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"50 ans de recherche", l’IRD publie son anthologie polynésienne et songe à l'avenir


"50 ans de recherche", l’IRD publie son anthologie polynésienne et songe à l'avenir
ARUE, jeudi 13 juin 2013 – L’Institut de Recherche et de développement (IRD, anciennement dénommé Orstom) fête les 50 ans de son installation en Polynésie française et publie un ouvrage qui présente une anthologie des travaux de recherche menés sur le territoire par l’établissement.

Quatre grandes thématiques y sont abordées : les savoirs traditionnels polynésiens ; les espèces envahissantes, insectes nuisibles et épidémies ; la connaissance des milieux marins ; et dernièrement l’étude, le recensement et l’indexation de substances naturelles propres à l’environnement polynésien.

Ce recueil de 135 pages présenté comme un "outil de restitution à la société civile des résultats de grands programmes de recherche conduits localement depuis 1963" pourrait être distribué en milieu scolaire et mis en vente pour le grand public. L’intention est exprimée mais l’IRD n’a pas encore défini le mode de distribution ni le prix de vente et ne dispose au demeurant que d’une première édition de 400 exemplaires de l’ouvrage.

"Les fiertés de l’ouvrage, c’est la coopération Etat-Pays, c’est la coopération intergénérationnelle (…) et puis il y a un fil directeur d’ordre économique ou socio-économique de nos recherches", explique Philippe Lacombe, directeur de l’IRD.

De l'esprit à la chose

"La biodiversité occupe une période plutôt récente de nos recherches", ajoute Michel Laurent, le président du réseau des IRD à travers le monde, de passage à Tahiti pour l’occasion du jubilé. "Il y a depuis une vingtaine d’année un renforcement de la prise de conscience de ce que peut représenter la biodiversité terrestre et marine en Polynésie en terme de patrimoine à préserver. (…) Mais si l’on veut que la science produise des effets, il faut obligatoirement des investissements de moyen et de long terme, autour des plateformes technologique, en matière de moyens humains et pour financer toutes les démarches, notamment les brevets. (…) Mais le temps de la science n’est pas le temps de la politique", constate Michel Laurent. "Nous devons rendre compatibles ces deux temps, faute de quoi nul dialogue n’est possible (…). Par contre ici, à l’avenir je l’espère nous allons engager des débats au niveau politique qui porterons sur des recherches qui se sont déroulées sur deux à trois décennies. C’est la clé : de montrer qu’il ne s’agit pas du résultat focal, isolé, de la science dans un domaine particulier appréhendé par le politique, mais que l’histoire peut se concrétise au travers d’un événement scientifique".

"C’est vrai que, vu du côté du grand public, la science c’est quelque chose qui consomme beaucoup de crédits, pas forcément avec des résultats immédiats", constate de son côté Tearii Alpha, le ministre des Ressources marines. "i[Le Politique, c’est l’immédiateté du résultat. Le monde économique a également des attentes. Les programmes de recherche aujourd’hui sont beaucoup plus ciblés (…), [vers leurs] applications économiques. Beaucoup de recherches ont été réalisées chez nous et ont permis de conserver notre patrimoine culturel, de connaître la biodiversité de notre environnement… nous devons maintenant nous interroger sur les applications économiques que peuvent avoir ces connaissances. La Polynésie est un tout petit pays au niveau économique à l’échelle mondiale ; mais nous avons des sources d’intérêt scientifique énormes. (…) C’est notre combat pour qu’à terme on soit tous gagnants. La Polynésie doit devenir à son échelle un pays d’innovation technologique dans un écosystème océanique et tropical]i".

L’IRD est entrée CPRBI, le Centre polynésien de recherche sur la biodiversité insulaire et s'investit sur des plateformes de mutualisation de moyens telles que le Laboratoire des Micro-toxines marines (avec l'Institut Louis Malardé), le Laboratoire de Biologie marine (avec l'Université de Polynésie française), ou le Laboratoire de chimie marine et végétale (UPF/IRD).

L’IRD collabore également avec le "pôle d’innovation polynésien Tahiti Fa’ahotu" créé en septembre 2010, grâce au partenariat entre une association polynésienne et les pôles de compétitivité Mer Bretagne et Mer Provence Alpes Côte d'Azur. Tahiti Fa'ahotu compte aujourd'hui 47 entreprises locales dans le domaine de la valorisation et de la biodiversité.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 13 Juin 2013 à 14:28 | Lu 1117 fois