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2 ans ferme requis contre le patron d'Excel Motors


Les derniers clients d'Excel Motors en ont été pour leurs frais, le patron de la société continuait à encaisser les commandes alors que la faillite pointait le bout de son nez.
Les derniers clients d'Excel Motors en ont été pour leurs frais, le patron de la société continuait à encaisser les commandes alors que la faillite pointait le bout de son nez.
PAPEETE, le 6 octobre 2015 - Le parquet a requis 4 ans de prison dont 2 ans avec sursis, ce mardi en audience correctionnelle, contre l'ancien patron d'Excel Motors. Importateur de véhicules de luxe ayant pignon sur rue à Papeete, Boris Jakubczack était accusé d'avoir floué une vingtaine de clients après avoir fait faillite, en 2010, et trouvé refuge aux Etats-Unis.

Exilé aux Etat-Unis depuis les faits, Boris Jakubczack avait été condamné à 4 ans ferme avec mandat d'arrêt pour ces faits en mai 2014. Contraint de revenir à Tahiti en mai dernier devant le refus du consulat de France aux Etats-Unis de lui refaire un passeport avant que cette affaire ne soit soldée, il a fait opposition du premier jugement et s'est expliqué hier. Il réfute toute escroquerie, son avocat a plaidé la relaxe.

Boris Jakubczack a réponse à tout à la barre. Il n'a rien à se reprocher. Son entreprise d'importation-vente de voiture de luxe a certes périclité à peine un an après son ouverture, mais c'est parce qu'il a été touché de plein fouet par la crise automobile de 2009. Des clients floués dans l'opération ? Non, pas vraiment. Il allait régulariser plus tard. Son départ précipité aux Etats-Unis ? Une reconversion professionnelle dans l'immobilier, "pas une fuite".

Les quelques 40 millions de francs qui se sont échappés des comptes de l'entreprise avant son placement en liquidation judiciaire pour atterrir sur deux comptes ouverts à son nom aux Etats-Unis ? C'était pour rembourser les clients, justement. Le salaire à sept chiffres qu'il continuait à se verser malgré la faillite annoncée de l'entreprise ? "Je ne crois pas, c'était peut-être des frais de déplacement", explique le commercial. La non communication des comptes de l'entreprise à l'administrateur judiciaire malgré les relances ? "Il ne m'a envoyé qu'un mail et j'ai répondu, c'est au dossier". Son avocat a demandé la relaxe.

"A l'entendre, il n'a commis aucune des infractions qui lui sont reprochées, c'est sa position" estime pour sa part l'accusation. "Sa version selon laquelle les quelques 40 millions de francs prélevés sur le compte d'Excel Motors a servi à rembourser des prêteurs ne repose que sur ce qu'il veut bien nous dire, c'est invérifiable, nous ne savons pas à ce jour ce qui est advenu de cet argent, c'est un détournement", poursuit le représentant du parquet.

Jugement en délibéré au 1er décembre

"Je suis étonné de l'aplomb avec lequel il explique simplement avoir fait de mauvaises affaires. Je soutiens qu'il s'est précipité à prendre la fuite pour mener d'autres activités aux Etats-Unis, non sans avoir au préalable retiré l'argent de la société qu'il abandonnait, en faisant semblant de ne pas s'intéresser à la procédure en cours contre lui."

En 2012, le juge d'instruction chargée de cette affaire à la vingtaine de plaignants avait décerné un mandat d'arrêt international contre Boris Jakubczack en vue de sa mise en examen. En mai 2014, le tribunal l'avait condamné en son absence, il était toujours aux Etats-Unis, à 4 ans ferme avec, là-encore, mandat d'arrêt.

Ce n'est qu'au mois de mai dernier que l'intéressé qui n'a rien à se reprocher s'était décidé à rentrer au fenua, où il a des attaches familiales, un peu contraint et forcé. Le consulat de France aux Etats-Unis lui refusait le renouvellement de son passeport en attendant le règlement judiciaire de "l'affaire en cours". "Vous n'êtes pas revenu pris par les remords…" ironise un assesseur, au fait du dossier.

Le parquet a cette fois requis contre lui 4 ans de prison dont 2 ans avec sursis, et l'obligation d'indemniser les victimes. 12 millions de francs de taxes de mise en circulation non payées et supportées par les acheteurs de ces voitures haut de gamme, 13,3 millions de francs de dédouanement dûs à la société Polytrans, 8,6 millions de francs de factures impayées au transporteur Geodis, la facture est salée.

Le jugement a été mis en délibéré au 1er décembre. Le prévenu, une fois l'affaire "purgée", a manifesté devant le tribunal son intention de rebondir à Tahiti. Dans l'automobile.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 6 Octobre 2015 à 16:44 | Lu 3945 fois