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2,2 millions de francs de frais de bouche : Marty conteste, repart libre, le procès reporté au 14 janvier


Me Mourad Mikou (à g.) et son client Bruno Marty arrivent au tribunal et s'apprêtent à demander un délai pour préparer leur défense.
Me Mourad Mikou (à g.) et son client Bruno Marty arrivent au tribunal et s'apprêtent à demander un délai pour préparer leur défense.
PAPEETE, le 29 octobre 2015 - Bruno Marty a sollicité le report de son procès en comparution immédiate, jeudi, pour les faits de détournement de fonds publics dont l'accuse le parquet de Papeete, et qu'il conteste. Le directeur général de la SEM Laboratoire des travaux publics avait été placé en garde à vue, mercredi, pour son incapacité à justifier 2,2 millions de francs de frais de bouche, réglés avec la carte Gold de la société.


Placé en garde à vue mercredi dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics ouverte par le parquet en juillet dernier, le directeur général de la société d'économie mixte (SEM) Laboratoire des travaux publics (TP) s'est présenté jeudi à 14 heures, comme prévu, à l'audience de jugement en comparution immédiate décidée par le procureur de la république.

Bruno Marty a sollicité un délai pour préparer sa défense, un droit que le tribunal ne peut refuser au prévenu dans ce type de procédure.
Le dossier a donc été reporté, et la date du 14 janvier 2016 arrêtée. Bruno Marty comparaîtra libre de toute contrainte ce jour-là.
Le tribunal n'a pas jugé "justifiées" les réquisitions du ministère public qui demandait, dans l'attente de cette audience, le placement sous contrôle judiciaire de Bruno Marty avec interdiction de se rendre physiquement dans les locaux de la SEM Laboratoire des travaux publics.

"On peut éventuellement imaginer que l'on aille prendre des pièces comptables…", avait pourtant fait remarquer l'un des assesseurs du président Florentin à l'intéressé et son avocat, Me Mourad Mikou, pour leur expliquer la requête du parquet.

2,2 millions de francs de tickets égarés

La justice soupçonne Bruno Marty d'avoir détourné, en 2014, près de 2,2 millions de francs des caisses de la SEM Laboratoire des travaux publics pour payer des notes de restaurants, essentiellement. Des frais de bouche et des retraits d'espèces "injustifiés" et "à des fins personnelles" estime le parquet, au débit de la carte bancaire Gold rattachée à la direction générale de la société. Les faits avaient été dénoncés par le commissaire aux comptes de la SEM dans un rapport communiqué au procureur de la République.

Bruno Marty, par la voix de son avocat Me Mikou, s'est défendu de toute intention malhonnête : "Il y a un certain nombre de dépenses pour lesquelles mon client n'a pas pu présenter de justificatifs, raison pour laquelle il s'est, de lui-même, engagé au remboursement de cette somme. Il en a d'ailleurs déjà remboursé la moitié". Un prélèvement de 200 000 francs par mois sur son salaire a en effet été décidé par l'entreprise depuis l'ouverture de l'enquête.


> Lire : Bruno Marty soupçonné de détournement de fonds au Laboratoire des TP

Me Mikou : "Il peut arriver qu'on perde des justificatifs"

L'avocat de Bruno Marty a, pour sa part, balayé d'un revers de manche toute intention malhonnête de son client : "Il a effectué des dépenses avec la carte bancaire de cette société, et il a omis de produire les justificatifs. Je ne sais pas si vous gardez tous vos justificatifs de paiement sur vous, tout le temps, mais il peut arriver qu'on en perde. Il y a un certain nombre de dépenses pour lesquelles mon client n'a pas pu présenter de justificatifs, raison pour laquelle il s'est, de lui-même, engagé au remboursement de cette somme. Il en a d'ailleurs déjà remboursé la moitié".

De la simple négligence ? "Je réserverai mes arguments pour le tribunal, mais il y a effectivement plus de négligence dans ce dossier qu'une intention de voler dans la caisse de cette société pour laquelle il est dévoué corps et âme".

Me Mikou qui a par ailleurs sous-entendu l'action "d'une main invisible dans ce dossier" qui chercherait à "instrumentaliser" le tribunal et à "neutraliser" Bruno Marty : "Je réserve mes arguments pour le tribunal. Mon client a répondu et s'est rendu mercredi à une convocation comme témoin libre à la DSP, dans le cadre d'une enquête ouverte il y a des mois. Et il s'est retrouvé en garde à vue…"


Rédigé par JPV et RP le Jeudi 29 Octobre 2015 à 17:04 | Lu 3076 fois