits tels que dénoncés par les victimes.

Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 8 Février 2016 à 13:14 | Lu 3605 fois