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5 000 baleines sillonnent le Pacifique Sud


PAPEETE, le 16 juin 2014- Autrefois, les baleines à bosse étaient abondantes dans les eaux entourant les îles du Pacifique Sud pendant la saison de reproduction. Ces populations ont presque été exterminées par à la chasse intensive qui à suivi la seconde guerre mondiale, et notamment la chasse illégale conduite par l’Union Soviétique.

Plus de 50 ans après l’arrêt de la chasse commerciale, combien de baleines à bosse fréquentent actuellement le Pacifique Sud et dans quelles mesures les populations se sont elles reconstituées ?

Afin de répondre à ces questions, le South Pacific Whale Research Consortium (consortium de recherche sur les baleines du Pacifique Sud) travaille depuis des années avec le comité scientifique de la Commission Baleinière International. Aujourd’hui, ils finalisent ensemble la première évaluation globale des baleines à bosse de l’hémisphère Sud.

Le South Pacific Whale Research Consortium a été créé il y a 15 ans pour coordonner les recherches conduites par des scientifiques indépendants dans et en dehors de la région pacifique, dans le but de fournir des conseils de gestion pour la conservation des baleines et des dauphins des eaux océaniennes. Un des premiers objectifs a visé à évaluer la reconstitution des stocks de baleines à bosse qui migrent entre les zones de nutrition antarctiques et les zones de reproduction tropicales entourant les nations insulaires du Pacifique. Pour cela, photographies de nageoires caudales et échantillons de peau ont été collectées sur plus de 2000 baleines. Grâce à ces données les membres du Consortium ont obtenu les premières estimations d’abondance des populations ainsi que des informations sur la différentiation génétique et les mouvements migratoires des baleines à bosse d’Océanie.

Les résultats de cette collaboration à long terme ont été intégrés dans la première évaluation globale des baleines à bosse d'Océanie, finalisée cette année au cours de la réunion de la Commission Baleinière Internationale qui s’est tenue à Bled en Slovénie en mai dernier. En utilisant les données collectées par le Consortium, le comité scientifique de la CBI a développé un modèle pour reconstruire l’historique du déclin des populations de baleines à bosse et de leur lente récupération suite à la chasse du 20ème siècle.

C’est ainsi que le comité scientifique a pu conclure que l’Océanie abritait plus de 14000 baleines à bosse par le passé, mais qu’en 1966 leur nombre s’est trouvé réduit à moins de 1% de cette valeur. Depuis lors, les populations de baleines de cette vaste région augmentent lentement et on estime qu’environ 5000 baleines à bosse fréquentent actuellement le Pacifique Sud, soit 37% du nombre d'animaux présents avant la chasse. A cause du faible taux de croissance observé, il faudra au moins une trentaine d’années de plus avant que ces populations ne retrouvent leur nombre originel.

« L’évaluation globale des baleines à bosse confirme à quel point la population océanienne a été proche de l’extinction » précise le Dr. Michael POOLE, co-fondateur et membre du Consortium, ainsi que fondateur et responsable du programme de recherches sur les mammifères marins basé sur Moorea depuis 1987. « Suite à l’impact catastrophique qu’a eu la chasse illégale soviétique menée au début des années 1960, il n’y a probablement pas eu plus de 40 femelles matures qui ont survécu dans cette vaste région. ».

Comprendre les spécificités régionales des baleines à bosse est crucial comme l’a souligné une récente publication scientifique, menée par des membres du Consortium, sur l’isolement génétique parmi les populations océaniennes. Cet isolement est si important que les auteurs ont proposé de reconnaitre une troisième sous espèce de baleines à bosse, Megaptera novaeangliae australis propre à l’hémisphère Sud.

Afin que la reconstitution des populations se poursuive, les membres du Consortium ont travaillé avec le secrétariat du Programme Régional Océanien de l’Environnement (PROE) et les gouvernements de la Polynésie Française, Nouvelle-Calédonie, Niué, Iles Cook, Tonga et Samoa pour développer des mesures de gestion. Ces dernières incluent l’établissement de grands sanctuaires pour les baleines et dauphins qui favorisent la reconstitution des populations et fournissent une opportunité de développement économique à travers le whale watching.

Les nations du Pacifique ont récemment déclaré 2016 « Année de la baleine ». Cette année là, le Consortium prévoit de conduire de nouveaux suivis afin d’estimer le statut des baleines à bosse.

International Fund for Animal Welfare (IFAW), l’Australian Marine Mammal Centre à travers le Southern Ocean Research Partnership (SORP), le Fonds Pacifique, le secrétariat du Programme Régional Océanien de l’Environnement (PROE) et le DIREN (Ministère de l’Environnement) en Polynésie Française ont participé au financement des travaux de recherche menés par le Consortium sur les baleines à bosse d’Océanie.

Rédigé par Communique du South Pacific Whale Research Consortium le Lundi 16 Juin 2014 à 13:40 | Lu 1792 fois