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16 députés ni-Vanuatu exclus du Parlement


PORT-VILA, mercredi 26 novembre 2014 (Flash d’Océanie) – La majorité gouvernementale du Parlement de Vanuatu a fait passer en force, mardi, une motion excluant 16 députés de l’opposition, présumés impliqués dans une affaire de corruption sous forme de distribution d’un fonds d’allégeance mis à leur disposition par l’ancien Premier ministre, désireux de s’assurer leur soutien en vue d’un retour au pouvoir.

Dans cette affaire, le Premier ministre de Vanuatu, Joe Natuman, qui a succédé il y a quelques mois à Moana Carcasses, renversé par voie de motion de censure, a prôné une politique préventive basée sur de fortes présomptions de corruption, à la fois active et passive.
Il a toutefois reconnu que jusqu’ici, au plan judiciaire, aucun des élus mis en cause n’avait encore été reconnu coupable ni même encore inculpé.
La police aurait ouvert une enquête dans cette affaire.

L’ancien Premier ministre francophone, pour sa part, a expliqué que les sommes d’ores et déjà virées sur les comptes bancaires d’un grand nombre de députés d’opposition, ainsi que certains appartenant encore à la majorité, constituaient un « prêt » issu d’un « fonds » dont l’origine n’a toutefois pas été précisée.

Pour chacun des bénéficiaires, les sommes pourraient aller jusqu’à l’équivalent de dix mille dollars US, rapporte la presse locale.
Après le vote de cette motion dans l’hémicycle, mardi, par 27 voix contre 22, les 16 députés ont été priés de quitter la Chambre.
M. Carcasses a indiqué son intention de porter l’affaire en justice, estimant que cette motion était contraire à la Constitution de l’archipel.

M. Natuman, pour sa part, a basé son argumentaire sur une conduite en infraction avec le Code de Conduite des Dirigeants et des comportements de nature à pérenniser l’instabilité chronique que connaît Vanuatu depuis le début des années 1990.
Dans un paysage politique morcelé du fait de l’éclatement des grands blocs, les gouvernements, à Vanuatu, se sont succédé au rythme de motions de censure votées par des alliances de circonstances entre partis le plus souvent rivaux.
« Les affaires de corruption en politique sont devenues monnaie courante. (…) Trop, c’est trop », a lancé M. Natuman en début de semaine lors d’une allocution radiodiffusée.
Cette exclusion, aux termes de la motion adoptée mardi, serait valable pour la session ordinaire en cours (essentiellement consacrée à l’examen et à l’adoption de la loi de finances du pays), ainsi que le prochaine, prévue pour mars-avril 2015.

Début septembre 2014, le gouvernement de Vanuatu a expulsé un avocat australien pour cause de ce que l’exécutif qualifie d’ « ingérence » dans les affaires intérieures de l’État.
La personne visée est Robert Herd, qui dirige un cabinet d’avocats basé à Brisbane, Herdlaw.
Il avait été interpellé sur la base de soupçons dans son implication active, sous forme de financements, dans le dépôt d’une motion de censure contre le Premier ministre actuel, Joe Natuman.

Cette motion, menée par l’ancien Premier ministre Moana Carcasses, lui-même renversé par motion de censure il y a quelques mois, avait ensuite été vivement contestée par la majorité actuelle, qui affirmait que les signatures de plusieurs députés au bas de texte avaient été obtenues frauduleusement.
Le Premier ministre Natuman, dans un récent discours, avait mis en garde les « étrangers » contre toute implication dans la politique locale.
M. Carcasses, pour sa part, a qualifié en fin de semaine dernière l’expulsion de cet avocat d’ « illégale » et pouvant avoir un impact potentiellement négatif sur la confiance des investisseurs étrangers à Vanuatu.

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 26 Novembre 2014 à 06:10 | Lu 400 fois